Un petit mot est lancé plus spécialement à l’adresse de la vingtaine de détenus qui, après une semaine, avaient arrêté leur grève de la faim le jour même, ainsi qu’envers Hossein placé au cachot pour tentative de suicide suite à une expulsion imminente. Depuis le 24 août 2008, la capacité de ce camp de déportation a été considérablement réduite suite aux incendies coordonnés qui ont ravagé deux des trois ailes peu après minuit. Ceci ne fût que le pic (du moins jusqu’à présent) d’une période marquée d’évasions, de révoltes individuelles et d’émeutes. Nous reconnaissons notre propre désir de liberté dans ces gestes de révolte qui portent en eux la possibilité toujours présente de l’affrontement direct avec ce qui nous opprime, sans respecter les marges de contestation permises par l’Etat et ses valeurs. C’est pourquoi aucune autorisation n’a été demandée pour ce rassemblement avec comme conséquence directe la possibilité de s’affronter avec les forces de l’ordre.
Après une dizaine de minutes, on décide de quitter les lieux. Au même moment, une première caisse de flics arrive. Demande d’identité, le groupe refuse en block et continue sa route. Deux policiers descendent et le plus zélé des deux tente une première interpellation qui échoue grâce à la cohésion du groupe.
Le groupe continue à avancer vers la gare. Il est maintenant entouré de trois voitures de keufs.
Au moment de passer la gare, un cordon de flic bloque l’accès au quai et la route menant au village de Nossegem. Une poussée est initiée pour au moins dégager l’accès au quai, ce qui est fait. Les coups de matraques commencent à tomber et dans le mouvement un gros porc de flic soulève une compagnonne au-dessus de ses épaules et la projette à terre.
Le groupe est alors scindé par deux rangées de flics et notre compagnonne reste seule par terre, incapable de bouger.
Des deux côtés, ça pousse, ça cogne, poings et pieds contre matraques. A chaque fois qu’un compagnon se fait agripper par les flics, il est récupéré par le groupe. Cela dure un bon quart d’heure. Les renforts arrivent en nombre et parviennent à arrêter l’ensemble du groupe.

Tous amenés au commissariat, nous serons relâchés après un contrôle d’identité. Quelques compagnons et compagnonnes refusent néanmoins de décliner leurs identités. Ils seront gardés jusqu’au lendemain.
La compagnonne blessée est encore à l’hôpital avec deux vertèbres félées.

Il n’est pas à nous de pleurer sur les coups de matraques. Nous revendiquons haut et fort notre choix et notre tentative d’affronter les forces de l’ordre. Avec cette initiative, nous voulons également nous inscrire dans la semaine de solidarité internationale avec Isa et tous les prisonniers en lutte, (accusée, parmi d’autres, d’une tentative d’incendie d’une dépanneuse de flic garée devant un commissariat à Paris).

Par contre, il est bel et bien à nous de continuer à lutter contre les frontières, les prisons et le monde qui en a besoin. Face aux flics qui ont mis une compagnonne à l’hôpital et les heures perdues dans les cellules, nous répondrons et nous appelons celles et ceux qui veulent encore se battre contre l’autorité dans toutes ses formes en diffusant la révolte.

“Pas apprivoisés, pas apprivoisables,
Vous aurez beau nous matraquer,
vous n’aurez rien chez nous de rentable”