TarnacSNCF-fer Dans le rapport de décembre 2010 de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, site Internet ici), intitulé Un monde tortionnaire (à télécharger ici, 3,8Mo, 400 pages), sont évoquées notamment au sujet de Julien Coupat et Yildune Lévy des «conditions de détention indignes». Le rapport indique que l’affaire de Tarnac met en lumière «la surveillance spéciale à laquelle ont été soumis des détenus au cours de leur détention provisoire».

Selon ce rapport, Julien Coupat «affirme avoir été fouillé à corps à chaque visite de son avocate ou lors de déplacements au tribunal et mis à nu “devant des policiers hilares”». Son amie Yildune Lévy «a fait l’objet, pendant deux mois, de réveils nocturnes toutes les deux heures, avec éclairage du plafonnier, dans sa cellule où elle était seule». L’administration pénitentiaire y aurait vu une prévention du suicide, «alors même que les risques n’avaient pas été évalués selon des critères précis», note le rapport.

L’affaire dite de Tarnac est également citée en exemple dans Les violences politiques en Europe, un état des lieux.

Julien Coupat a été présenté par les enquêteurs et par la ministre de l’Intérieur de l’époque comme le responsable d’un groupe anarcho-autonome. Lui et sa compagne Yldune Lévy sont soupçonnés d’avoir dégradé une ligne TGV à Dhuisy (Seine-et-Marne) dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008. Le couple aurait été aperçu par les enquêteurs à proximité de la ligne dégradée. Leur défense conteste de nombreux éléments du procès-verbal des enquêteurs sur lequel s’appuie leur mise en examen, jusqu’à la présence sur les lieux des policiers qui l’ont rédigé.

La reconstitution de cette scène «doit se dérouler dans la nuit du 13 au 14 janvier à 2 heures du matin», indique l’Associated press.

La qualification terroriste de ce dossier est contestée depuis le début par la défense. Pendant un temps, même au plus haut sommet de l’Etat cette qualification semblait gêner. Elle a toutefois été retenue par l’accusation, qui estime que ce groupe avait pour but, par la violence, de déstabiliser l’Etat.

Le 22 octobre 2010, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a rejeté les demandes d’annulation soulevées par la défense qui a formé un pourvoi en cassation.

Au total, dix personnes sont mises en examen depuis novembre 2008 pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» dans l’enquête sur des actes de malveillance contre les lignes TGV en 2008. Julien Coupat est également poursuivi pour «direction d’une structure à vocation terroriste».

Les premières interpellations dans cette affaire remontent à novembre 2008, entre autres dans le 20e arrondissement, où Julien Coupat et Yildune Lévy avaient envisagé de se marier en juin 2009, mariage retardé de quelques jours.

Comme on le voit, l’affaire dite de Tarnac ne se passe pas qu’à Tarnac (Corrèze). D’une part les deux que l’accusation fait passer pour plus importants, Julien Coupat et Yildune Lévy, sont à Paris (20e), mais de nombreuses réunions de soutien ont eu lieu dans les 20e et 19e arrondissements de Paris. L’interpellation (quelque peu musclée) d’une photographe avait eu lieu à cette occasion. La Normandie également est concernée, de par la résidence de l’un des protagonistes. La Seine-et-Marne pour le lieu de l’un des «sabotages», celui qui sera reconstitué cette semaine, et que les policiers, officiellement sur les lieux, n’ont pas empêché. Et la Lorraine, autre lieu de passage des trains Castor du mois de novembre en direction du centre de stockage de déchets nucléaires de Gorleben, en Basse-Saxe (Nord de l’Allemagne. C’est du reste sur ce trajet qu’une activiste française avait été interpellée (par la police allemande), dont France 4 avait parlé, dans un magazine hélas disparu de l’antenne.

L’affaire aura aussi mis en avant la maison d’édition La Fabrique, présentée ici un mois avant la sortie de L’Insurrection qui vient, à l’occasion de son neuvième anniversaire.

F. A.