CONTRE LE TRAIN TRAIN
NUCLEAIRE

Le 05 novembre dernier, le GANVA, groupe non violent antinucléaire bloquait
durant plus de 3 h 30 à Caen un train transportant des déchets radioactifs vers
l’Allemagne. Désincarcérés violemment et blessés par des policiers plus soucieux
des retards de trains et des intérêts d’AREVA que de l’intégrité physique des antinucléaires,
il-elle-s sont immédiatement interpellé-e-s.
Aujourd’hui, 8 décembre, 7 d’entre eux-elles sont traduits en justice au tribunal de
Caen où il-elle-s encourent de lourdes sanctions.
Des trains de déchets radioactifs, il en passe des dizaines par an en gare de Caen.
Et pour cause la Basse-Normandie est une des régions les plus nucléarisée au
monde : de la production d’électricité nucléaire, au retraitement des déchets nucléaires
français et étrangers en passant par la recherche (GANIL), la formation d’ingénieurs
(ENSI), la construction de sous marins atomiques ou l’immersion de déchets
nucléaires britanniques dans la mer de la Manche dans les années 50.
Nucléopolis* est la dernière trouvaille des promoteurs du délire nucléaire en
Basse-Normandie. Le nouveau pôle universitaire de recherche et de promotion du
nucléaire vient de se voir octroyer une subvention de 35000€ de la part du Conseil
régional de Basse-Normandie. Bon camarade, Europe Ecologie qui se présente pourtant
comme antinucléaire s’est abstenue sur cette question en commission permanente
à l’exception d’une de ses membres sur ce vote, tandis qu’à Caen-la-mer, l’agglomération,
leurs élu-e-s votaient contre.
Plus tôt, en 2004, les élus verts au Conseil régional avaient permis par leur abstention
à une motion soutenant le projet de réacteur EPR à Flamanville de passer. La
même année en PACA, c’est un deal qui unit la nouvelle majorité rose-verte : ce sera
un euro pour le projet expérimental de fusion nucléaire ITER contre un euro au renouvelable.
Dernièrement, en 2009, à la veille du sommet de Copenhague sur le réchauffement
climatique, les nouveaux eurodéputés Europe écologie, Yannick Jadot
tout nouvellement débarqué de la direction de Greenpeace France en tête, vote une
motion du parlement européen qui fait du nucléaire l’un des éléments du combat
contre le réchauffement climatique*.
Si les élus écologistes demeurent sans doute antinucléaires, depuis longtemps ils
font du nucléaire un élément secondaire sur lequel ils peuvent faire des concessions.
Il faut dire qu’en quelques décennies les signes des dégâts écologiques sont devenus
de plus en plus criants. De Bhopal à Tchernobyl en passant par la fonte des glaces,
tout est devenu de plus en plus évident.
Pour autant loin de remettre en cause ce qui était à la source de ses dégâts, les raffinements
du capitalisme, l’écologie a été détournée de son sens initial et le capitalisme
a réussi à intégrer sa contestation. Dans le même temps que les désastres
écologiques et sociaux s’amoncelaient, les écologistes se sont de plus en plus associés
à leur gestion. Et les industriels, loin d’être convertis mais sentant le filon, se
sont donnés une image verte. Ainsi le nucléaire s’est-il sous l’effet d’un monstrueux
mais opportun lifting transformé en énergie propre et non productrice de CO2. Que
ce soit faux, peu importe, le négationnisme écologique a ses entrées médiatiques…
Que le moins mauvais des mondes où l’on nous enferme ne nous permette de choisir
qu’entre charbon, nucléaire ou éoliennes industrielles montre bien dans quel impasse
nous sommes, et à quoi cette écologie nous intime de renoncer : à changer ce
monde. Et ce à quoi elle nous condamne : à vivre sans cesse en choisissant entre le
moindre mal et le pire, entre Charybde et Scylla .
L’idée même de développement durable si chère à une bonne part du mouvement
écologiste n’ a eu de cesse que de nous faire gober que le capitalisme méritait d’êtresauvé.
Pourtant la société dans laquelle le nucléaire s’est développé, c’est une société engagée
dans la fuite en avant technologique consistant à produire et consommer toujours
plus. Et pour ce faire, piller, exploiter, détruire, irradier, maintenir des dictatures
et des armes de destruction massive ou stratégiques, contrôler et fliquer. Le nucléaire
est au coeur même de ce délire boulimique.
Le 05 novembre, l’Etat a frappé fort contre le GANVA* : 7 arrestations et 3 blessés.
Mais depuis son origine la contestation antinucléaire a toujours eu à souffrir d’une
forte répression, et ce quelques soient les gouvernements en place.
A Plogoff les gendarmes mobiles utilisaient des grenades offensives contre les manifestant-
e-s. Il y aura des mutilés et un mort, Vital Michalon, lors du rassemblement
de Malville en 77. A Chooz ce sont des engins de guerre qui attaquent les barrages.
A Cherbourg, les voltigeurs (flics montés sur des motos dont l’un tient une matraque
pour frapper à la volée) dispersent les opposant-e-s à la fin des années 70. Partout,
il-elle-s sont menacé-e-s et poursuivi-e-s. En 85, le gouvernement Mitterrand
plastique le Raimbow Warrior en campagne contre les essais atomiques français. En
novembre 2004, Sébastien Briat meurt happé par un train de déchets radioactifs qu’il
avait voulu stopper avec plusieurs de ces compagnon-ne-s.
Le programme nucléaire nous a toujours été imposé par la force et dans le plus
grand secret.
Partout en Europe, les Etats de toutes tendances réduisent un peu plus leurs oppositions
au silence en criminalisant les actions radicales. Le dernier mouvement sur les
retraites en France a donné lieu à plusieurs milliers d’arrestations et de nombreuses
violences policières, comme à Caen où un étudiant a reçu une grenade lacrymogène
en tir tendu dans la tête.
Ici comme ailleurs, l’Etat continue de montrer son véritable visage, autoritaire, sécuritaire,
au service de la continuation des intérêts capitalistes et nucléocratiques.
Malgré une forte mobilisation policière en Allemagne, l’opposition au transport de
novembre de déchets vers Gorleben a été importante à la veille de la décision de la
CDU de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires. Des manifestations massives
de plusieurs dizaine de milliers de personnes ont eu lieu. Sur le parcours, les
convois ont été bloqués par des manifestant-e-s assis sur les voies. D’autres ont tenté
de retirer le ballast des voies ou se sont suspendus au dessus des rails. D’autres
encore ont cherché à incendier un véhicule blindé.
En Allemagne, ce sont donc plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont
essayé d’empêcher le train d’arriver à destination en combinant différents types
d’actions selon les sensibilités de chacun-e.
Plus modestement, c’est ce qui a été tenté à Caen avec un rassemblement en gare,
une tentative d’occupation des voies, avec friction avec les forces de l’ordre, et l’enchainement
de plusieurs personnes en amont. Cette dernière action a entrainé un
retard de plus de 3 heures au train de déchets.
Des actions autour des tracés de lignes THT liées à l’implantation du réacteur nucléaire
EPR à Flamanville continuent d’avoir lieu*.
Ce genre de mobilisations est à multiplier et amplifier tout en réfléchissant à élaborer
des stratégies qui nous soient le moins préjudiciables possibles ▪

▪ Quelques antinucléaires engagé-e-s
dans la bataille du rail.

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*Nucléopolis est né le
vendredi 19 septembre
dernier. Ce pôle normand
de science nucléaire unit
les différents acteurs du
nucléaire en Normandie.
L’idée c’est de faire de la
Basse-Normandie un pôle
de compétitivité dans le
domaine.
S’y sont associé 45 membres.
Des entreprises du
nucléaire comme AREVA
ou EDF, des PME, des
laboratoires de recherche
comme le GANIL ou Cyceron,
l’école d’ingénieurs
en nucléaire de l’Ensi-
Caen, des collectivités
locales.
Le but : « Vendre la filière
nucléaire normande à
l’extérieur. Nous avons le
savoir-faire. Il faut le faire
savoir. »

*Sur ces votes on peut lire
Nucléaire : fusion et déraison,
article parut dans
le n°2 de la revue Z ; Ni
rose, ni vert l’EPR en
basse Normandie ? Article
disponible sur le site du
CRAN— http://
www.anartoka.com/cran/ –
; et on peut avoir accès au
vote du parlement européen
sur : http://
bit.ly/5PpHjX et à l’explication
risible de vote
d’Europe Ecologie sur
http://europeecologie.eu

* Le GANVA vient de
sortir un court texte qui
présente plus en détail ce
qu’il-elle-s combattent
leurs activités, leurs objectifs
et leur mode de
fonctionnement : Qui
sommes nous, que défendons
nous , disponible sur
le site du CRAN :
http://
www.anartoka.com/cran/
De nombreuses infos sont
également à disposition
sur leur site :
http://
ganva.blogspot.com/

*Le 25 septembre dernier
une action de
déboulonnage symbolique
et public de ligne THT a
eu lieu à Isygny le Buat
dans la Manche.
Sous l’oeil de nombreux
gendarmes, d’un hélico et
d’un agent RTE (réseau de
transport d’électricité) 6
boulons d’un pylone THT
ont été dévissés en
présence d’une centaine
de manifestant-e-s et
riverain-e-s puis déposés
au pied du pylone.
Cette action de
déosbéïssance visait à
montrer que le combat
anti-THT n’était pas mort,
mais également que le
réseau de transport
d’électricité est
vulnérable.
A nous de nous saisir de
leur vunérabilité.

Infos disponibles sur le
site du CRAN – Collectif
Radicalement AntiNucléaire
:
http://www.anartoka.com/
cran/portal.php

décembre 2010.