Tout commence par la diffusion les 4 et 5 avril 2012 d’un reportage de F. Ruffin intitulé : « Arkema et les vautours. (1) & (2) » dans l’émission La -Bas si j’y suis, de D. Mermet.
La suite se déroule en 4 temps : 1) Un court texte de PMO (Pièce et Main d’œuvre ) «Réindustrialisations . Quand là-bas si j’y suis, défend le cancer Français.» (texte du 6 avril 2012). 2) Un texte du 10 avril 2012 de PMO : « Défense du cancer Français, séquelles.». 3) Sur le site de F. Ruffin, un texte de 5 pages du 11 avril 2012 qui répond à PMO. Texte signé F. Ruffin. 4) Un texte de PMO daté du 1 mai 2012 intitulé : « Le cancer de l’industrie, Syndicalisme et chimiothérapie. »

Qu’est ce que Les Amis de l’Egalité viennent faire là dedans ? Exprimer leurs positions.
Nous n’avons pas l’habitude de parler au nom de qui que ce soit, pas plus au nom des travailleurs que des libertaires ou autres catégories ou appellations contrôlées. Nous laissons donc le soin à PMO de répondre ou pas au verbiage de Ruffin, et nous leur laissons également les considérants qui constituent leurs textes.
Le fait est qu’au départ PMO soulève des questions de fond qui nous intéressent au plus haut point. Peut-on défendre l’emploi lié aux fabrications de produits qui tuent ?
Et quelle part de complicité et de responsabilité doivent assumer les travailleurs de ces industries criminelles, et leurs organisations syndicales et politiques ? Tout du moins celles qui prétendent parler au nom des travailleurs.
A ces deux questions, plus que légitimes, les 5 pages de Ruffin ne répondent pas. Il botte en touche en bon journaliste habitué aux médias qui mentent. A aucun moment Ruffin n’aborde le cœur de ces questions.
Peut-on participer à la fabrication de produits qui tuent (produits chimiques, armes, produits industriels radioactifs, etc.) sans avoir à assumer, comme producteur actif, une part de responsabilité dans la fabrication et la propagation de ces poisons ? Notre réponse est NON.
Il n’est pas possible de fabriquer de la mort manufacturée, que ce soit du PVC, des pesticides, des armes, des produits radioactifs, sans avoir à assumer ces fabrications et leurs utilisations criminelles. Sans la participation active des salariés à ces industries de la mort, les capitalistes seraient dans l’impossibilité de les produire pas plus en France qu’ailleurs.
Si cela est possible, nous le devons à une idéologie et à une théorie : le marxisme. C’est elle qui a expliqué que les prolétaires n’ayant que leur force de travail à vendre, ils n’avaient pas à se préoccuper de ce qu’en faisaient les patrons. Le seul objectif du prolétaire est de vendre, au meilleur prix, cette force de travail, sans se soucier de l’usage que va en faire le patron. C’est cette idéologie marxiste qui justifie depuis le 19ème siècle que le prolétaire n’est en rien responsable des conneries qu’on lui fait produire, puisqu’une fois qu’il a vendu sa force de travail au tôlier, celle-ci ne lui appartient plus. Le paysan est responsable s’il produit de la merde, le journaliste est responsable s’il écrit des mensonges, mais l’ouvrier a ce privilège de n’être responsable de rien, si ce n’est de faire confiance à ceux qui parlent en son nom.
A aucun moment les centrales syndicales et les partis qui parlent au nom des travailleurs, n’ont appelé à stopper le travail dans ces industries qui produisent de la mort, que ce soit en France où ailleurs. Tout ce petit monde a donc une responsabilité dans le fait que le capitalisme fait du fric avec la mort des gens.
C’est en ça que le capitalisme n’est pas aménageable, ni ici, ni ailleurs. C’est une autre façon de vivre ensemble et de produire en fonction de l’usage, du bon usage, et des besoins humains qu’il faut mettre en œuvre.
C’est pourquoi nous refusons tout autant le fait d’accepter de vivre en dessous du seuil de pauvreté, que cet accommodement à la gestion du capitalisme que propose Ruffin et toute la gauche de la gauche, rouge, verte, incolore ou tricolore.
Le productivisme, quelques soient les idéologies qui le justifient, est donc au cœur des questions que nous avons à régler. Aucun catastrophisme et aucun repli pessimiste sur un petit pré carré, ne peuvent apporter de réponses à cette nécessité de remettre l’économie et la technologie à une place qu’elles n’auraient jamais dû quitter : celle d’une activité annexe au service des besoins humains. Le travail n’est pas un but, ou un palliatif à une vie vide de sens et d’intérêts, il n’est qu’un moyen parmi d’autres.

Le chantier de déconstruction de la société capitaliste est incontournable. Ce chantier nécessite que l’on nomme avec précision toutes ces activités génératrices de maladies, de mort, et de mutilations, nuisibles et inutiles pour les populations. Cette déconstruction doit être discutée, débattue, acceptée, pour commencer à prendre forme et libérer de nouvelles perspectives de construction d’un autre vivre ensemble. Tout retour en arrière, comme si tout ce gâchis n’avait jamais existé, n’est pas envisageable. Mais arrêter et débrancher proprement les principales sources de tous nos maux, est à notre portée. Pas simple… mais nous n’avons pas le choix.