C’est une nouvelle loi de la nature : plus nous nous éloignons de la guerre de Kippour, plus elle se rapproche de nous. À la fin de la semaine nous commémorerons une fois de plus cette guerre, les récits héroïques empliront les colonnes des journaux et les programmes télé – et la véritable leçon sera une fois encore défigurée à en devenir méconnaissable, comme toujours chez nous.

Rien ne va changer. Les arsenaux sont peut-être mieux armés, les services de renseignement certainement plus sophistiqués, mais la leçon historique, la conclusion importante entre toutes, n’a jamais été tirée chez nous, pas une seconde. Aujourd’hui comme auparavant, nous pouvons reprendre à loisir cette rengaine au succès assuré : « Quand nous nous promenons, nous sommes trois : toi, moi, et la prochaine guerre. » [2].

Il est surprenant de voir que même ce traumatisme, matrice de tous les autres, n’a pas réussi à entraîner le moindre changement réel de stratégie. Généraux et commentateurs ont assuré que Tsahal en avait tiré les leçons, mais Israël n’a rien appris. Rien appris, ni rien oublié ; on ne le prendra plus comme cela par surprise – et la surprise sera de nouveau au rendez-vous, du moins une surprise feinte.

Trente-huit années se sont écoulées et c’est comme si rien ne s’était passé : la même complaisance, la même arrogance, la même confiance infondée en soi, la même passivité diplomatique, les mêmes occasions manquées, l’une après l’autre. La même idée absurde que le temps joue en faveur d’Israël, qu’il panse toutes les plaies et aplanit tous les obstacles, qu’il n’y a rien à faire et que les choses s’arrangeront d’elles-mêmes, que nous vivrons à jamais par l’épée et eux sous notre occupation – maintenant comme alors.

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