L’incident s’est déroulé juste après une manifestation nocture contre les violence envers les femmes qui s’est terminée vers minuit sur la place Möllenvångstorget (un square au coeur d’un quartier multiculturel et gauchiste de Malmö). Une personne est en soins intensifs avec de sérieuses blessures à la tête et trois autres souffrent de blessures par couteau aux bras et aux poumons, parmis lesquelles un membre de Allt åt Alla Malmö. Les nazis avaient recherché des victimes potentielles durant tout l’après-midi aux alentours du festival du 8 mars au pavillon Moriska dans le parc Folkets. Autrement dit, l’attaque n’était pas une coincidence.

L’attaque de manifestants du 8 mars ne peut être considéré comme un évènement isolé. L’attaque incendiaire d’étudiants de l’université de Kvarnby en octobre 2013 n’était que le début d’une escalade de la violence nazie autour de Malmö. Des locaux de gauche ont été tagués, des vitres ont été brisées. En janvier, une jeune de 16 ans membre du SSU (Jeunesses social-démocrates suèdes) a été attaquée par deux hommes, qui lui ont ordonné de ne pas propager ses opinions politiques. Dans plusieurs autres villes, des nazis ont été vus en train de filmer des participants aux manifestations du 8 mars.

Le blessé grave de 25 ans qui est actuellement dans le coma à l’hôpital est une figure de la lutte contre le racisme et l’homophobie dans le monde du football, un membre du SAC et un supporter dévoué du Malmö FF. Il a également aidé à fonder le collectif « Supporters de football contre l’homophobie ». De ce fait, il a récemment été affiché par le site internet Realisten, lié au Parti Suède.

Selon des témoins de la scène, un haut-placé du Parti Suède, Andreas Carlsson, est impliqué dans la tentative de meurtre. Il a été vu en train d’attaquer des féministes avec un couteau. Andread Carlsson est un un des membres du Parti Suède qui est descendu à Kiev comme Ukrainafrivilliga (« volontaire d’Ukraine ») pour soutenir le parti Svoboda dans son entreprise de prise du pouvoir. Sur Realisten, il a écrit des articles sur la délégation nationaliste suède. Certains de ses participants sont restés pour, selon eux, s’engager dans l’armée ukrainienne, alors que le groupe de Carlsson est retourné en Suède quelques jours avant le 8 mars.

Ahn-Za Hagström, un chef-analyste du Säpo, le service de renseignement, affirmait à propos du 8 mars qu’il ne « voyait aucune intention ou possibilité que des crimes politiquement motivés soient commis après les manifestations ». Le même après-midi, les nazis attaquaient. Le ministre des affaires étrangères Carl Bild disait dans une interview récente à la radio suédoise P1 que le parti ukrainien Svoboda, frère du Parti Suède, était composé de « démocrates européens qui se battent pour les valeurs qui sont les nôtres ». Cette minimisation et normalisation des partis fascistes a donné au Parti Suède et à ses « volontaires d’Ukraine » l’assurance de l’impunité pour leurs actes violents.

Les services de renseignement, mais également la police ordinaire, ont ignoré la violence d’extrême-droite en dépeignant la tentative de meurtre comme une « guerre de gangs » entre des « franges opposées » – et ce moins de 6 mois après que la police ait ignoré les avertissements selon lesquels un autre parti nazi, Svernska Motståndsrörelsen (Mouvement de résistance suède), se préparait à attaquer une manifestation anti-raciste à Kärrtorp.

Il est extrêmement clair que la menace fasciste en Suède et en Europe, contre les individus comme contre les mouvements sociaux, n’est pas considérée sérieusement. Ni le gouvernement, ni les services de renseignement, ni la police n’ont été à même de présenter une approche claire et cohérente concernant ce sujet. La violence fasciste ne devrait jamais être réduite à des bagarres de jeunes ou à des phénomènes extrêmes, comme le font les investigations du gouvernement extrêmiste de Birgitta Ohlsson. Alors qu’ils passent à côté de la puissante force politique que sont devenus les partis fascistes européens et de l’élan que cela apporte aux partis correspondants en Suède, ils ignorent le fait que les militants de l’extrême-droite suède se sont grandement entraînés au maniement d’armes et au combat de rue durant leurs visites de ces derniers mois au Jobbik en Hongrie, à Svoboda en Ukraine et à l’Aube Dorée en Grèce.

Aujourd’hui, ils se préparent à la violence dans les rues. En septembre, ils se préparent pour les élections législatives.

/Förbundet Allt åt Alla