Le mardi 7 juin 2011, la police nationale expulsait du 137, rue St Léonard à Angers, les demandeurs d’asile, Rroms roumains et SDF qui y avaient trouvé un refuge pour l’hiver… sans relogement!
Le jour même accompagnés des personnes solidaires du CSSP49, ils se retrouvaient devant la préfecture pour revendiquer un toit… Sans succès. Il fut décidé de rester ensemble et visibles; ainsi naquit le campement sur l’esplanade de la mairie.
Depuis trois semaines maintenant ils passent leurs nuits sous le auvent constitué par le surplomb de l’immeuble municipal… et se font dégager tous les matins entre 5h et 8h… c’est selon. Il faut signaler que cette expulsion quotidienne a été décidée par la préfecture sans l’aval explicite du maire et relève donc de l’abus de pouvoir (voie de fait, selon le jargon juridique). Ces deux derniers jours on été particulièrement tendus;

Dimanche 26 juin au matin, un témoin raconte: « Lors de l’évacuation, au réveil des DA, les policiers se sont livrés à un contrôle d’identité général, alors qu’il ne pouvait y avoir de soupçon de délit imminent pour la bonne et simple raison que les DA étaient pour la plupart encore couchés dans leurs couvertures et dormaient calmement.
Un somalien non domicilié par la plate forme d’asile (donc privé de fait du droit constitutionnel à déposer l’asile), mais qui était passé à Espace accueil pour demander une adresse a été arrêté et a passé 8 h au commissariat (alors qu’un contrôle d’identité ne peut excéder 4h). À noter que des délivrances d’APRF avec passage en CRA (Centre de Rétention Administrative) se sont déjà produits pour des cas similaires. Notre présence devant le
commissariat aurait joué un rôle? Mr Cirefice, dir’cab du préfet, joint par téléphone, a répondu à la question « aviez vous une commission rogatoire du procureur pour effectuer un contrôle d’identité? » par : « nous n’en avons pas besoin ». L’État, par les temps qui courent, ne s’encombre pas des lois et des procédures légales qu’elles imposent! » Un militant français a également eu le poignet fracturé au cours de son arrestation; ce dangereux terroriste tentait d’adjoindre la banderole « un toit, c’est un droit » au drapeau fleurdelisé de l’Anjou qui flotte au fronton de la mairie! Il s’est donc retrouvé en garde à vue avec le poignet cassé et a été libéré 1 heure avant le camarade demandeur d’asile muni d’une convocation chez la procureure pour le mois d’octobre qui décidera de suites éventuelles… nous l’avons immédiatement conduit aux urgences. Bilan: opération programmée et trois mois minimum d’incapacité de travail; c’est bien cher payé pour un bout de tissu.

Le lundi et malgré les incidents de la veille, le campement s’est reconstitué autour du désormais traditionnel repas en commun du soir
Un participant témoigne: « Le lundi 27 juin au matin, les forces de l’ordre sont arrivées devant la mairie vers 7h en déplaçant une barrière, telle une porte. En effet, pendant la nuit, le campement installa des barrières de la ville, réquisitionnées pour délimiter l’espace de vie et les fixa ensemble à l’aide de vieilles banderoles.
L’objectif était de marquer symboliquement l’espace de vie avec les moyens du bord. La tension monta d’un cran quand un membre du campement referma la barrière derrière eux, tel que le ferait tout hôte qui se respecte. Facétie peu appréciée : toutes les barrières furent violemment renversées par les fonctionnaires de police. Le campement disposait également d’une maison en carton (environ 3 mètres de haut) que nous avait gracieusement confié un artiste amateur. Cette maison de fortune était décorée par nos soins avec nos revendications, dont une banderole « Angers ville propre… SDF, Rroms, réfugiés, BALAYÉS ! » qui recouvrait entièrement le toit.
L’évacuation commença très rapidement malgré que l’ensemble des sans-abris (demandeurs d’asile, Rroms, SDF) et des soutiens aient résisté pacifiquement à l’expulsion, comme chaque jour.
Une dizaine de fonctionnaires de police s’attela à la tâche : arrachage de couvertures et de matelas ; vol de banderoles ; destruction de notre maison carton.
Tout ce matériel fut emporté par les employé municipaux, sous garde policière, tonfas à la main, jusque dans la
benne réquisitionnée par la police nationale.
Quand nous avons demandé aux employés municipaux d’user de leur droit de retrait, ils nous ont dit « avoir des ordres ».
Nos couvertures sont offertes par des gens solidaires ou récupérées auprès du SAMU social. Une couverture est un élément de survie mais plus important encore, le symbole même de cettesurvie. »
Interrogé par deux militantes en sortant de l’hôtel de ville par la porte de service, le maire d’Angers, Mr Antonini, a déclaré ne pas être au courant de ces actes gratuits, bêtes et méchants… le préfet dira t’il la même chose ?

PJB DU CSSP49

Le photographe amateur a été repéré par un fonctionnaire de police et n’a pas pu continuer à prendre d’autres photos; il a ainsi raté les bennes à ordures qui sont venues plus tard. Dommage même si les photos sont parlantes.