On ne peut pas dire que la protection de l’environnement soit la préoccupation majeure des organisateurs du Tour de France. En 2009, suite à une étape, ce sont 20 tonnes de déchets (20 000 canettes, 30 000 bouteilles en plastique) qui ont été récoltées sur les pentes du Mont Ventoux ! En 2011, au Cap Fréhel, une arrivée a été jugée à proximité de landes uniques en Europe ; une spécialiste du domaine n’hésitait pas à parler d’hérésie ! En 2012, un sommet vosgien a été rasé et bétonné pour une étape … et en 2013, c’est à l’Oisans sauvage que va s’attaquer la « grande boucle » ! Ainsi, le 18 juillet prochain, les organisateurs du Tour de France projettent de faire passer leur épreuve par le Col de Sarenne. Ecologiquement, une fois de plus, ce serait une hérésie ! Explications.

Reliant l’Alpe d’Huez à la commune de Clavans, la route pastorale menant au Col de Sarenne passe par l’aire optimale d’adhésion du Parc National des Ecrins. Son cadre est sauvage : sur 16 km, on ne compte que deux modestes bâtiments (un refuge et une bergerie). Les paysages sont somptueux (vues sur la Vallée du Ferrand, les Plateaux d’Emparis, les Glaciers de la Meije). Le GR54 (Tour des Ecrins) longe la route pastorale, et s’y confond même sur plusieurs kilomètres.

Fermée 8 mois sur 12, cette route est très peu fréquentée : en période de pointe, on n’y dénombre guère plus d’une voiture toutes les dix minutes. Compte tenu du caractère exceptionnel du site, il est à noter qu’un arrêté municipal y limite la vitesse à 20 km/h.

Intégralement située dans la Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique du Massif des Grandes Rousses, la route de Sarenne traverse la zone d’étude du rapport « Natura 2000 Vallée du Ferrand – Plateau d’Emparis ». Pour le Conservatoire Botanique National Alpin, la « diversité floristique exceptionnelle [de la zone] permet de [la] classer parmi les plus riches régions de France sur le plan botanique. » Pour faire court, 758 espèces végétales ont été répertoriées ; 28 figurant au Livre Rouge des espèces menacées de la région ; 23 inscrites au Livre Rouge National. De plus, « la diversité faunistique du site est remarquable. (…) L’excellent état de conservation de la plupart des habitats naturels (…) permettent le maintien d’espèces animales rares ». Sur la zone, on ne dénombre pas moins de… 100 espèces animales protégées au niveau national ! Certains d’entre eux sont même « En Danger » d’extinction sur la Liste Rouge Européenne (le Bruant Ortolan, l’Azuré du Serpolet). Parmi les espèces vulnérables, on signalera la présence de majestueux rapaces dont l’Aigle Royal et le très rare Circaète Jean-le-Blanc !

Habitués à la plus grande quiétude, tous ces animaux de montagne ont une vie rude, et un stress prolongé peut lourdement impacter leur survie. Quant aux petits Tétras Lyre (qui font l’objet d’un plan d’actions de conservation soutenu par la Région et l’Etat), ils naîtront une semaine avant le Tour !

A la fin du printemps, pour l’accueil de la « grande boucle », des travaux (goudronnage, aménagements des virages, purges) vont être engagés sur ce périmètre exceptionnel ; et ce, afin de permettre aux coureurs et aux véhicules suiveurs de descendre à toute vitesse. Compte tenu de l’étroitesse de la chaussée, de son état, des éboulements récurrents, de la sinuosité de la descente et de la raideur de la pente, l’ampleur des travaux sera importante. Dans un environnement fragile, la réfection d’une route n’est pas anodine.

Par ailleurs, les derniers kilomètres d’ascension du Col de Sarenne bordent une zone humide qui fait l’objet d’un arrêté préfectoral de protection de biotope. Ce dernier atteste « qu’il y a lieu de réglementer les activités sur [le] périmètre de [la zone] afin d’assurer la préservation et la tranquillité de certains biotopes nécessaires à l’alimentation, la reproduction, au repos et à la survie de plusieurs espèces animales protégées ». En ce lieu, les organisateurs du Tour de France attendent une foule importante qui, inévitablement, piétinera et altérera la zone protégée.

Interposé entre les stations de l’Alpe d’Huez et des Deux Alpes, l’étau se resserre autour de l’Oisans sauvage ! Accepter une atteinte, c’est ouvrir la porte à d’autres atteintes. Dans le secteur, les projets financiers sont nombreux. Le maire de l’Alpe d’Huez semble clair : il a déclaré que ce premier passage du Tour de France à Sarenne, rendu possible par des travaux allant dans le sens des investisseurs, « offr[ait] beaucoup de possibilités pour le futur ». Vous comprenez : 923 canons à neige, c’est trop peu ! Il faut encore étendre le domaine et écraser la nature.

La pétition web Non au Passage du Tour de France au Col de Sarenne a déjà récolté plus de 7000 signatures… Pas de quoi faire l’effort d’ouvrir le dialogue pour le directeur de l’épreuve !

La nature est-elle un plateau de télévision ou un plateau de Monopoly ?

Aidez-nous à nous faire entendre !

La pétition : http://www.avaaz.org/fr/petition/Non_au_passage_du_Tour…enne/
Plus d’infos : http://lebruitduvent.overblog.com/