Depuis plusieurs mois maintenant les chiffres du chômage s’affolent, les plans sociaux se succèdent… Face à la situation qui se détériore rapidement les salarié-es ont d’abord répondu par la traditionnelle démonstration de force.
Après les grèves générales du 29 janvier et du 19 mars 2009 (plus de 3 millions de manifestant.es dans les rues) la réponse du gouvernement fut nulle.
Depuis, rien si ce n’est l’explosion à la face de chacun de la réalité sociale du pays…
Nous n’aurons rien que nous ne prendrons !

Le pouvoir ne pouvait s’assoir éhontément sur des manifestations monstres sans aucunes réactions de la part des salarié-es. C’est sous-estimer la colère profonde qui agite une part de plus en plus croissante du peuple.
Les syndicats incapables de proposer une perspective digne de ce nom ont fait plusieurs réunions pour décider de ne rien décider.
Soyons juste ! Ils ont décidé d’un 1er mai unitaire (sic).
Logiquement la base se rebiffe. Loin d’un noyautage des syndicats par des gauchistes enragé.es, loin de « l’ennemie intérieur » tour à tour nommé « ultra-gauche » ou « Black Bloks », c’est la base qui déborde ses propres structures syndicales nationales.

Pour exemples :

– Le 12 et 13 mars 2009 : Les salarié-es de Sony de Pintonx-su-l’Adour, séquestrent le PDG et le DRH de Sony France pendant deux jours.
– Du 24 au 25 mars 2009 : C’est au tour des salariés de 3M santé de Pithiviers de retenir leur directeur d’usine.
– Le 31 mars 2009 : Des salarié-es de la FNAC bloquent à Paris François-Henri Pinault dans son taxi pendant une heure.
– Du 31 mars au 1er avril 2009 : Les salarié-es de Caterpillar de Grenoble/ Echirolles retiennent 5 cadres. [1]
– Le 7 et 8 avril 2009 : Soixante salarié-es de SCAPA à Bellegarde-sur-Valserine retiennent 4 cadres de la boite.
– Depuis le 9 avril 2009 : Des employé-es d’EDF et de GDF procèdent à des coupures ciblées de l’électricité, ou encore ils passent les clients en tarif de nuit.
– Le 9 avril 2009 : Chez Faurecia, des salarié-es bloquent pendant 5 heures trois cadres de PSA.
– Le 15 avril 2009 : Des syndicalistes de Florange occupent un centre d’aiguillage névralgique pour faire pression sur la direction d’Arcelor Mittal.
– Le 16 avril 2009 : Des salarié-es retiennent pendant 12heures 4 directeurs de l’entreprise FM Logistic.
– Les 15 et 16 avril 2009 : Des marins pêcheurs du nord de la France bloquent de nombreux ports, parallisant ainsi tout le trafic des ferries en direction de l’Angleterre.
– Le 20 et 21 avril 2009 : Les salarié-es de Molex retiennent deux cadres pendant 24h.
– Le 21 avril 2009 : 300 salarié-es (sur 1100) de Continental s’attaquent d’abord à la guérite à l’entrée de leur usine puis vont saccager la sous-préfecture de Compiègne. Loin de se désolidariser, les salarié.es assument leur action.
– Le 23 avril 2009 : Des salarié-es du chantier de réparation navale Union Naval Marseille (UNM) bloquent les accès terrestres du port autonome de Marseille.

Dans les conditions actuelles, ni l’État, ni les centrales syndicales ne peuvent être surpris.es de la radicalisation qui s’opère à vitesse grand V dans le pays. Déjà cet hiver, la Grèce nous donnait l’aperçu d’une révolte généralisée de la jeunesse précarisée. Le mouvement victorieux des Antilles a contribué à alimenter l’inconscient collectif et la perspective d’un mouvement de masse victorieux.
Pour notre part nous nous en réjouissons. Pour une fois que des perspectives de débordements révolutionnaires pointe leur nez nous ne saurons que soutenir toutes les actions entreprisent par les salarié.es.
Loin d’être des « actions désespérées » ces pratiques renouent avec l’offensivité qui nous fait défaut depuis trop d’années.

La crise aura au moins ce mérite.

A chaque « séquestration » de la direction, les employé-es ont obtenu des avantages significatifs (sauf chez Faurecia, mais la retenue n’aura duré que 5 heures).

[1] Voir l’édito fouillé d’indymedia-grenoble.