Depuis le premier jour de la mobilisation, nous nous battons pour qu’il y ait convergence entre les « indignés » et les secteurs de travailleurs en lutte. La première assemblée générale, le 17 mai, a réuni 200 personnes et a notamment été marquée par l’intervention de Javier Anadón, président de la section syndicale de TUZSA (entreprise de transports urbains). Il a été voté à l’unanimité que la manifestation de soutien pour la grève de TUZSA ayant eu lieu le 18 mai, s’achève sur la place de l’AG afin de doubler les effectifs avec la présence de nombreux travailleurs.

Nous participons – en tant que militants du CcC – à la commission étudiante ainsi qu’à celle visant à étendre le mouvement aux ouvriers, et nous avons rejoint par solidarité le piquet de grève des chauffeurs de bus dimanche dernier. La commission étudiante, qui compte la participation de nombreux lycéens et étudiants, a organisé une première réunion à la fac avec la présence de 90 étudiants, qui ont décidé d’organiser une AG sur tout le campus jeudi 2 juin. Dans la commission d’extension au mouvement ouvrier, participent des jeunes précaires comme ceux de Telepizza, des entreprises sous-traitantes de la Mairie, des enseignants et des ouvrier industriels de différents syndicats, mais aussi des non-syndiqués.

Il est pour les prochains jours prévu une « expédition » à l’usine Opel (la principale usine d’Aragon, avec 8000 travailleurs) et une manifestation sonore avec casseroles et sifflets ({cacerolada}) devant les sièges de Commissions Ouvrières et de l’UGT [les deux principaux syndicats espagnols], afin d’exiger une grève générale et de dénoncer la traîtrise des directions. Avec tracts et banderoles nous nous sommes également rendus à l’INEM (le Pôle Emploi espagnol), où se négocie la répartition des heures de travail sans réduction salariale, pour en finir avec le chômage. Ces derniers jours, les travailleurs de CAF (fabrication de trains) ont rejoint le mouvement en ajoutant leur propre tente au campement.

Barcelone : « expéditions » de la jeunesse à Alstom, Derbi, Seat et aux hôpitaux en lutte

par Salvador Lou, militant de Clase contra Clase à Barcelone

De nombreuses commissions sont en train de se mettre en place à Barcelone, avec pour but d’aller en « expédition » vers les grandes entreprises auxquelles nous participons et faisons partie depuis le début.

Le mardi 24 mai avec plus de 50 personnes, nous intégrons la première « expédition » de la commission Action en direction de Santa Perpetua de la Moguda (à 25 km de Barcelone) en soutien aux travailleurs d’Alstom. Cette multinationale française attelée à la fabrication de chemins de fer a l’intention de mettre à la rue 40% de son usine, soit 400 salariés. Avec pour pancarte « Vive la lutte ouvrière, allez Alstom », nous avons distribué des tracts de solidarité aux équipes du matin et de l’après-midi, entre divers applaudissements, cris de soutien et appels à l’unité de la classe ouvrière et de la jeunesse.

De cette expérience réussie ont été inspirées des actions similaires. Ainsi mardi 31 mai nous sommes-nous rendus à l’usine italienne de vélomoteurs Derbi, que le patronat veut fermer en laissant sur le pavé près de 300 salariés. L’expédition a de nouveau réussi à apporter de la ferveur aux travailleurs, en leur faisant comprendre qu’ils ne sont pas seuls et que face à la cessation d’activité, ils n’ont pas à se résigner. Afin que nous puissions assister à leur assemblée générale prévue le même jour, les travailleurs sont sortis de l’usine pour organiser leurs mobilisations suivantes.

D’autres actions sont prévues tout au long de la semaine, comme la participation, après la visite de l’Hôpital Clinic la semaine passée, à l’opération de blocage des voies d’autoroute le 1er juin par les travailleurs de l’Hôpital del Belvitge, ou encore à la rencontre le 3 juin des ouvriers de l’usine Seat, plus grosse usine automobile de tout le pays avec plus de 12 000 salariés. A cette fin nous avons obtenu l’aide des travailleurs de TMB [entreprise de transports métropolitains de Barcelone], qui nous prête bus et chauffeur afin de nous rendre en zone industrielle. Inspirés par l’expérience de Mai 68, nous tentons de multiplier ce genre d’« expéditions » aux entreprises comme un façon de « subvertir l’ordre » des lieux de travail, où les dirigeants syndicaux maintiennent les travailleurs dans la passivité et l’isolement le plus total. Un autre fait important est la venue d’une délégation de quelques 150 employés de Telefónica, afin de réaliser sur les lieux un mouvement de protestation contre l’annonce du licenciement de 25% des effectifs de l’usine, soit plus de 8 000 travailleurs, ou encore la présence d’autres collectifs ouvriers comme les gaziers, les agents d’entretien et le personnel de santé.

Terrassa : importante participation étudiante et ouvrière

par Faouzi Hilba, correspondant du journal Contracorriente

La ville de Terrassa est l’une de ces nombreuses villes de l’État espagnol et de Catalogne qui a rejoint les campements contre le système politique, économique et social. Par l’intermédiaire des réseaux sociaux, un rendez-vous de solidarité avec les autres campements a été organisé le 18 mai. L’appel a rencontré un grand succès avec plus de 500 participants. Parmi eux, des étudiants et des travailleurs en lutte, comme ceux de la santé, ainsi que des immigrés et chômeurs. Tous se sont ensuite réunis en assemblée générale, où il a été décidé de dresser le campement le jour suivant. Les jours qui ont suivi ont vu venir l’organisation du mouvement en commissions et sous-commissions (communication, activités, infrastructures, organisation, coordination, etc).

De nombreux débats ont aussi été organisés sur des thèmes aussi variés que les questions environnementales, de la santé, l’éducation, l’immigration ou encore de l’asphyxie du système bancaire.

Le lieu du campement est un lieu symbolique (Raval de Montserrat) face à la mairie, qui s’appelle désormais la Place du Peuple. La participation a dépassé en fin de semaine les 2000 personnes. Mais le plus important peut-être est la manifestation des lycéens du 25 mai, quand ont débarqué sur la place plus de 1000 lycéens qui se sont ensuite dirigés vers l’hôpital La Mutua pour venir en soutien au rassemblement des travailleurs de la santé. Dimanche prochain aura lieu l’assemblée générale pour décider de l’avenir du campement.

Interview d’Hector, participant des « expéditions » vers les entreprises avec le campement de Barcelone

D’où vient l’idée de créer des solidarités avec les travailleurs ?

Au sein de la commission Action et Activités, il y a un projet qui consiste à aller vers les boîtes à la rencontre de ces travailleurs qui subissent les licenciements, les fermetures d’entreprises et toutes les mesures comme la baisse des pensions de retraite ou la réforme code du travail, cela afin de les soutenir dans leurs luttes et leur dire que nous voulons nous unir et nous battre tous ensemble.

Pourquoi tu penses que c’est si important de réussir d’intégrer les travailleurs à la lutte des « indignés » ?

Je pense que c’est important que l’on s’unisse aux travailleurs, parce que ce sont eux qui sont réellement capables d’immobiliser le pays, et donc de mener des mobilisations plus convaincantes, plus à même de changer les choses.

Quelles « expéditions » est-ce que vous avez organisées jusqu’à maintenant ? Et quelles sont celles que vous avez prévues ?

Pour le moment on est allés à Alstom, qui est l’usine qui fabrique les trains et les métros, et où ils veulent renvoyer 4000 salariés. On a aussi été à la rencontre des hôpitaux, mercredi dernier à celui de Clinic, puisque le secteur de la santé est particulièrement touché par les restrictions de postes et de budget. Ce matin on a été à Derbi, mercredi on va à l’Hôpital de Belvitge, et vendredi à Seat ainsi qu’aux secteurs secondaires comme celui de la métallurgie ou du bâtiment.

Interview de Fernando, délégué syndical de la CCOO à Derbi

Quelle est la situation de l’usine et de votre lutte ?

On lutte actuellement pour la défense des emplois à Derbi. Il s’agit d’une entreprise emblématique ici et depuis toujours, avec 90 ans d’histoire pendant lesquels se sont succédées de nombreuses générations, et nous voulons que succèdent encore de nombreuses générations : nos enfants, nos petits-enfants, et leurs descendants. On pense aussi que l’industrie de la moto a un grand avenir, notamment avec la moto électrique et les énergies propres.

Qu’as-tu pensé de l’« expédition » des jeunes du campement de Barcelone pour vous montrer leur solidarité ?

Ce que je peux te dire, c’est que ça m’a foutu une claque, vraiment, je m’y attendais pas. C’est vraiment touchant de voir qu’il y a des gens qui sont en train de se bouger, déjà non seulement parce qu’ils sont indignés, mais aussi parce qu’ils sont solidaires envers les travailleurs.

Est-ce que tu penses participer aux assemblées de la Place Catalogne à Barcelone ?

Bien sûr, et je m’engage à assister à l’assemblée générale de demain, pour pouvoir rendre le soutien qu’on a reçu aujourd’hui. J’étais là la semaine dernière, ma fille est une de ces jeunes indignées qui est avec vous.

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