VIVE LA MONDIALISATION ?

Le Forum social européen qui s’est tenu en région parisienne a réuni des dizaines de milliers de travailleurs, de militants associatifs, de syndicalistes et de jeunes bien décidés à changer le monde. Leurs adversaires mal intentionnés les ont baptisés anti-mondialistes, eux se disent altermondialistes, ceux qui veulent un autre monde, et ce n’est pas du tout pareil !
S’opposer à la mondialisation serait absurde et impossible ! Ce serait faire comme les Canuts lyonnais qui au XIXe siècle accusant les métiers à tisser de les priver de travail (ce qui était vrai), les jetaient dans le Rhône (ce qui n’a rien changé !) La roue de l’histoire ne tourne pas à l’envers !
C’est le fonctionnement même de l’économie capitaliste qui conduit à produire toujours plus vite et toujours plus et englobe dans son business toujours davantage de gens, toujours plus de pays. Pas très difficile d’en comprendre les raisons : le but de « l’investisseur » (celui qui met de l’argent dans une affaire) n’est pas de produire des chaussettes ou des automobiles. Il est, au bout d’un temps le plus court possible, de récupérer sa mise, son capital, augmenté d’un bénéfice. Après avoir prélevé de quoi vivre très confortablement, il le réinvestit dans une entreprise encore plus grande, encore plus performante, encore plus productive. Obligé ! S’il ne le fait pas, ses concurrents le coulent en produisant plus vite et moins cher.
L’économie se trouve donc lancée dans une course folle à la productivité, à l’abaissement des coûts et à l’augmentation de la production. Elle a d’abord gagné l’Europe et l’Amérique du Nord puis le monde entier pour y piller les matières premières, y trouver des débouchés pour les marchandises puis pour les capitaux et y exploiter une main-d’œuvre sous payée.
Le phénomène n’est pas nouveau. Apparu au XIXe siècle, il s’est accéléré au long du XXe et explose depuis quelques décennies : gros investissements dans certains pays en voie de développement, délocalisations, naissance d’une classe bourgeoise de millions d’individus en Russie, en Inde, au Brésil, en Chine même.
Alors, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ? Non, évidemment ! Car ce développement, réel pour une minorité dans certains pays s’accompagne de souffrances sans nom pour la majorité et de conditions plus difficiles pour les salariés des pays riches. Là encore, ce n’est pas nouveau : l’enrichissement des bourgeoisies européennes et américaine s’est fait, au XIXe siècle, en saignant la classe ouvrière.
En outre, cette équipée sauvage est menée à la barbare : destruction massive des ressources naturelles, pillage de pays entiers mais aussi conflits sanglants. La guerre est la continuation de la concurrence par d’autres moyens, sans limite. Les innombrables conflits qui déchirent la planète sont utilisés, envenimés, quand ce n’est pas carrément provoqués, pour des mobiles qui n’ont rien à voir avec ce qu’on veut faire croire aux populations. Antagonismes nationaux ou régionaux, disputes religieuses, tout est fait pour dresser les populations les unes contre les autres… tandis qu’en sous-main certains cultivent les fanatismes pour s’en mettre plein les poches ou revendiquer leur part.
Alors que tout existe pour que le globe s’unifie et que l’ensemble des humains puisse jouir en paix des richesses qu’ils produisent, l’organisation délirante de la production et de la circulation des marchandises aboutit à enfermer chacun dans ses croyances d’un autre âge et dans son chauvinisme étriqué.
Ce n’est pas de moins de mondialisation que l’humanité a besoin. Mais de bien plus de mondialisation encore, une mondialisation débarrassée des formes politiques et économiques que sont le capitalisme et la dictature des exploiteurs.

LE CAPITALISME
CONTRE LE GENRE HUMAIN
Au Forum Social Européen se sont rassemblés ceux qui veulent un autre monde. Il y a de quoi ! Depuis des siècles la société humaine ne connaît que l’inégalité, la lutte immédiate pour la survie individuelle, les guerres et la répression sociale des opprimés (les esclaves puis les paysans, les ouvriers et maintenant les salariés l).
Aujourd’hui, le capitalisme qui n’a rien réglé des problèmes fondamentaux, ajoute sa marque et achève la ruine de la planète en détruisant définitivement la nature.
Ce qui nous attend dans un avenir immédiat, c’est de mourir étouffé dans la pollution caniculaire en Occident ou de se noyer dans les inondations catastrophiques dues à la déforestation en Asie.
Mais nous dira-t-on, on ne peut rien faire, les grands maux ont toujours existé. Quand ce n’était pas la pollution des diesels, c’était la peste du Moyen-Age causée par l’absence d’hygiène.
Pourtant cette situation est récente et date de moins de 10.000 ans sur les millions d’années de l’histoire de l’Humanité.
Avant l’agriculture les hommes vivaient en petits groupes de la cueillette et de la chasse. S’ils s’étripaient joyeusement entre tribus rivales sous le moindre prétexte, l’équilibre avec la nature était maintenu.
Il y a à peine 8000 ans, l’agriculture apparaît dans ce qu’on nomme aujourd’hui le Croissant fertile. C’est un drôle de nom pour une région à peu près désertique -dont le centre est dans l’Irak d’aujourd’hui-. Mais il y a 8000 ans, le Moyen Orient était couvert de forêts et ce n’est que l’agriculture sans frein qui a rapidement épuisé ces sols fragiles.
Or, en ce début de XXIème siècle, ce sont des moyens autrement puissants qui sont mis en oeuvre. Toute la machinerie de destruction du complexe agro-industriel est mise en branle pour achever la planète. Monsanto et les autres multinationales de même rang ont mis la Terre en coupe réglée. D’ici peu les forêts tropicales seront mortes et nous vivrons tous dans un gigantesque « croissant fertile » : un désert dans lequel ne resteront que les OGM, les hommes et leurs animaux domestiques enfermés dans de vrais camps de concentration. Un monde vide, en proie aux cataclysmes météorologiques, où ceux qui ne seraient pas encore fous le deviendront rapidement.
Prendre conscience de ce futur est la seule manière de l’éviter. Il ne faut pas se tromper d’ennemi. Tous ceux qui refusent de voir la réalité font penser à cette fourmilière piétinée -dans un roman de Victor Serge- où les fourmis inconscientes vaquent à leurs occupations comme si rien ne se passait.
Aujourd’hui il faut s’engager d’urgence dans un combat pour changer radicalement la société, sa structure et son mode de fonctionnement. C’est la seule manière de nous sauver et avec nous, tout notre environnement.

JOURNAL D’UNE FILLE DE 20 ANS
Je ne porte ni croix, ni voile, ni kippa. J’habite en banlieue. Pas une cité « sensible », pas la banlieue de la télé, un coin plutôt tranquille. Une fille dans un monde normal. Je croyais.
L’été dernier, il a fait chaud, la canicule. J’ai mis une jupe. Pas une mini, pas une jupette, une simple jupe, parce qu’il faisait trop chaud pour porter un jean.
Scène de rue. Un type m’aborde pour me demander mon numéro de téléphone : « Je te trouve mignonne ». Je décline poliment. Il insiste puis s’énerve et me prend brutalement le bras. Je me dégage violemment tandis qu’il ressasse son disque rayé : « je te trouve mignonne » comme si ça suffisait à lui donner le droit de porter la main sur moi. J’étais en jupe, j’étais dans la rue, il trouvait normal d’avoir des droits sur moi. Vus l’heure et le quartier, je ne risquais pas grand chose.
Mais, quand même, pour ne plus me faire emmerder, je ne porte plus de jupe. Y compris quand les garçons sont torse nu et en short (ce qui, bizarrement, ne me donne aucune envie de leur sauter dessus, aussi « mignons » soient-ils). * * *
Comme Céline, bien des filles ne portent plus de jupe sous peine de se faire enquiquiner, insulter, traiter de « putes » avec ce qui peut s’en suivre. Et elles baissent les yeux devant les groupes de garçons. Par peur, et on les comprend. Mais est-ce une vie ? A quand la révolte ?

Petit poème manuscrit
sur une feuille photocopiée ramassée au hasard d’une manifestation (Rassemblement des chômeurs, le 30 octobre devant l’UNEDIC)
Laissez passer tous les précaires
Qui ont le droit d’vivre à plein temps
Vous les barons, tous les Sellières
Foutez-nous le camp.
Laissez parler tous les chômeurs
Dire tout ce qu’ils ont sur le cœur
Avec eux soyez solidaire
Pour pas qu’ils meurent.
Laissez nos droits élémentaires
Faut pas qu’ils soient fichus par terre
C’est pas parce qu’on est dans l’exclus’
Faut pas qu’on nous prenne pour des cons
La guerre au pauvre, on n’en veut pas
Dans la rue, on revendiquera
L’baron, Fillon et Aillagon
On vous pendra
Ça ira, ça ira, ça ira…