On aurait pu s’attendre à ce que les journalistes envoyés sur place en catastrophe aillent à la rencontre des militant-e-s. Que nenni.

– « Les employés de la sécurité de l’enseigne ont alerté la police qui a pris le relais et a condamné les accès de l’hypermarché. Conséquences de cette action, les clients ne peuvent plus accéder aux rayons de la grande surface » (PO)
– « Les accès au centre commercial ont été fermés, grilles baissées. De très nombreux policiers gardent les entrées. Une charge de police est en cours à l’intérieur du centre commercial. » (OF)
– « Les policiers avaient proposé aux manifestants de sortir en file indienne pour être contrôlés et fouillés. (…) Plus de 100 policiers et gendarmes ont été mobilisés lors de cette opération. » (OF)
– « Les militants ont été sortis un à un, après contrôle d’identité. » (PO)
– « Les derniers militants qui occupaient le centre commercial Carrefour-Beaujoire ont été sortis sur le parking par les forces de l’ordre vers 20 h 45.(…) Six personnes ont interpellées pour « violences », « dégradations » et « vol », a indiqué la police ce mardi soir. « Six autres font l’objet de vérifications d’identité ». » (PO)

Et oui ! Il semblerait que les principaux protagonistes de cette histoire ne soient non pas les militants qui ont occupé le centre commercial, mais bien les flics dépêchés en nombre, qui ont accompli un travail exemplaire en ce 31 décembre.
Quant aux revendications de ces clowns activistes, c’est beaucoup plus confus.

– « lls demandent une ‘meilleure répartition des richesses' », « Ils entendent surtout manifester contre le futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes. », ou encore « dénoncer les profits colossaux accumulés au dépends des agriculteurs. »

Vers 19h, les revendications des manifestants – qui jusque là n’arrivaient pas à se mettre d’accord, voire n’en avaient aucune idée – se stabilisent : ce sont des « militants anti-consommation », mot d’ordre repris dans chacun des articles qui suivront. Ça fait peur, hein ?

Ce n’est qu’à 20h27 que nous apprenons que « plusieurs dizaines de personnes sont rassemblées devant l’entrée pour les soutenir. » (PO).

L’occasion était trop belle : les hordes de journalistes aux ordres n’ont pas pu résister à propager le discours carcéral et manipulateur du pouvoir. Surpris, dépassés par la situation, ceux qui prétendent nous gouverner n’ont pas trouvé d’autre issue que de décrédibiliser l’action en cours, en ces temps habituellement propices à l’apathie consumériste. Cette nouvelle mascarade médiatique est un nouveau cas d’école de la proximité des intérêts de la presse – ces chiens de garde du pouvoir et du capital – et de l’État.

Pour ne plus entendre dans nos luttes qu’il faut se préoccuper de notre image dans les médias et chercher à les atteindre :
Vive les médias libres et autogérés !