Tu ne t’es pas retrouvé là par hasard. Dans cette petite salle se trouvent de nombreux amateurs de jazz manouche. Disons qu’on est rue St Denis à Paris, au J’OSE bar, ou à Nogent sur marne au Pocket Théâtre. Voire même dans un bar branché pour bobos au Relais de Montmartre.

Pendant que l’Etat rase les campements Rroms à coups de bulldozers et les déporte par centaines, les amateurs de musique nomade se pressent pour s’évader de l’ennui de leur vie quotidienne.

Le rythme s’empare maintenant de ton corps, ta tête se laisse aller au son qui swingue. Et tu regardes ses mains. Oui, les mains de ce contrebassiste, peut-être pas si mauvais que ça. Les cordes claquent, et toi tu t’emportes. C’est un petit groupe qui joue ce soir, avec un certain Julien Mabrut à la contrebasse. Tu regardes ses doigts qui font vibrer le lourd instrument. Soudain, tout se brouille dans ton esprit.

Ces mains, les mains de Julien Mabrut, elles portent un flingue. Du gros calibre. Ces mains, elles peuvent parfois frapper des hommes menottés. Ces mains, elles tapent de volumineux rapports destinés à enfermer des hommes et des femmes pendant de longues années d’isolement. Ce mains, celles de Julien Mabrut, sont celles d’un chtar de la Brigade Criminelle-Section Anti-terroriste de Paris. Merde ! Chien de garde du terrorisme d’Etat, protecteur des intérêts de ceux qui empoisonnent la terre, mutilent des corps au travail, massacrent sur tous les continents, jouent avec toutes les peurs pour préserver le pouvoir de quelques uns… le jour, et contrebassiste… la nuit quand il lui reste du temps ! Petit rouage ambitieux au service des puissants et musicien amateur de jazz manouche.

Ces mains, oui ces mains qui ne te font à présent plus rêver du tout, ce sont les mains d’un larbin qui passe ses heures à traquer, contrôler, perquisitionner, interroger et incarcérer tous ceux que l’Etat désigne comme ses ennemis.

Julien Mabrut ne cache pas comment il se divertit de ses longues heures de bons et loyaux services. Il joue dans le groupe « Sardines Jazz à l’huile ». Le poulet sort faire des bœufs pendant que les suspects qu’il a traînés au 36 quai des Orfèvres moisissent plusieurs jours dans de petites cages à côté de son bureau. Le tâcheron zélé du code pénal et le besogneux de l’archet. L’artiste du Glock et du gilet pare-balles, le virtuose du saccage d’appartement et du prélèvement ADN se pavane avec son groupe sur myspace (http://www.myspace.com/lessardinesjazz) ou facebook
(http://www.facebook.com/group.php?gid=68469307425) pour se produire dans des salles de concert minables. Il exhibe sa gueule d’assassin d’Etat potentiel dans des vidéos (http://www.myspace.com/lessardinesjazz/videos) et en photos. Julien Mabrut, qui croit encore que tu es instituteur comme tu l’affirmes honteux ?

La nuit du 6 janvier, veille d’une énième autocélébration de Julien Mabrut et de ses potes, le Pocket Théâtre de Nogent sur Marne a été entièrement tagué (« Poulet grillé », « J. Mabrut est un keuf », « Etat terroriste », « Police partout musique nulle part », « Juju mets de l’huile », « Feu aux prisons », « Nik la police », « Etat assassin »), toutes ses serrures sabotées, et la grille fermée avec une nouvelle chaîne.

On ne sait pas comment Mabrut a pris la chose, sauf que sa contrebasse sonnera un peu plus faux que d’habitude.

Si la petite musique de keufs adoucit les moeurs citoyennes, ce sera sans nous !
Contre le terrorisme d’Etat, liberté pour tous !
Spéciale dédicace à Bruno (http://nantes.indymedia.org/article/20720) et à tous les prisonniers en lutte !