On squatte, on occupe illégalement, parce qu’on a pas le choix, pas les sous, pas de
boulot, et parce que quand on est pauvre on a pas les moyens d’accéder à tout ça. Et
même si, par le plus grand des hasards, on en avait la possibilité, on continuerait
de squatter.
Parce que tant qu’il y aura des loyers à payer, il y aura des exclu.e.s, des gens
qui ne peuvent pas payer, qui galèrent à joindre les deux bouts, d’autres qui n’ont
pas les bons papiers, ou la bonne nationalité…

On y a trouvé 1700 m² de possibilités : sérigraphie, informatique, boxe, autodéfense
féministe, concerts, bar, projections, infokiosk, permanences juridiques, cantine
populaire, soirées jeux, salle non mixte meufs et non-blanc.he.s, frippe, salle de
repet’, ateliers… et ça c’est juste ce qu’il nous est venu en tête.
On souhaite que ce lieu soit réapproprié par toutes et tous. Des réunions
d’activités ont lieu les mercredis à 17h pour décider des trucs chouettes qui se
passent ici. L’orga et le déroulement des activités tentent d’être sur des bases
d’auto-organisation. À nos yeux ça passe par la prise d’initiatives, le partage de
savoirs et d’outils. Nous voulons contribuer à la destruction de ce monde et nous
pensons que des discussions et des actes qui permettent l’émancipation de chacun.e
aident à le grignoter. C’est pourquoi les rapports entre les gens ne se feront pas à
travers l’argent et l’échange de services contre salaire. Y a pas de
professionnel.le.s, pas de spécialistes, pas d’égoïstes ni
d’égocentriques. En gros on est pas une MJC alternobobanarchochépakoi.

Notre situation ressemble à bien d’autres squats, le procès est déjà passé, on a le
rendu le 5 avril 2013. Pas de faux espoirs, on sait bien que « l’équité » de la
justice penche toujours du coté des propriétaires. Juges et avocats trouvent leurs
comptes à maintenir les pauvres bien à leurs places, et nous nous écorchons la
bouche à essayer de les attendrir avec nos situations misérables. On vous tiendra au
courant du rendu, même si nous savons que l’expulsion immédiate nous pend au nez.

Mais pour autant tout n’est pas figé, le soutien, quel qu’il soit, peut peser dans
la balance. Ce n’est pas juste notre situation qui est en jeu ici, mais plus
largement, l’avenir de tout le quartier. Bonnefoy, Marengo et Belfort vont être
transformés à grands coups de pelleteuses et de marteaux piqueurs. Le quartier doit
se préparer à l’arrivée de la Ligne à Grande Vitesse et à son florilège de costards
cravates et de boutiques de luxe. Expropriations, rachats, chantiers ont déjà
commencé. Les plus pauvres et les indésirables vont une fois de plus être
éloigné.e.s du centre ville. Ce centre qui devient encore plus aseptisé et fliqué,
lisse et bourgeois, contrôlé et payant.
On voudrait que Bonnefoy reste ce petit village dans la ville, où les
gens se croisent et se (re) connaissent, où on se parle de la pluie et du beau
temps, de la situation politique et des galères du quotidien, sans se considérer
comme des étranger.e.s les un.e.s les autres…

Nous vous invitons à venir discuter de tout ça, et de bien d’autres choses, se
rencontrer, autour d’un café, d’une bière, d’une clé à molette ou d’un gant de boxe.

Les caillasseurs.euses
187 – 189 rue du faubourg bonnefoï
31500 toulouse
la.caillasserie@riseup.net