Les forums sociaux sont en perte de vitesse. L’organisation attendait trente mille personnes. De dix à quinze mille seulement ont assisté aux conférences, ateliers et centaines de rendez-vous cultureux (concerts, soirées, etc.). Le prix du trajet pour le sud de la Suède en aura sûrement découragé plus d’un.e. Ajouté à la dispersion des sites en ville, Malmö n’a jamais pris le rythme de l’événement qu’elle accueillait. L’organisation était un peu chaotique : traductions payantes non assurées [1], hébergement lointain, peu de places disponibles pour assister aux conférences, etc. Mais surtout, vingt euros le pass et contrôles insistants à l’entrée de chaque lieu. Un forum altermondialiste, si, si…

« Activisitor » et/ou passivisitors

Les pancartes le disent : à Malmö on est activisitor . Et c’est bien en tant que visiteur qu’on assiste aux « conférences-débats », où l’on écoute les intervenant.es enchaînant les cours magistraux. Un débat sur la précarité et le chômage se transforme en monologues de représentant.es syndicaux français et italiens. Un catéchisme altermondialiste vu et revu depuis dix ans. Le débat sur les médias, c’est cinq journalistes face à trente personnes. Chacun montre son journal et sa façon d’analyser l’empire médiatique. Parmi eux, Le monde diplomatique et Yes, un magasine anglais qui se bat « pour construire un monde plus juste ». Le tout nourri d’applaudissements béats et d’autosatisfaction à propos de la diversité des interventions. Quid des échanges sur les pratiques concrètes de lutte ? Quid de la participation, de la discussion ? Trois questions en fin de conférence et c’est torché. À Malmö, on est surtout passivisitor .