Lettre ouverte au bureau de l’ACIPA
Le 17 avril 2012

De nombreux médias ont relayé la position du porte parole de l’ACIPA par rapport aux événements du carrefour de la Saulce lors du week end de manif de Sème Ta Zad, et du jour suivant. Pas de grande surprise sur le fond, mais de la colère de voir dégouliner dans la presse ce qui devrait se discuter dans les assemblées du mouvement.
Nous vous posons certaines questions :

Comment peut-on dire que la D81 est la seule route en libre circulation alors qu’il faut y subir deux contrôles de flics à chaque passage ? Doit-on en déduire que vous préférez les flics aux chicanes ?

En automne 2012, vous condamniez fermement l’occupation militaire, maintenant votre porte parole condamne celleux qui s’y opposent encore. Il y a six mois, les occupant-e-s étaient des héro-ine-s, maintenant ce sont des parasites manipulé-e-s de l’extérieur ? Après quelques mois de solidarité forte, vous vous dissociez à nouveau des occupant-e-s. Pourquoi un tel changement de discours en quelques mois ? Est-ce un avant-goût de votre stratégie pour préparer l’après-victoire ?

Comment s’explique le grand écart entre votre communiqué de presse mesuré et les prises de parole de votre porte parole, copie conforme du discours de la préfecture ? Serait-ce lié au rendez-vous voire au dialogue en perspective ?

Un ami paysan est accusé d’avoir forcé avec son tracteur le barrage de flics au carrefour des Ardillères pendant la manif Seme Ta Zad. Pourquoi êtes vous encore les seuls à qualifier une manif de « pacifique » et ayant été « parasitée », sans même vous être impliqués dans son organisation ?

« Ces comportements violents et inutiles qui vont entraver l’amorce de dialogue qui se dessinait avec les pouvoirs publics», selon le porte parole (Ouest France du 15 avril). Comment osez-vous oublier si vite que la mascarade du « dialogue », avec la militarisation et la criminalisation, sont la réponse de l’État à la résistance sur le terrain, aux barricades et affrontements de l’automne ?

Comment continuer de nier que ce qui fait la force de la ZAD, c’est aussi bien jardiner que construire, des cabanes ou des barricades, affronter la police ou encore s’organiser avec les différentes composantes de la lutte ?

Loin d’idéaliser la ZAD, nous savons que la situation est complexe, traversée de multiples dynamiques, complicités et conflits. Au delà, un mouvement de lutte d’une force précieuse s’élabore et prend de l’ampleur, des stratégies s’y confrontent, des pratiques qui pourraient être complémentaires s’y développent. A ce point, c’est classique d’avoir affaire à une minorité négociante prête à collaborer avec le pouvoir pour assurer sa crédibilité et obtenir des faveurs. Quand vous allez cracher dans les médias sur ce qui vous dépasse et quand ça vous arrange, vous vous couvrez de ridicule et entamez sévèrement les bases communes de fonctionnement construites dans le temps avec effort.

Vos actes médiatiques ne sont pas anodins, ne vous étonnez pas de leurs conséquences.
Des explications sont plus que nécessaires.

Hors pistes
un groupe en lutte contre l’aéroport et son monde, issu du mouvement d’occupation