Jean-Marc en répondant à une interview de l’Express s’est vu supprimer son régime de semi-liberté qui lui permettait d’aller travailler chez son employeur, la maison d’édition Agone à Marseille.

Le repentir comme pratique judiciaire ?

« Rouillan a même relu l’interview », glisse doucement Gilles Rof, le journaliste qui a signé l’article sur Jean Marc Rouillan, pour sa publication finalement dans l’Express. Ce dont il ne fallait pas parler, Jean-Marc l’a fait, c’est à dire de la lutte armée, et donc la mort de Georges Besse en 1986, patron de Renault mais surtout fondateur d’Eurodif, un consortium nucléaire dont les fonds étaient iraniens.

Emballement médiatique ou piège de l’Express dirigé par Christophe Barbier qui conclut dans sa réponse à Carreyrou l’accusant d’apologie du crime: « C’est la recherche d’informations inédites, de scoops qui nous anime. » A quel prix quand les lecteurs de ce journal, pourtant habitués aux sujets racoleurs s’offusquent des propos de Jean Marc Rouillan. Reste que Rouillan fait vendre.

Pour ce qu’il n’a pas dit Jean-Marc Rouillan a risqué la détention complète alors qu’il a déjà passé vingt et un ans sous les barreaux. C’est ce que sont venu dire ceux qui le soutiennent lors d’une conférence de presse à Marseille à la librairie Paidos.
Alessi del Umbria, majestueux dans son costume crème, par ailleurs auteur chez Agone a parlé de celui « qui veut tourner la page mais pas la déchirer. « Il a évoqué « un homme qui assume son passé avec noblesse. » Au contraire de Stéphane Durand-Souffland qui dans le Figaro.Fr qualifie Jean-Marc Rouillan « d’ être d’une autre époque »

Thierry Discepolo, son employeur chez Agone, s’en prit à la transformation en spectacle d’une interview : « Parler à certains journalistes vous envoie en prison » expliqua-t-il. C’est la fausse dépêche de l’AFP reprise en chœur par des médias en manque de scoops qui a relancé cette affaire. Après qu’Alain Castan pour le NPA local insistait sur la liberté d’expression du citoyen, du côté du PCF, Christine Mendelson soulignait l’acharnement contre « ceux qui attaquent le capital » rappelant pour ceux qui l’ignoraient « qu’au PC nous ne l’avons pas attaqué comme ça. »
Jean-Marc Rouillan attend donc la décision du Juge d’Application des Peines qui décidera le 16 octobre si son régime de semi-liberté est abrogé. Son avocat est confiant, moins qu’Yves Peyrat, membre du collectif de soutien à Action Directe, qui rappelle que, « Si Jean marc rentre, les autres ne sortiront pas. »
Un communiqué de Miguel Benasayag, ancien guévariste et aujourd’hui psychanalyste condamnait ce repentir réclamé par la Justice française, « Il ne s’agit pas de Jean Marc Rouillan » mais de toute une époque qui doit rendre des comptes. Une expurgation de 68 dont vient en droite ligne le fondateur d’AD, mieux, « Un Guantanamo diffus » dont le message s’adresse à tous, aux faucheurs d’OGM comme à tous ceux qui enfreignent la loi. Rouillan serait le catalyseur de ces attaques. Il n’en fallait pas plus pour que Charlie Bauer , « écrivant et révolutionnaire » surtout connu pour ses années passées en QHS, prenne la parole toujours solidaire: « Jean-Marc est un camarade. On ne doit pas payer sa dette » mais vindicatif : « La lutte armée je ne la regrette pas. ». Robert Bret, ex-sénateur PCF des Bouches-du-Rhône qui s’est rendu à plusieurs reprises rendre visite aux anciens d’AD, a condamné cette double peine infligée à « ceux qui ne sont pas d’accord avec le système capitaliste. » Il s’est étonné de « cette repentance, ce reniement » que réclame en outre Françoise Besse, la veuve du président d’Eurodif : « Rouillan ne pourra jamais payer sa dette. » a-t-elle déclarée sommairement au Monde.

Est-ce pour mieux le faire taire qu’on lui interdit de parler du passé. Philippe Bidart, ancien d’Iperratarrak en liberté conditionnelle, doit lui aussi passer devant une commission pour encadrer sa parole. Il semble dans le collimateur comme l’association pour laquelle il travaille : la Cimade.

Le 16 octobre, Jean Marc Rouillan a donc appris qu’il resterait en prison. De fait il a perdu son emploi. Et CQFD, le journal où il a écrit ses chroniques pendant ses années d’incarcération va pouvoir lui rendre sa rubrique mensuelle.

C.G. à Marseille.