Le viol est un acte de torture physique et mental banalisé et dont la
gravité est généralement minimisée. Il est un pilier du machisme. Il en
est aussi l’arme favorite, y compris dans les cas, plus rares, où les
victimes appartiennent au genre masculin. La majorité des viols sont
commis par des hommes. Même s’ils trouvent souvent des complices et des
soutiens parmi les femmes, les violeurs et leurs allié-e-s sont des
machistes, et ce quelles que soient leurs étiquettes idéologiques, leurs
sexes et leurs genres.

La majorité des viols ne correspondent pas aux représentations fréquemment
véhiculées. Il est rare que les violeurs soient des inconnus surgissant de
ruelles sombres. La plupart d’entre eux font partie de l’entourage proche
de leurs victimes et la majorité des viols sont commis en famille. Les
victimes ont rarement la capacité ou la possibilité de se défendre
physiquement au moment des faits en criant ou en se débattant. Certaines,
du fait de leurs situations économiques, sociales, familiales et
psychologiques, n’ont même pas la marge de manœuvre suffisante pour
pouvoir dire « non ». Les violeurs n’ont pas toujours recours à la
brutalité physique. Ils opèrent souvent en exerçant une emprise et en
semant le trouble dans l’esprit de leurs victimes, au moyen de la
manipulation mentale, de l’intimidation, de la culpabilisation, du
chantage et du marchandage. Ils utilisent parfois les privilèges dont ils
bénéficient grâce à leurs positions hiérarchiques au sein des entreprises
et des institutions. Certains utilisent aussi leurs privilèges économiques
en payant leurs victimes pour acheter un simulacre de consentement et «
avoir la conscience tranquille ».

Contrairement aux idées reçues et entretenues par les discours dominants,
être un violeur n’est pas la conséquence d’une maladie ni de pulsions
incontrôlables, mais celle d’une décision consciente. L’addiction sexuelle
ne conduit pas au viol si la personne qui en est atteinte n’a pas la ferme
volonté de dominer et de détruire. C’est pourquoi ces personnes passent
beaucoup de temps à se masturber et/ou ont de nombreux rapports sexuels
avec d’autres personnes, libres et consentantes, ce qui n’a absolument
rien à voir avec le viol.

Les violeurs sont des individus responsables de leurs crimes car ils sont
lucides, au moins au moment des faits. En effet, ils ne pourraient agir
comme ils le font s’ils étaient délirants. Il est donc aberrant d’affirmer
que les violeurs ont besoin qu’on prenne soin d’eux et qu’on leur vienne
en aide. Au contraire, ils doivent être clairement sanctionnés. Le viol
est le moyen qu’ils ont choisi pour traiter des êtres comme des choses et
les réduire à néant. Ils ne souffrent pas de leurs crimes, ils en
jouissent.

Comme l’indique l’Association Internationale des Victimes d’Incestes sur
son site internet, les amalgames entre violeurs et malades mentaux ou
anciennes victimes de viol sont des mythes infondés. Et même si quelques
uns d’entre eux sont d’anciennes victimes, cela n’est en aucun cas une
excuse car il n’existe pas de circonstance qui mériterait d’être prise en
compte ni considérée comme atténuante. De plus, ces amalgames créent de la
confusion au profit des violeurs en favorisant leur impunité, et
stigmatisent d’une façon extrêmement insultante la grande majorité des
personnes en souffrance psychique et des anciennes victimes de viol.
Arrivée à l’âge de 30 ans, une femme sur trois a déjà été victime
d’agression sexuelle au moins une fois dans sa vie : si un tiers des
femmes âgées de plus de 30 ans était des violeuses, ça se saurait…

Celles et ceux qui défendent les violeurs ou leur cherchent des excuses ne
sont pas animé-e-s par une prétendue neutralité, mais par la lâcheté,
ainsi qu’une complaisance confortable pour leur « bonne conscience »,
soucieuse de faire l’économie d’un positionnement clair. Au contraire, la
seule attitude qui soit courageuse, juste et digne est fondée sur la
solidarité envers les victimes de viol. Cela implique de cesser de
remettre systématiquement en question leurs témoignages (les cas
d’affabulation sont d’ailleurs extrêmement rares). Cela implique aussi de
n’accorder aux violeurs et à leurs soutiens aucun pardon ni aucun crédit.

Pourtant presque toujours, au sein du système judiciaire, comme au sein
des familles et dans l’environnement social en général (entreprises,
institutions, associations, partis politiques, etc…) c’est au violeur,
présenté comme une victime, que le bénéfice du doute est spontanément
accordé. On assiste à chaque fois plus ou moins au même scénario : loi du
silence au nom de la « cohésion », culpabilisation de la victime qui est
accusée de « trop parler » voir de mentir et de se « victimiser » avec
injonction de « dédramatiser » et de pardonner…

La collaboration avec le violeur est l’attitude majoritairement adoptée,
notamment par certain-e-s de celles et ceux qui se déclarent hypocritement
partie prenante de la lutte contre le sexisme afin de soigner leur image,
leur popularité, leur « bonne conscience », leur chance de gagner les
élections, etc…

Bien qu’il s’agisse d’un crime commis très fréquemment et au sein de
toutes les classes sociales et même s’il est le produit et l’instrument
d’un système de domination, aucune affaire de viol ne peut être qualifiée,
en aucun point, de banale sans en minimiser la gravité ; l’horreur de ce
que la victime a subi et les bouleversements radicaux que cela entraîne
dans son existence. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les
viols commis par des personnalités riches et célèbres, surtout lorsque les
victimes sont économiquement et socialement vulnérabilisées par leur
condition précaire de prolétaires, d’immigrées, de subalternes, de
mineures, etc… C’est dans ces affaires là que se conjuguent toutes les
formes de domination (sexisme, capitalisme, racisme, etc…), assortie
d’une surexposition irrespectueuse, voir calomnieuse, de la victime par
les médias.

D’autre part certain-e-s politicien-ne-s instrumentalisent, à des fins de
propagande, des affaires de viols suivis de meurtres largement médiatisées
pour renforcer l’arsenal des lois sécuritaires en matière de récidive. Ces
politicien-ne-s ne dénoncent jamais le fait que le système judiciaire
fonctionne comme si le vol, le vandalisme ou le téléchargement libre
pouvaient être considérés comme des actes aussi graves et aussi
condamnables que le viol, ou l’homicide. En effet, les lois déjà en
vigueur ainsi que celles que ces politicien-ne-s veulent ajouter au code
pénal concernent les atteintes aux biens au même titre que les atteintes
aux personnes. Leur projet n’est surtout pas de remettre en question notre
système politique et économique qui est entièrement fondé sur la confusion
entre les êtres et les choses, notamment au nom du « droit à la propriété
privée », bien au contraire.

C’est pourtant ce système qui permet et autorise que des êtres soient
massivement traités comme des choses, le viol en est l’un des exemples les
plus graves et les plus flagrants.

Pour toutes les victimes de viol : solidarité inconditionnelle!

Pas d’impunité pour les violeurs!