LE 115 NE REPOND PLUS
Hier, le 115 ne répondait plus par la négative puisqu’il ne répondait plus du tout. En effet, des salariés du 115, estimant qu’ils ne travaillaient pas dans des conditions appropriées, ont décidé hier de poser, à raison, leur droit de retrait. Qu’est-ce que le « droit de retrait » ? Selon l’article L.4131.1 du code du travail :
« Le travailleur alerte immédiatement l’employeur de toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu’il constate dans les systèmes de protection. Il peut se retirer d’une telle situation. L’employeur ne peut demander au travailleur qui a fait usage de son droit de retrait de reprendre son activité dans une situation de travail où persiste un danger grave et imminent résultant notamment d’une défectuosité du système de protection.»
Il est important de comprendre que si les employés du 115, à Toulouse récemment comme à Nantes, posent leur droit de retrait, c’est que la situation est grave ! Comment vouloir exercer un travail où le/la salarié doit répondre par la négative à des centaines d’appels quotidiens ? Le 115 ne peut simplement pas remplir sa mission d’hébergement prévue par la loi.
Nous soutenons les salariés du 115 pour obtenir des conditions de travail décentes et leur apportons notre entière solidarité.

LA SITUATION AUJOURD’HUI
La Préfecture annonce avoir relogé 37 personnes, pour arriver à 60 dans quelques jours, tout ceci dans des hôtels en attendant le déblocage de gîtes ruraux. Pourquoi ceci est insuffisant et ne répond pas à nos revendications ?
1) Seules des familles avec enfants sont hébergées dans le cadre de ces mesures exceptionnelles. Les célibataires, les familles sans enfant, bénéficiant de moins d’empathie dans les médias, ne sont pas pris en compte et restent dans la rue.
2) Les hébergements sont proposés presque exclusivement à des demandeurs d’asile, alors que ces personnes (familles et célibataires) devraient être déjà dans des dispositifs d’accueil spécifiques (les CADA). C’est un détournement de l’hébergement d’urgence, au détriment des autres personnes à la rue, françaises et étrangères. Rien n’est prévu en fait à ce jour pour la plupart des personnes qui se sont mises à l’abri en occupant le Lieu Unique.
3) La Préfecture et la Mairie de Nantes déclarent que le Collectif serait satisfait par « 100 places supplémentaires » en hébergement d’urgence. C’est faux, car notre revendication première a toujours été que le 115 remplisse sa mission pour qu’il n’y ait plus personne à la rue. Nous ne sommes pas dans une logique comptable de places, mais dans une exigence de répondre aux besoins.

La réalité encore aujourd’hui, c’est :
– Un 115 saturé qui ne traite pas la majorité des appels
– Des hébergements d’urgence largement insuffisants
– Aucun nouveau lieu d’accueil ouvert par les services de la DDCS

QUEL PROBLEME DE LOGEMENT ?
Il ne s’agit pourtant pas d’un problème de logement ! La France est un pays riche, les solutions d’hébergement ne manquent pas et nous pouvons, nous, sans-abri, militants, associations, produire dès maintenant la longue liste des immeubles vacants de notre ville, que la mairie ou le conseil général connaissent d’ailleurs mieux que nous puisqu’il s’agit de leur parc immobilier !

Nous nous demandons vraiment si les pouvoirs publics ont une réelle volonté politique de répondre à l’urgence sociale. Est-il nécessaire d’attendre les grandes vagues de froid pour ouvrir un lieu ? Y a-t-il urgence à expulser alors qu’il y a urgence à reloger ? N’est-il pas scandaleux de voir des occupants expulsés et des maisons détruites, avec des moyens exorbitants (hélicoptères, bulldozers, forces de l’ordre) comme on l’a vu hier à Notre- Dame des Landes, pendant que des centaines de personnes sont dans la rue, alors que les solutions existent et sont largement moins coûteuses que cette opération de force ?

Nous n’avons pas vocation à habiter le Lieu Unique ! Même si nous prenons en charge collectivement en autogestion, la sécurité, le sommeil et l’alimentation du collectif, nous ne sommes pas naïfs quant à la situation. Ceci n’est pas un lieu de vie, c’est un lieu de survie, de lutte ! Ce choix d’occupation est l’aboutissement d’une réflexion :
–       Notre but premier est la sécurité des personnes, des familles et des enfants.
–       Notre but second est de trouver un support médiatique et emblématique pour que les Nantais(es) comprennent la situation et que des moyens conséquents, à l’échelle des besoins, soient politiquement débloqués.

La crise du logement ne doit pas créer un rapport de force des pauvres entre eux, des travailleurs sociaux entre eux, des militants entre eux, comme cela s’est passé à Marseille où des habitants ont incendié un campement Rom. Le mal-logement est un problème social général, qui relève de choix économiques et politiques.

CE QUE DEMANDE LE COLLECTIF
Notre mouvement peut vous paraître complètement « utopique », mais pour autant, ce qui se passe ici est bien tangible ! Nous sommes de vraies personnes, avec de vrais besoins de logements. Nous dormons dans des parcs, à la gare, dans la salle d’attente des urgences ou dans des chambres de formule 1 en périphérie de ville lorsque le 115 répond. La météo nantaise est réelle elle aussi.  Nous appelons tout le monde à ouvrir les yeux sur cette situation. La crise n’est pas dans les pays voisins, à la télévision, ou ailleurs, elle est là. Nous ne cherchons pas à culpabiliser les gens mais à ce que chacun prenne ses responsabilités. Il n’est pas acceptable de détourner la tête devant une personne ou une famille qui dort dehors la nuit, actuellement à Nantes sous la pluie. Vous pouvez agir ! Venez rejoindre, médiatiser, faire écho à notre lutte. Vous pouvez avec nous, demander à la mairie, au conseil général et au gouvernement d’apporter des moyens vrais, tangibles, immédiats.

Nous voulons que toutes les personnes sans-abri et les familles soient logées pour cet hiver. Le droit au logement est dans les textes constitutionnels. C’est un devoir collectif non négociable ! Nous souhaitons dire aux Nantais(es) que les droits sociaux sont un rapport de force constant, qui se formalise à un certain moment par une loi, mais que celles-ci ne sont jamais acquises et toujours à défendre. Il faut défendre nos droits !

Nous exigeons :
– Un renforcement immédiat du 115 pour faire face au sous-effectif évident
– L’ouverture rapide de nouveaux bâtiments inoccupés
– Un mise à l’abri sans condition de l’ensemble des personnes à la rue, quelque soit leur situation administrative.

Nous resterons mobilisés en attendant des réponses concrètes. Le Lieu Unique reste occupé et la Mairie de Nantes ne pourra pas se dédouaner de ses responsabilités en expulsant et en remettant à la rue les sans-abri qui l’occupent.

Merci de faire tourner ce mail le plus largement possible, de nous faire un écho médiatique et de venir nous rejoindre !

Des membres du Collectif « un toit pour tous et toutes ».