déblayer le terrain

Pourquoi certains font-ils comme si le vote socialiste pouvait avoir la moindre signification politique ?

Laissons de côté la question de savoir depuis quand le vote en lui-même est un geste problématique – il y a bien longtemps qu’il est vu par les esprits lucides comme un geste de conjuration de la politique. Laissons aussi de côté la question de savoir si, du moins dans la deuxième moitié du vingtième siècle, « socialisme » a pu nommer autre chose qu’un progressisme réformiste qui était programmé pour désamorcer le mouvement révolutionnaire. Mais interrogeons-nous: pourquoi tant de gens veulent se persuader que le Parti Socialiste constitue une alternative ?
Inutile de se demander : à quoi ? Personne n’osera répondre : au libéralisme, ou au capitalisme. En revanche, on croit ça et là pouvoir continuer à dire : une alternative à la barbarie, représentée par le succès grandissant du Front National. En 2017, la gauche pourra compter sur tous les faux-naïfs qui se raconteront comment un « homme de gauche » – un frondeur transitoire, un ennemi-du-Marché soluble dans un quelconque portefeuille ministériel – sera le seul « rempart » authentique au déferlement de l’extrême-droite. Et si cette mascarade échoue au premier tour, ils feront avec le rempart qui leur reste, comme ils l’ont déjà fait : ils auront le réflexe « républicain » et traumatique de se pincer le nez pour voter UMP face au FN. Ce qui évitera en tout cas de poser la question :                 

 les « socialistes » et la droite extrême n’ont-ils pas une cause commune ?

De quoi sont-ils les militants, au bout du compte ?
Pour les « socialistes » : de l’impossibilité de faire autrement, de la nécessité de courber la tête en attendant des temps meilleurs. Pour les droites extrêmes : des petits intérêts bien compris, d’une grande identité vide (« français de souche », « famille traditionnelle »…) et du culte de l’Etat fort, machine de guerre tournée à l’encontre des immigrés. D’un côté comme de l’autre, défendre la bassesse comme seul horizon de la vie. Accepter que la peur règle nos comportements. Se persuader qu’il faut être « réalistes » – en disant qu’on ne peut pas tout partager, ou en disant qu’il faut avant tout faire vivre l’économie. Militants « socialistes » et des droites extrêmes se rejoignent en ceci : ils sont les militants actifs de la médiocrité

C’est leur manière d’être au service du monde dominant. Leur manière de militer pour l’économie (française) comme seul (non-)horizon de la vie commune, et pour la perception de la vie comme une somme de petits soucis ternes qui nous rendent chaque jour plus calculateur et plus étroit. Pour ceux qui ne veulent pas rester enlisés dans cette médiocrité, il s’agit bien de commencer par croire que le « réalisme » est un leurre, et que le « populisme » qui l’accompagne comme son ombre n’est que le produit d’une confusion dont nous serons désencombrés le jour où nous aurons réappris le combat politique pour un communisme à la mesure de la planète          

 – sinon quoi ?

exemple
numéro 3
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