Avant même son officialisation, la nouvelle s’était rapidement répandue en Ille-et-Vilaine : le secrétaire général de la préfecture quitte le département, nommé au cabinet de la ministre du logement. Vu les états de service du personnage en matière de répression des squats et des campements de sans-papiers, de demandeurs d’asile ou de Rroms, c’est une nomination inquiétante… et qui donne une idée de ce que pourrait être une politique « socialiste » du logement !

Pourtant, bon nombre de personnes migrantes et/ou militantes n’ont pas pu s’empêcher d’être soulagées à l’annonce de cette mutation. Il faut dire que le haut fonctionnaire avait tout fait pour rendre son départ désirable : files d’attente interminables et séparées pour les étrangers, puis obligation de passer par internet pour faire disparaitre ces queues, complexification des démarches, répression policière des usagers qui se révoltent, flicage des militants qui accompagnent des personnes au guichet, expulsion d’enfants scolarisés par vol spécial, arrestation d’une délégation… En deux ans, il a largement utilisé les moyens à sa disposition pour humilier les sans-papiers et leurs soutiens, tout en sachant se montrer inventif pour élargir sa panoplie. Quitte à aller au-delà des lois, pourtant déjà détestables.

C’est pourquoi le collectif rennais, rejoint par d’autres militants associatifs, organisait jeudi ce bal d’adieu devant la préfecture. Pour l’occasion, les tristes chaînes destinées à délimiter les files d’attente se sont parées de ballons et de serpentins, le mégaphone a partagé sa place avec une sono dansante, et les chansons militantes se sont mêlées à un répertoire plus léger (voire trop). Il y avait à boire, à manger, des confettis et des cotillons, un soleil radieux, et même quelques policiers venus spécialement pour la fête !

– Quelques images de la fête dans cette vidéo –

Les fêtards en ont profité pour distribuer et lire la presque vraie lettre d’adieu du secrétaire général, dans laquelle il revenait sur ses pratiques délirantes (vous pouvez télécharger cette lettre à la fin de l’article). Ils ont aussi invité les personnels de la préfecture à manifester leur joie d’être libérés de ce chef bien particulier… mais sans grand succès : aliénation ou abnégation au travail ? Crainte de voir débarquer un successeur encore plus acharné dans la mise en oeuvre de la xénophobie d’Etat « de gauche » ? Nul ne le saura.

En attendant de connaître le nom du remplaçant, les luttes continuent, en solidarité avec les migrants privés de logement (qui occupent actuellement le centre social Carrefour 18) ou ceux raflés à Calais et enfermés au centre de rétention de Rennes-Saint-Jacques (qui passeront devant les tribunaux à partir de lundi, et demandent notre soutien).