Après près de dix mois en « liberté provisoire », les juges m’ont réincarcéré le 11 mars pour « violation volontaire aux obligations de contrôle judiciaire » (voir « Le « cadeau » de la juge antiterroriste » : http://nantes.indymedia.org/article/14975). Sur la base d’un rapport de la section anti-terroriste de la brigade criminelle, ils me reprochent d’avoir parlé avec Ivan lors de deux manifestations de solidarité avec « Isa et tous les prisonniers » au mois de Janvier. Que les sources de ce rapport de police soient plus que troubles, qu’il ne comporte aucune photo à l’appui et que je me sois expliqué n’y a strictement rien changé. Dans un monde où police et justice sont les deux faces de la même machine à opprimer, rien de bien étonnant là-dedans. C’est sûrement pour celà qu’Ivan a lui décidé de ne pas se rendre à une convocation dans un palais de justice qui avait plus que jamais l’odeur de la prison. Je lui souhaite une belle escapade, au plus près de son désir de liberté, en touchant du bois pour qu’aucun chien du pouvoir ne vienne se mettre en travers de sa route. Pour ma part, sans penser qu’il y avait là un « bon » ou un « mauvais » choix à faire, j’ai seulement choisi d’affronter maintenant cette nouvelle épreuve, et bien décidé à continuer la lutte et à ne rien lâcher, je me suis rendu à la convocation en connaissance de cause.
Face à moi ce jour-là, j’ai trouvé Edmont Brunaud, juge d’instruction anti-terroriste, et une montagne d’hypocrisie, comme il sied à ceux qui ont la dure tâche par les temps qui courent de représenter les illusoires garanties « démocratiques ». Au moment de m’expédier entre quatre murs, il m’a dit « je n’ai pas le choix »; voulait-il parler des pressions exercées sur lui par la procureure anti-terroriste, bien loin des légendes (pour syndicalistes de la magistrature…) sur l’indépendance des juges d’instruction. Qui sait? Toujours est-il qu’il se déchargeait bien sûr de la responsabilité de cette décision devant le juge des libertés et de la détention, devant lequel il me renvoyait, Jean-Michel Maton (sic). Les meilleures choses ayant une fin, lui décidait rapidement mon retour en détention préventive.
M. Maton (sic) produisait quand même une longue ordonnance dans laquelle il rappelait que nous avions participé Ivan et moi aux manifestations du 15 Janvier dans le palais de justice puis devant la direction de l’administration pénitentiaire (suite à quoi nous aurions été vus dans un café avec d’autres personnes, et pour mettre une couche en plus, bien sûr pas pour se faire des blagues (de cul, ou jouer à la belote), non, la police le sait bien, c’était une réunion de la « mouvance »!), et du 18 Janvier devant la maison d’arrêt des femmes de Versailles. Il écrivait tout de suite après qu’il n’était bien entendu pas interdit de manifester… mais pas tous les deux! Deux « terroristes » présumés qui se permettent de crier ensemble « destruction de toutes les prisons », on n’est pas loin de l’atteinte à la sûreté de l’état là!
Sans doute auraient-ils voulu qu’après 4 mois de détention préventive pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », nous prenions peur et nous désertions ce qui était, avant l’offensive de l’état, nos terrains de lutte, pour la liberté de tous, contre tous les enfermements. Celà n’a pas été le cas, car de l’autre côté du mur, face à la logique judiciaire d’emprisonnement massif des pauvres et des étrangers, face à la réalité carcérale d’écrasement et d’anihilation, nos idées et notre rage n’en sont sorties que plus déterminées. C’est donc bien pour celà, parce que nous sommes restés debout, refusant l’isolement qui nous était promis, que les juges se sont décidés à nous « punir » et à nous renvoyer derrière les hauts murs. [ D’ailleurs dans l’ordonnance il m’est reproché d’avoir plusieurs fois osé demander des modifications du contrôle judiciaire, montrant bien ce qu’est le contrôle judiciaire, une « liberté » surveillée par les juges, les flics et les assistantes sociales; et à condition de fermer sa gueule.]
Maintenant en prison je ne pense pas que ce qui m’arrive est éloigné du sort réservé au plus grand nombre, récalcitrants et accidentés de la dictature de l’exploitation, que casier judiciaire et autres peines planchers envoient toujours plus en taule, et tous les combats qu’il sera possible de mener ici, je les mènerai avec rage et joie. Quant à la situation sociale dans le « monde extérieur », ils peuvent bien nous enfermer, ça n’empêchera pas que la colère et les révoltes contre l’ordre des choses continuent de croître… et que les manifestants nocturnes de la capitale continuent de marcher… et plus!

Soulèvement général!

Liberté pour tous les prisonniers!

*surnoms

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