Encore une fois, si on qualifie des camarades d’être des terroristes, c’est simplement avec la volonté ferme de les isoler de luttes et de mouvements sociaux, et par là condamner tout acte de violence. La construction de ce nouvel « ennemi intérieur »* est préparée depuis bien longtemps, et notamment depuis le mouvement anti-CPE : la circulaire Dati du mois de juin 2008 formalise la définition de la mouvance « anarcho-autonome ». Elle vise clairement un ensemble de pratiques : les manifestations de solidarité devant les lieux d’enfermement et de tribunaux, les actes de sabotages, les tags, la volonté d’en découdre avec la police. Cette note policière et judiciaire attribue des pratiques à cette mouvance alors qu’elles sont des élénements inscrits au sein de mouvements sociaux et de la conflictualité des luttes.

Mais revenons sur les luttes du printemps 2006… Il faut rappeler que le mouvement anti-CPE a été un mouvement d’ampleur, d’une étendue nationale et regroupant plein de gens différents (allant des étudiants, aux chômeurs, salariés, précaires, etc…). Les mobilisations ne se sont pas limitées à revendiquer le retrait d’un nouveau contrat précaire, elles se sont aussi élargies à des critiques du travail et de l’exploitation.

Au cours de ce printemps 2006, l’ébullition des pratiques de lutte que ce soit chez les travailleurs, étudiants, chômeurs, précaires, ou au delà de ces catégories, a entrainé une transformation du rapport à la « violence » . Des pratiques telles que sabotages, manifestations sauvages ; blocages des voies de circulation se multiplient. Ces actes, trop souvent marginalisés, et caricaturé par exemple à l’image des casseurs, sont progressivement intégrés dans le mouvement et contribuent à sa force.

La lutte contre le CPE a été suivie d’une forte répression . Les chiffres officiels de la chancellerie en date du 18 avril 2006 dénombraient plus de 4350 arrestations et 637 procès. Mais la répression est aussi dans une stratégie politique, un travail coordonné entre police, justice et médias , qui vise à isoler et stigmatiser des individus et des actes qui participent du mouvement social. Tous les mots qui ont été utilisés par la presse pour définir le « qui » derrière des actes de révolte ont eu en commun de trouver des caractéristiques identitaires à des groupes et donc de décontextualiser, extraire différents types de pratiques ou d’organisation des luttes et des antagonismes sociaux.

Qu’est ce que la solidarité ? Lorsqu’on est confronté à la machine judiciaire, il est important de tenter de maintenir cet équilibre, faire que ces situations individuelles posent des questions et des réponses collectives. Il faut se défaire de l’idée de penser ces situations de répression en termes d’exceptions. Il y a souvent un raisonnement étrange qui voudrait que la répression mette en suspens le reste, comme si on pouvait s’extraire de la société et des rapports sociaux qui la traversent. Il faut donc toujours se demander ce qu’on porte et défend politiquement à travers la solidarité avec les personnes mises en causes judiciairement, et au delà du fait qu’elles soient coupables ou innocentes. Cette exigence est d’autant plus nécessaire lorsqu’il s’agit de répression qui touche des personnes avec qui nous avons partagé des moments de luttes.

C’est dans ce contexte que de nombreux collectifs et caisses de soutien se sont formés, pour apporter une aide concrète et matérielle aux inculpés. Et continuer d’affirmer une solidarité active avec les révoltés.

Collectif de solidarité avec les inculpés de la guerre sociale en cours : kalimeroparis@riseup.net

LA SOLIDARITE EST UNE ARME !

* http://infokiosques.net/mauvaises_intentions