Avant cela, Zeynab a vécu une enfance et une adolescence difficile pour ne pas dire cauchemardesque auprès de ses parents qui lui faisaient vivre un calvaire. Le seul moyen que la malheureuse a trouvé pour échapper à ses parents est de s’enfuir de son village pour la grande ville la plus proche avec un jeune homme avec qui elle n’avait eu pour seuls échanges que quelques conversations téléphoniques. Afin d’éviter un scandale, ses parents ont fini par se résoudre à accepter le mariage de leur fille avec ce garçon après que la famille de ce dernier leur versa une somme d’argent conséquente.

 

Elle qui se croyait amoureuse et qui avait naïvement espéré être heureuse avec cet homme loin de sa famille a en réalité vécu avec son époux un nouveau calvaire fait de violences physiques et morales. La vie de Zeynab bascule le 1er mars 2012 lorsque le cadavre de son époux est retrouvé au domicile conjugal par le frère et la mère de ce dernier. Le soir même, Zeynab se présente spontanément au commissariat et explique avoir assassiné son époux après avoir été une nouvelle fois violemment battue. L’enquête de police et l’inspection du portable de Zeynab révèlent que cette dernière avait eu au cours des derniers mois des contacts téléphoniques réguliers avec son beau frère, ce qui a fortement laissé penser qu’ils avaient fait le “coup” ensemble. Le beau frère a donc été arrêté puis finalement relâché faute de preuves. Zeynab a porté seule sur ses frêles épaules la responsabilité de ce crime pendant les trois premières années qui ont suivi son arrestation avant de changer de version dans le courant de l’année passée.

 

Elle aurait alors confié à ses camarades de cellule s’être dénoncée à tort pour protéger le vrai coupable. Elle aurait ajouté qu’elle n’avait pas imaginé que les choses iraient aussi loin ni qu’elle serait condamnée à la peine capitale (probablement en raison de son âge au moment des faits).

En raison de sa minorité au moment du crime, Zeynab a été transférée peu de temps après son arrestation dans un hôpital psychiatrique afin de subir un examen psychologique et déterminer si elle avait ou non conscience de la gravité de son acte au moment des faits.

Les psychiatres ont alors établi la parfaite santé mentale de l’accusée sans prendre en compte ni son jeune âge ni les violences à répétition qu’elle avait subies au cours de sa vie et pendant son mariage. C’est pourquoi le tribunal l’a reconnue coupable du meurtre de son époux et l’a condamnée à mort en vertu de la loi du Tallion. N’ayant pas les moyens de se payer un avocat afin de conduire l’affaire devant une Cour d’Appel, le Tribunal lui en a désigné un d’office. Ce dernier n’a pas pu empêcher que la peine soit confirmée par la Cour Suprême. Une ancienne camarade de cellule de Zeynab entre temps libérée m’a récemment confié : « Zeynab est extrêmement déprimée et supporte très mal l’isolement de la prison. Elle est terrifiée par la perspective de son exécution. Comme elle n’a absolument personne sur qui compter à l’extérieur, elle a épousé l’année dernière un autre prisonnier et porte actuellement son enfant. Enceinte de 8 mois, la seule chose qui la soulage un peu est le fait qu’ “ils” ne peuvent pas l’exécuter pendant sa grossesse. »

La Loi du Talion (Œil pour Œil) en Iran-*1 est prononcée lorsque la famille de la victime refuse de « pardonner » l’accusé(e). Le sang du meurtrier ou de la meurtrière est alors versé en retour. Si la famille de la victime décide au contraire de pardonner, l’accusé(e) évite la peine capitale et une peine de prison est prononcée. Dans l’affaire qui nous occupe, la mère de l’époux assassiné insiste fortement pour que le sang de Zeynab soit versé. Devant accoucher lors des deux premières semaines d’octobre – Ndr. Cette dernière risque d’être pendue dans les jours qui viennent.

Bien qu’ayant signé la plupart des conventions internationales des Droits de l’Enfant, la République Islamique d’Iran a exécuté au cours des trois dernières années, au moins 42 prisonniers pour des crimes commis lorsqu’ils étaient mineurs.

 Par notre camarade et ami Rebin RAHMANI -Traduction par Evin :

Activiste kurde iranien, Rebin Rahmani a commencé son activité de journaliste en 2003, lorsqu’il était éditeur du journal des étudiants « Rojhalat » de l’Université de Birjand. Depuis 2009, il collabore avec des nombreuses organisations humanitaires. A cause de son engagement, Rebin a été détenu de 2006 au 2008 dans la prison de Kermanshah. Une fois sorti de prison, il prend contact avec plusieurs organisations humanitaires en Iran. Intercepté et menacé par les services secrets de Sanadaj, de Kamyaran et de Kermanshah, il a été contraint de quitter le Pays en mars 2011.

Le plus : En 2005 il s’est engagé dans une longue recherche pour comprendre les origines du grand nombre de toxicomanes parmi les jeunes de Kermanshah. Rebin RAHMANI continue toujours ses activités de collaboration avec des organisations humanitaires. Il est en train de projeter la création d’une organisation humanitaire kurde en France.

Courriel : rebin.rahmani209@gmail.com

Voir aussi sur : http://www.loeildelexile.org/jeune-kurde-enceinte-en-danger-imminent-dexecution/

-*1 Ou loi Iranienne dite de la Qisas.

Urgent mise a Jour – 7 et 8 Octobre 2016 selon un rapport d’Amnesty International et des nouvelles alarmantes émanant de plusieurs organisation de défense des droits humains Kurdes d’iran, Zeynab Sakanvand Lakran pourrait être exécutée après avoir accouché en prison le 13 Octobre 2016 prochain.

https://www.amnesty.org/en/documents/mde13/4949/2016/en/

https://soliranparis.wordpress.com/2016/10/07/iran-zeynab-sakanvand-lakran-une-jeune-femme-kurde-enceinte-dans-le-couloir-de-la-mort/

Collectif Soliranparis contact nomore@riseup.net