Habitons nos quartiers, réapproprions nous la ville!
Le 47 rue de PARIS a été réquisitionné! et ce n’est qu’un début:

Rennes Métropôle travaille pour moi, mon bien-être, mes projets, mon futur
Et c’est en ce nom qu’elle fait tourner ces pelleteuses, ces grues et ces bétonnières; qu’elle repeint la ville aux couleurs de la rue Le Bastard, remplaçant notamment les bars par des banques, des assurances et des boutiques de modes ; qu’elle destine le couvent des jacobins à devenir un centre des congrès devant accueillir des managers en tout genre, après avoir vidé méticuleusement la place Saint-Anne de tout ce qui l’habitait, de tout ce qui faisait sa vie,
C’est en ce nom qu’elle pense l’urbanisme uniquement en terme de flux,
C’est en ce nom qu’elle achète, préempte, exproprie pour devenir le plus gros promoteur immobilier de rennes, ne se souciant guère de vider des quartiers entiers de leur vie, du peu de lien social qui y persiste, et sachant pertinemment que des gens avaient là toute leur histoire.
C’est en ce nom qu’elle couvre de caméras le territoire, quadrillé par de nouvelles unités de police, toujours plus nombreuses, toujours plus équipées.
Qu’elle aménage, qu’elle restructure, qu’elle nettoie et qu’elle épure, qu’elle assouvit sa vocation à tout maîtriser, à tout contrôler, à nous contrôler tous.

Rennes Métropôle travaille pour l’emploi, le dynamisme et l’attractivité du territoire, … pour L’économie.
Et c’est au nom de l’économie que je me lève, vais en cours, au travail ou à Pôle Emploi, que je vais faire des courses, que je vais me divertir … et tout cela je le fais seul.
Il y a des gens partout, tellement que c’en est oppressant, je les croise dans la rue, j’esquive leurs regards dans le métro, je les subis dans l’ascenseur. Et pourtant, j’aurais tant besoin de briser cette solitude, de tisser des liens intenses, de remplir ma vie de choses partagées, de quelque-chose qui ait le goût du bonheur …
À la place, rien, le vide. Du coup je décore mon chez moi, je le dote du confort dernier cri, acheté à crédit. Et je fais des projets, des projets de voyages, des projets pour ma retraite ; un jour j’aurais les moyens d’acheter une voiture, un jour j’aurais le temps de faire ci ou ça; j’hypothèque mon présent au nom d’un futur incertain.
Et quand l’absence de mes semblables est intenable, je sors ; je me replonge dans ces rues pour aller voir un film ou payer un verre à des connaissances. Rejoindre un bar ou un cinéma; je sais que ce ne sont que des prétextes, et je m’efforce d’oublier que ces prétextes sont payants, qu’il n’en n’existe pas, ou si peu, de gratuits.
Rejoindre un parc alors ? S’asseoir sur les pelouses est bien souvent défendu.
Piquer un roupillon sur un banc public? Des accoudoirs ont été installés pour empêcher ces « sales pauvres de SDF » d’y dormir.
Retrouver une bande de potes en bas de l’immeuble ou sur le parvis? Il y a des lois aussi pour ça.
Se rencontrer est soit Payant, soit Interdit.
Et puis il y a ces fois, ces rares fois où je ne vais nulle part, n’ai rien trouvé à faire, n’ai personne à voir, mais ne peut plus me résoudre à rester chez moi. J’erre alors, inutile, dans ces artères où l’on circule, ces places où l’on ne s’arrête pas, et alors je regarde autour de moi.
J’ai besoin d’autre chose, mais ne rencontre rien ;
pas une accroche, aucun espace, aucun lieu où pouvoir s’arrêter, sans avoir à se justifier,
sans avoir à feindre, en sortant un billet, qu’on sait pourquoi on vient mais qu’on n’va pas rester, qu’on a d’autres choses très importantes à faire ;
un lieu où pouvoir se rechauffer s’il fait froid, en nous comme au dehors ;
où quelque chose de plus fort nous lie à l’autre que l’on rencontre, quelque chose qui nous happe, nous donne envie de revenir, de mettre en jeu notre destinée autrement que par une carrière, un placement immobilier, un achat quelconque, un endettement de plus…

Le constat est rude: si je ne circule pas, si je ne consomme pas, si je ne travaille pas, je n’ai pas de raisons d’être là, cette ville n’est pas pour moi, je suis de trop.
Alors je me replonge dans le bain, reprends ma place dans le train-train à grande vitesse, regrettant le jour de voir filer le temps et de repousser toujours l’essentiel à demain, et laissant à mes nuits le soin d’exhaucer mes désirs par le rêve.

Et si nous cessions d’être des passants, des clients, et des endettés
Et si nous cessions d’être des locataires, des allocataires, et des usagers …
Et si nous refusions d’être de « très chers concitoyens ».

Et si nous décidions d’habiter vraiment nos maisons, nos rues, nos quartiers !

Emplissons-les de nos rencontres, de nos énergies enfin libérées !!
Submergeons-les de notre désir de vivre, de vivre intensément !!!

Nous avons commencé

Nous avons réquisitionné, au 47 rue de Paris, une grande maison appartenant jusqu’ici à la mairie de rennes, laissée comme vide et sans usage.
Il se pourrait bien que ce lieu accueille prochainement une bibliothèque, une salle informatique, des machines à laver ou à coudre, des établis et des postes à souder, une crêche et une cantine, une salle de sport, …
Le tout en libre accès, non pas comme une simple mise à disposition gratuite, comme un… service ; mais plutôt comme une réponse collective à notre envie de découvrir la joie de faire ensemble, de fuir le délire économique, de nous organiser pour ne plus dépendre des relations marchandes, de nous organiser pour ne plus payer!!

Nous avons commencé et tout reste à faire.
Nous vous invitons à vous embarquer dans l’aventure! Le 47 rue de PARIS vous attend. Passez quand vous voulez et notez d’ores-et-déjà ces trois rendez-vous:

– JEUDI 21h30 : projection d’un film sur les Diggers
– SAMEDI dès 20h00: concerts, boom
– DIMANCHE 15H00: tous les dimanches, assemblée ouverte à tous pour s’organiser.

Apportez tout ce que vous jugerez utile: machine à laver, outils divers et variés, vaisselles, canapés, … etc, etc…

A très bientôt!!