Quel relation, qui suis-je?

D’abord, je veux bien vous expliquer que je suis un individu qu’un jour a décidé de participer à l’éducation d’une fille qu’on peut appelée Carla. Dans un premier temps, en habitant ensemble avec sa mère, après on s’est séparée, mais j’ai voulu continuer à voir Carla et je trouve qu’elle aussi a envie de me voir. J’ai été activement pendant la grossesse, pendant la naissance et je suis actif aussi dans la courte vie de Carla.

Lorsque je pense à la relation que j’ai eu avec elle, je me rends compte qu’au début j’étais pas un père, ni même quelqu’un qui aille envie de s’occuper du bébé, car j’avais pas d’affinité avec ce bébé qui me faisait chié tout le temps, qui pleuré, qui m’énervai et qui m’avais pris une parti de ma liberté en tant qu’individu. Ce bébé m’avais séparé de sa mère, avait détruit notre relation. Même, les quelque mois où je suis resté à la maison pour m’occuper d’elle pendant que sa mère allait au boulot, je n’ai jamais arrivé à une relation cordial, j’arrive même pas à me souvenir de bons moments, sauf lorsqu’elle dormait un peu. Tout ça qu’on nous dissent qu’on aime son bébé tout de suite, c’est un gros mensonge. C’est un mensonge qui nous culpabilise et nous prends la tête car on ne sais pas pourquoi on n’arrive pas à aimer cet individu-e qu’on a en face de nous. C’est un mensonge qui bouleverse et transforme notre relation avec. Parfois un bébé qui dévient gamin-e, n’est plus intéressant qu’avant, et là, on fait quoi? On n’a plus envie de le voir mais on est « obligé » à le voir. Moi, par contre, deux ou trois mois après la séparation avec la mère, je me suis rendu compte, non que j’aime cette individue, sinon que j’avais envie de passer du temps avec et je sentais que Carla avais envie de la même chose. C’est en ce moment qu’on a commencé à avoir une relation de vrai, un partage, une transmission. Deux individues qui se respectent.

Je suis quelqu’un qui n’aime pas cette système capitaliste, qui lutte contre tout le temps que je le peux. Je me considère un anarchiste. Je vais pas vous raconter toutes les actions que j’ai pu faire ou pensé faire depuis que je suis conscient de la violence illégitime que l’État utilise contre nous. En tout cas, j’ai envie de dire que le fait d’avoir un enfant ne m’a pas stoppé dans cette lutte individuel (avec ou sans un groupe affinitère) mais m’as mis de contraintes que je n’attendais pas, de part de la société principalement, mais aussi, d’une manière plutôt involontaire, de la part de Carla.

Les pères et la garde

La garde typique d’un père qui peut voir ses enfants, surtout si celleui-ci est encore petit-e, va d’un week-end sur deux à un « weekend long » sur deux, en entendant comme weekend long avoir son/ses enfant-s à partir de mercredi ou jeudi soir et jusqu’à dimanche soir. Tout cela dépend de la relation avec la mère qui, quand l’enfant est en bas âge, à toute le droit de décision sauf dans des cas exceptionnels, mais aussi du juge qui regardera attentivement si le père est capable d’élever son/ses enfant-s, même s’il y a un accord entre mère et père. Par contre, c’est quoi être capable d’élever un enfant? Pour le système judiciaire, ce veut dire, avoir un emploi ou être à la recherche actif d’un emploi ou avoir un projet professionnel, avoir chez soit les électroménagers minimums, une voiture pour aller chercher son/ses enfant-s, n’avoir des troubles psychologiques ou handicaps psychiques ou physiques importants, ne pas être en prison ou dans l’attente d’un jugement qui peut aboutir dans la prison, avoir ou louer un appartement ou maison, entre d’autres aspects…

Les pères de weekend (ou pères de vacances) deviennent des personnes secondaires dans la vie d’un enfant, quelqu’un avec qui passer seulement des « bons moments ». Car c’est difficile de dire à ton enfant si ceci est mal où ce qu’il-e peut faire ou ne pas faire, lorsqu’on le-s voit aussi peu. Il faut choisir entre quelques pleurs ou laisser tomber et profiter au maximum en regardant tout de bons yeux. Les pères qui ont la chance d’avoir leurs enfants plus de temps (c’est mon cas), participent activement de la vie de leurs enfants, mais en beaucoup de situations, ils ne savent pas la moitié de leur vie. Ceci produit, en quelques cas, de la tristesse, une incompréhension des avancées de l’enfant, une manque de sensations capables de produire des situations confortables entre père-enfant-s, entre d’autres émotions changeantes et inconfortables. Celles-ci sont quelques émotions que je sens lorsque je suis avec Carla, ou même lorsque je me trouve tout seule à réfléchir. J’ai la chance que la mère essaie de créer un lien entre Carla et moi, mais ce ne suffit pas. Je me sens perdu beaucoup de fois, beaucoup d’autres je n’ai pas envie de la voir mais c’est mon tour, d’autres fois j’en ai envie, mais ce n’est pas mon tour. Ces obligations, sont une forme de violence que les juges et les gardes d’enfant provoquent. Je me sens prisonnier de ces obligations-ci, parfois je ne les respecte pas, je prends un risque lorsque je décide de ne pas voir Carla, dans mon tour, si j’ai envie d’aller ailleurs car j’ai des choses à faire ou actions où participer, ou lorsque je vais à la garderie passer un moment avec elle en dehors de mon tour, entre d’autres. Car la mère pourrais utiliser ceci si jamais je fais une demande d’une garde partagée et la relation est mauvaise (ou non). Je suis responsable de ça, j’ai des envies que je veux réaliser, mais pas tout les temps se passent bien, ça crée de moments de beaucoup de tension, avec moi-même, avec les responsables de la garderie, avec la mère.

Le boulot, le chômage et autres…

Pour passer plus de temps avec leurs enfants ou rendre plus facile la garde lorsqu’ils y ont droit, il y a des pères qui démissionnent de leur boulot, d’autres qui ont la chance (ou non) d’avoir un mi-temps et d’autres qui se trouvent au chômage et face à la dichotomie de choisir entre voir son enfant (pendant sa garde) ou travailler. Quelques fois on se retrouve face à des parents où le Pole Emploi supprime leurs assedics car ils n’ont pas accepté un travail qui était peu flexible ou dont les horaires n’allait pas avec la garde de l’enfant. D’autres qui doivent abandonner un projet ou le voir languir dans le temps. Je me suis fait menacer de perdre mes assedics pour n’avoir pas accepté ces types de boulots, je me suis senti obligé de choisir entre Carla et un boulot. J’ai du changer le parcours de mon projet qui était raisonnable avec ma situation, et j’ai du accepter, c’est à dire, on m’as obligé (si je ne voulais pas perdre mes assedics), à faire un autre parcours, moins intéressant pour moi, que le cours scolaire prochain me mettra en soucis pour la garde de Carla et qui m’angoisse et qui m’agresse, car la formation que je voulais faire à distance, n’était pas possible car je suis chômeur et je dois être dans la capacité de me rendre dans un centre de formation pour qu’on me finance. Donc pour aller aux cours, les jours de garde de Carla, il faudra que je la laisse à l’école ou chez quelqu’un très tôt, et que j’aille la chercher à l’école ou chez quelqu’un très tard, perdant ainsi de moments de complicité, à la maison, ou d’aller à l’école la chercher, des heures en moins avec elle, des heures en plus à payer quelqu’un pour s’occuper de mon enfant car je peux pas, etc.

Le père qui n’a pas la garde partagée, c’est à dire les pères de weekend ou « long weekend » (mon cas), il n’a pas le droit à une majoration des différentes allocations, si jamais il a le droit à en avoir. Beaucoup de fois on se retrouve avec de cas où le père n’a aucune aide mais il se voit obligé à avoir un appartement plus grand, donc loyer plus élevé, pour bien accueillir le-s enfant-s, mais aussi avoir son intimité lorsque le-s enfant-s viennent et il n’a pas envie de les voir, ou simplement pouvoir rester un moment seul ou avec quelqu’un-e. Pour l’instant j’ai une petite maison, j’ai des apls mais l’année prochain je n’en aurai plus. Carla grandi, j’ai besoin d’une chambre à moi, elle aussi, il faudra que je trouve quelque chose de plus grand, il faudra que je paye plus cher, mais j’aurais moins d’argent, il faudra peut-être que je trouve un boulot de merde, même si je n’ai pas envie. Peut être ce boulot et la formation m’empêcheront de voir mon enfant. Une autre angoisse.

Le système capitaliste comme violence contre le père séparé

Dans mon cas particulier, j’ai aussi décidé de vivre sans frigo, machine à laver, voiture… et d’autres choses que je trouve inutiles. Je me suis vu dans l’obligation d’obtenir ces objets , car ceci signifie « bien élever » son enfant aux yeux du système judiciaire et la société. Donc, le système actuel oblige les pères qui veulent éduquer son/ses enfant-s différemment, à participer au marché capitaliste, et à l’esclavage nommé emploi, seulement parce qu’ils sont séparés.

Malheureusement, beaucoup de pères doivent trouver un travail pour pouvoir payer la pension alimentaire (car c’est très mal vu des juges que ce soit la CAF qui le paye au cas ou on aspire à voir le-s enfant-s plus de temps), mais d’autres doivent le quitter ou le précariser. Une hypocrisie insupportable, lorsque le père se retrouve de choisir entre son/ses enfant-s ou un boulot. Une hypocrisie insupportable, lorsque le père doit payer une garderie (ou une baby-sitter au black), ou encore laisser son enfant une ou deux heures en plus aux écoles qui offrent cette service, après de passer une semaine et demi, voir deux, sans voir son enfant. Tout ça pour payer une pension alimentaire, la baby-sitter au black ou toucher un peu de RSA avec son boulot précaire et arriver à la fin du mois. Une hypocrisie insupportable car si tu décides de ne pas payer la pension alimentaire, de ne pas te conformer à une vision normative et réductrice du rôle de père, de ne pas bosser, on peut t’empêcher de voir ton enfant.

Pas de couple

Le père qui en plus d’être séparé, habite tout seul, parce qu’il le veut, se retrouve confronté au travail du marché, le travail du ménage, les activités de côté, l’activisme d’autre et éduquer l’enfant. Pour les pères qui ont décider de vivre seul, comme moi, de ne plus avoir de vie couple, car après expérience et réflexion je trouve que ce type de relation sont une forme de neutralisation des libertés d’un individu et une espèce de lutte égoïste pour des envies que parfois se confronte, ceux-ci se trouvent face à une réalité dure, parfois très difficile à surmonter. Beaucoup de fois j’ai l’envie de retrouver une « partenaire » pour partager les tâches, pour s’occuper de l’enfant lorsque j’en peux plus, de pouvoir aller « en couple » au festival que j’aime, et qui tombe juste avec la garde de l’enfant, et pouvoir s’amuser un peu pendant que l’autre s’occupe de l’enfant, parfois d’aller à une réunion qui tombe pendant la garde, entre d’autres situations. Même, se retrouver une « partenaire » pour faire voir à la société et au juge que j’ai passé à une autre chose, mais que j’ai toujours envie d’éduquer mon enfant, et maintenant je peux mieux le faire, car je suis pas tout seul. Car ils ne peuvent pas imaginer que tu ne veuille pas vivre en couple, que tu puisse prendre ce type de décision, car ça à l’air de que tu veux rester au passé, de n’être pas bien avec soit-même, de qu’il faut une femme à côté pour éduquer un enfant, de qu’une femme est l’unique capable de bien élever un enfant en bas âge.

Les jugements et la culpabilisation

En plus, il faut se confronter aux jugements, être considéré comme une personne égoïste ou un mauvais père, seulement parce que je veux faire une chose juste lorsque j’ai la garde de Carla. Je me suis culpabilisé moi même de pas vouloir m’occuper de mon enfant, lorsque la garde arrive au mauvais moment (une action ou activité, un festival, une maladie, d’autres soucis, d’autres allégresses, …). D’un autre côté, il y a les engueulades lorsqu’on décide, comment même, d’aller à une fête et quelqu’un-e « informe » à la mère qu’on ne s’occupe pas bien de son enfant. Des appels téléphoniques ou on doit entendre comme il faut faire ou qu’il faut donner encore plus d’argent. Encore une fois, parfois, je pense vraiment à changer d’envie et accepter dans ma vie une « partenaire », même si je ne le veut pas, pour éviter les jugements, la culpabilisation, les choix difficiles, la prise de tête et, au même temps, pour arriver à avoir une meilleur conciliation maison – amusement – activisme – enfant, de mieux gérer les moments que je veux être avec l’enfant et les moments que je veux pas, sans dépendre de devoir demander à la mère.

Une possible solution?

Une possible solution est un réseaux solidaire d’amitiés et/ou affinitées, parents ou non parents, qui soit capable d’aider et de se proposer à aider pour garder l’enfant en cas de besoin. Ceci n’empêche pas la culpabilisation et/ou jugement de pas s’occuper de Carla après d’une semaine et demie sans la voir. C’est même pas une culpabilisation, sinon que moi même j’ai envie de passer du temps avec cette personne qui grandit, car j’ai envie de la voir grandir. Je me débrouille, on se débrouille et parfois ça va bien, parfois non.

C’est dégueulasse

Comme j’ai dit, une solution est une réseaux de solidarité, mais aussi un changement total de système, car celui-ci utilise toute sa violence pour écraser le père et, au même temps, l’enfant, au même temps la mère. Un changement de système où les parents ne se voit pas obligés d’être tout le temps avec leurs enfants, mais de ne pas les mettre dans une crèche ou une école, des véritables usines de marchandises. Un système où le travail ou activité de chaqu’un-e ne soit pas une agression aux relations parents-enfants. Arriver à une société où les relations humaines se basent sur le respect et non l’égoïsme. Un changement de système ou la femme ne soit pas obligée à s’occuper de son/ses enfant-s tout le temps et qu’elle aille le droit de plus avoir de relation avec lui/eux, car c’est dégueulasse qu’une femme soit mère tout le temps seulement parce qu’un jour a commis, peut être, l’erreur de vouloir l’être. Un système où un homme puisse être un individu capable de s’occuper d’un enfant et qu’il aille le droit de vouloir s’occuper plus souvent d’un enfant en bas âge, même s’il n’est pas le « père », car c’est dégueulasse qu’un homme ne puisse être père s’il ne veut pas vivre en couple.

Une solution n’est pas la confrontation avec la mère, car en tant que femme, dans une société patriarcal, a déjà suivi plusieurs humiliations et prise de libertés au moment qui décide (ou qu’on décide pour elle) d’être mère. Pour ceci, participer d’associations qui cherchent cette confrontation, qui trouvent leur ennemi chez la mère, quand celui-ci se trouve dans le système même, elles ne sont pas une option. La justice n’est pas une option non plus, car elle ne voit que des généralisations dans des cas très différents, en plus qu’elle est faite et travaille pour le système actuel. L’utilisation de termes psychologiques comme le Syndrome d’aliénation Parental ou de mécanismes judiciaires dans la décision d’une garde d’enfant, ne fait qu’augmenter les problèmes déjà existants et met l’enfant face un danger (en plus de ceux qui existent déjà) qui l’agressent de par vie, à cause de thérapies psychologiques qu’on leur impose, séparation obligé de leur mère ou père, visite contrôlées et sans intimité, etc.

Quel rôle?

En fin, quel rôle a le père séparé aujourd’hui? Il sert à éduquer l’enfant? Il sert à donner un peu de respiration à la mère au cas où elle est aussi précaire et seule? Il sert à quoi? Même, il a déjà servi à quelque chose avant la séparation? Ou, peut être, le père est une image, un rôle inventé dans cette union, parfois esclavagiste, qu’on appelle couple? Une union éphémère ou non, où on donne un « droit » d’élevage d’enfants, soit-disant, en étant solidaire avec la femme, mais la femme a besoin de cette solidarité? La femme veut avoir quelqu’un qui fasse le rôle de père? Même la femme veut avoir le rôle de mère? Une solution encore est la solidarité, une société qui se préoccupe de leurs enfants, de son future et qui laisse pas tomber la femme qui choisie d’être mère, mais qui ne donne pas à l’homme le rôle de père précaire individuel, sinon que la femme et l’homme soient des personnes capables de transmettre un savoir faire, une moral et une étique à la personne qui grandi.

Je suis vraiment dans le besoin de cet rôle de père? Beaucoup fois je me dis que non, beaucoup fois je me dis que ça serais mieux de plus voir Carla, de récupérer une liberté perdu. Plutôt je voudrais être un individu qui a envie de la voir de temps en autre, et quelle aille vraiment envie de me voir. Une relation différent, loin de toutes ces obligations, et de cette violence du système. Je ne me considère plus un père. Je pense que le rôle du père séparé n’existe pas.