Des militants pro-palestiniens refoulés

Les autorités jordaniennes et israéliennes ont empêché hier une centaine de militants pro-palestiniens venus d’Europe et des Etats-Unis d’entrer en Cisjordanie pour livrer du matériel scolaire. Selon Olivia Zemor, une porte-parole de l’opération « Bienvenue en Palestine », l’un des autobus transportant les militants a été autorisé par les Jordaniens à traverser le point de passage Allenby reliant la Jordanie à la Cisjordanie occupée, mais les Israéliens leur ont demandé de rebrousser chemin.

« Nous avons 100 participants, de France, de Belgique, d’Espagne, de Suisse, des Etats-Unis, âgés entre 10 et 50 ans », a précisé Olivia Zemor.

Voyons de près ce qu’un lecteur (une lectrice) ordinaire, qui ne suit pas particulièrement le dossier israélo-palestinien, peut apprendre.

L’article n’est pas signé. Et comme il se trouve dans le premier cahier des DNA qui en comptent 4, le cahier international et national, un lecteur alsacien très informé peut deviner qu’il s’agit d’une dépêche d’agence, probablement l’AFP, qu’on peut retrouver, plus ou moins brute ou un peu réécrite, dans de nombreux médias, presse écrite, radios, télévisions.

Les DNA qui, parfois publient des papiers signés de Pascal Sadarnac, qui doit se trouver quelque part au Moyen-Orient, peut-être même en Israël, n’étaient pas présentes sur les lieux, sur « zone« , comme se plaisent à dire les militaires et les médias embarqués (embedded).
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Les faits sont avérés. Des « militants » qualifiés de « pro-palestiniens, venus d’Europe et des Etats-Unis », n’ont pu entrer en Cisjordanie.

Laissons de côté, pour une fois, le qualificatif « pro-palestinien » qui, ici, résulte de la volonté des organisateurs de l’opération « Bienvenue en Palestine » de se présenter eux-mêmes ainsi. Non sans noter que, souvent, les médias usent des mêmes termes « pro-palestiniens« , alors qu’ils ne sont pas revendiqués par d’autres qui agissent pour le respect des droits humains et du droit international. Une façon, pour les médias, de disqualifier discrètement, les acteurs ainsi dénommés, qui ne seraient pas « objectifs », étant engagés d’un seul côté, le « mauvais », selon la vulgate médiatique la plus courante.

Remarquons que le lecteur est censé savoir ce qu’est la « Cisjordanie » et où elle se trouve, en bon élève des cours de géographie, puisque aucune carte ne vient rappeler, qu’il s’agit, non d’un État, (la Palestine qui ne se résume pas à la Cisjordanie, n’est pas reconnue par l’ONU) mais d’un territoire, moins étendu que l’Alsace, dont le statut de terre occupée selon des modalités complexes distinguant 3 zones dénommées A, B et C lui échappe complètement. On verra que cette ignorance, non palliée par le Journal, a des conséquences sur la compréhension de l’événement rapporté si brièvement.

Le Journal ne précise pas que le matériel scolaire apporté par les « militants« , par ailleurs invités par les autorités de Palestine, devait être livré à Hébron, ville théoriquement palestinienne, mais occupée partiellement en son centre par des colons juifs ultra, proche de Jérusalem.

Le Journal ne rappelle pas non plus que cette opération terrestre, depuis Amman, capitale de l’État souverain de Jordanie, où ils avaient atterri, succède à plusieurs autres qui, les années précédentes avaient tenté de parvenir en Palestine, à partir de plusieurs pays étrangers, par des vols aériens dont la destination avait été, par contrainte plus que par choix, l’aéroport israélien Ben-Gourion de Tel-Aviv. En effet, la Palestine ne peut être atteinte directement par des vols aériens, surtout que l’aéroport construit à grand frais, grâce au financement de l’Union européenne, avait été bombardé et rendu inutilisable dès qu’achevé.

Le lecteur point trop oublieux se souvient peut-être des tentatives précédentes qui se sont soldées, pour l’essentiel, par des interdictions de pénétrer, même provisoirement sur le territoire israélien, en transit vers la Palestine, ou pire encore par des refus d’embarquer à partir d’aéroports européens, effectués par les polices des différents États européens, sur la base de listes établies par Israël, de passagers « indésirables ». et aussi des 9 morts turcs sur un bateau qui prétendaient voguer vers Gaza, tués dans un assaut des forces spéciales de l’État d’Israël dans les eaux internationales ou des bateaux qui ont tenté de joindre le port de Gaza, certains sabotés à Athènes.

Le Journal omet cependant d’expliquer que c’est précisément la raison pour laquelle, les « militants » ont voulu, selon un conseil donné par des officiels israéliens eux-mêmes, passer par voie terrestre et par la Jordanie. Comme l’avait fait, avec aussi peu de succès, une caravane de véhicules partis d’Alsace qui s’est heurtée au même interdit sioniste.

Le Journal ne précise pas non plus à ses lecteurs que le pont Allenby, sur le Jourdain, sépare théoriquement la Jordanie de la Palestine, et que, donc, les policiers et autres douaniers de chaque côté du pont, devraient être soit jordaniens soit palestiniens. Le Journal se croit dispensé de souligner cette incongruité selon laquelle, le contrôle est opéré par les Israéliens, car ils considèrent que cette région, en zone C leur revient totalement, ce qui permet, outre le contrôle abusif d’une frontière qui n’est pas la leur, de capter l’eau de cette rivière afin de développer l’agriculture israélienne.

Faute de fournir ces précisions et bien d’autres encore qui pourraient éclairer le lecteur, les DNA, mais elles ne sont pas seules, se livrent à de la pseudo-information dont la caractéristique générale est de masquer qu’on a affaire à un État occupant et à un peuple occupé. Mais la plupart- des médias dominants, ici en Europe, comme les gouvernants des différents pays de l’Union européenne, se gardent bien de donner des éléments d’information qui souligneraient que l’État d’Israël est un État-voyou qui ne cesse, avec la complicité des USA et de l’Europe, de violer le droit international, à commencer, ici, par le droit de circuler librement, refusé aussi bien aux Palestiniens qu’à leurs amis du monde entier.

Le Journal donne au contraire l’impression, par son titre et les trous du récit, que ce sont ces « militants pro-palestiniens » qui sont les agresseurs. Et qu’Israël a bien raison de les refouler…

Pour ceux qui souhaiteraient des informations de première main, ils peuvent consulter le site animé par Olivia Zemor, citée par les DNA:
http://www.europalestine.com/
et celui de Bienvenue en Palestine:
http://bienvenuepalestine.com/?p=2159

http://la-feuille-de-chou.fr/