groupe Vinci s’est imposé dans toute la chaîne du nucléaire. A travers sa filiale Sogea Satom, il exploite avec Areva des mines d’uranium au Gabon et au Niger. Malgré de nombreuses intimidations et une forte répression, les conditions d’exploitation de ces mines ont pu être dénoncées par des travailleurs et des associations . Dès la sortie des mines, les minerais sont acheminés vers l’Europe grâce à des infrastructures de transport réalisées par lui même. Par exemple, la « Route de l’uranium » qui relie Arlit à Tahoua a été réalisée uniquement à cette fin.

Après avoir construit quatre centrales nucléaires sur cinq en France et 60 % des centrales du Royaume Uni, Vinci Construction Grands Projets se lance sur les nouveaux marchés qu’offrent les EPR : Centrale de Flamanville, nouveau programme nucléaire britannique, développement du nucléaire en Inde et en Chine. Leurs contrats ne s’arrêtent pas à la construction, Vinci (Nuvia, Vinci Energie) assure également la maintenance et la prolongation de la durée de vie des centrales.

Omexom se charge pour le compte d’EDF de la transformation haute tension à la sortie des centrales ainsi que de la distribution de l’électricité pour les structures industrielles, ferroviaires et les réseaux de transports.

Le groupe est présent jusqu’à la fin du cycle : Nuvia s’occupe du démantèlement des centrales ainsi que de la gestion des déchets. Il pousse même le cynisme jusqu’à décrocher des contrats après les catastrophes nucléaires : Vinci Construction Grands Projets avec Bouygues Travaux Publics prend en charge le confinement du sarcophage de Tchernobyl, et serait en cours de signer des contrats de reconstruction à Fukushima. En tant qu’expert en catastrophes nucléaires, Vinci sait tirer profit de toutes les situations.

D’ailleurs, comme si tout cela ne suffisait pas, Vinci se vante d’être à la pointe des dernières expérimentations les plus délirantes : la première centrale sur une faille sismique, le projet de fusion nucléaire ITER (Cadarache), le stockage en milieu argileux des déchets radioactifs (Bure), le réacteur d’essai à terre des moteurs des sous-marins nucléaires,…

Le nucléaire, pilier du capital

En dehors des catastrophes et de la problématique des déchets, le nucléaire crée une nuisance bien plus insidieuse. C’est une technologie de pointe qui nécessite un très grand degré de spécialisation. Elle est donc concentrée entre les mains de quelques experts à qui nous sommes condamné-e-s à donner notre confiance. Nous n’avons plus aucun contrôle sur eux et nous nous retrouvons totalement dépossédé-e-s. En cas de renversement de cette société serions-nous en capacité d’arrêter les centrales ?

Le nucléaire civil est étroitement lié au nucléaire militaire, ce n’est pas pour rien que les états occidentaux refusent à l’Iran l’accès à cette technologie. En raison de son potentiel de destruction massive, le développement du nucléaire est accompagné de la militarisation de toute sa filière. Le secret technologique devient alors secret défense et chaque site nucléaire devient une zone militaire. Cadarache en est un bon exemple. Au même titre que le pétrole, l’uranium représente un intérêt économique majeur qui entraîne l’augmentation de la présence militaire française dans les pays producteurs comme le Niger et la Côte d’Ivoire.

Le nucléaire favorise et maintient la grosse industrie. Tout le système de production capitaliste repose sur les capacités énergétiques du nucléaire. Et pour que la machine puisse s’étendre partout sans limite, il faut que des lignes THT tissent leurs toiles à travers le monde. On peut alors aménager chaque portion du territoire, faire des lignes ferroviaires à grande vitesse, des aéroports et autres zones commerciales. Le nucléaire est donc un des principaux piliers du capitalisme.

Dans la concurrence acharnée à laquelle se livrent les États, la France n’avait pas de pétrole, mais des idées. Le nucléaire est donc devenu LE choix stratégique qu’elle porte depuis des années favorisant l’implantation de Vinci et d’Areva aux quatre coins du monde. Lors de ses visites à l’étranger, Sarkozy se fait le premier représentant commercial de Vinci pour vendre des EPR.

Vinci capitale du pilier (en béton armé !)

L’activité de Vinci ne se limite pas au nucléaire. Il est le leader mondial de « construction-concession ». Par le biais de milliers de filiales, le groupe Vinci – tout comme Bouygues et Eiffage – agit dans des domaines très variés. Il construit et exploite des autoroutes (Cofiroute, ASF, Escota), des parkings (Vinci park), des terminaux pétroliers, des stades de foot, des aéroports (Vinci Airport), des projets immobiliers (Vinci immobilier) et de nombreux autres aménagements urbains (Eurovia, GTM…). La moitié de son chiffre d’affaire provient de la maintenance des industries. Il est implanté dans une centaine de pays et continue son expansion grâce au rachat continu d’entreprises plus petites.

Certains projets de Vinci rencontrent une opposition plus marquée. C’est le cas de la Ligne Grande Vitesse Sud Europe Atlantique, projet très contesté dans les régions concernées. Plusieurs collectifs et associations organisent des manifestations pour dire stop aux grands projets destructeurs et coordonner des actions en Europe.

L’autoroute que construit Vinci entre Moscou et Saint-Pétersbourg saccage entre autres, à Khimki, la dernière forêt moscovite. Noyé dans la corruption, ce projet d’expansion urbanistique s’impose aux habitants et n’avance qu’à coups de violences policières contre les opposants. Le campement de résistance installé dans la forêt a également été la cible d’attaques par des milices fascistes. Le tabassage, les tortures, les menaces, les inculpations pénales et les assassinats sont certains des moyens de répression mis en œuvre par le capital afin de défendre ses propres intérêts sous prétexte de travaux publics.

A Notre-Dame des Landes (44), depuis 40 ans, un projet d’aéroport international s’inscrit dans une expansion de la métropole Nantes/Saint-Nazaire. Aujourd’hui, Vinci s’est emparé de ce chantier d’aéroport éco-labellisé. Le groupe et ses alliés publics entendent mener les travaux à terme, tout en prétendant respecter une démarche démocratique : par exemple, une enquête publique encadrée par une multitude de gendarmes et de gardes mobiles. Face à cette hypocrisie, les terrains concernés par le projet sont occupés et le combat s’intensifie.

Vinci pose lui-même ses propres alternatives. Ainsi, il s’empare petit à petit du marché de l’éolien et du solaire. Même si ces énergies paraissent plus séduisantes pour beaucoup de personnes, il ne s’agit pas là de remettre en cause le système de production et de distribution de l’électricité. Il s’agit au contraire d’intégrer ces sources d’énergie au système pour pouvoir produire toujours plus. Cela ne va pas nous rendre moins dépendant des grosses entreprises et ne nous aide en rien à gagner en autonomie.

L’État, Vinci et tous les profiteurs n’ont aucun scrupule à répandre la propagande culpabilisante des « gestes eco-responsable ». Quand ils s’enrichissent sur le désastre, si nous sommes responsables de quelque chose, c’est surtout de les laisser nous dicter leurs solutions pour colmater les fissures de l’édifice.

Pour ébranler l’édifice, attaquons ses piliers !

Un blog existe sur Vinci et les luttes qui lui font face. N’hésitez pas à le consulter et à l’enrichir sur www.stopvinci.noblogs.org