A l’appel de :

Réseau Université Sans Frontières 21 – Collectif de solidarité avec les inculpé-e-s 21

Vendredi 4 avril, une nouvelle fois, un sans-papiers, Baba Traoré, trouvait la mort en banlieue parisienne alors qu’il tentait d’échapper à la police.

Samedi 5 avril, des dizaines de milliers de personnes défilaient dans les rues de France pour crier leur rage face à la terreur que fait régner l’Etat français sur les étranger-e-s. A Paris notamment, des flots de fumigènes ont éclairé le défilé, afin de marquer un soutien à Ivan et Bruno, emprisonnés depuis le 19 janvier pour avoir voulu se rendre à une manifestation devant le centre de rétention de Vincennes avec… des fumigènes.

Leur emprisonnement s’inscrit dans le contexte d’une lutte en expansion que l’Etat cherche à étouffer. Depuis quelques mois, à l’intérieur des centres de rétention en France, des sans-papiers communiquent vers l’extérieur sur leur emprisonnement, s’enfuient, font des grèves de la faim, refusent de rentrer dans leur chambre, incendient leur cellule, vont jusqu’à tenter de se suicider ou de s’auto-mutiler, et en retour, se font systématiquement tabasser par des CRS, isoler, humilier, déporter.

A l’extérieur, des individus et des collectifs s’organisent pour empêcher des rafles dans la rue ou des avions de décoller, pour cacher des sans-papiers, remplir des dossiers, se marier, faire reculer la police à la sortie des écoles, occuper des préfectures, faire savoir ce qui se passe dans les centres de rétention et multiplier les manifestations et rassemblements de soutien. Pendant plusieurs semaines, au tournant de l’année, des milliers de personnes se sont ainsi réunies régulièrement devant le centre de rétention de Vincennes, en lançant des feux d’artifice et en criant « liberté » d’une seule voix avec les retenus.

Là encore, la répression policière ne s’est pas faite attendre : le 19 janvier, trois personnes sont arrêtées sur le chemin de la manifestation contre l’allongement de la durée de rétention pour avoir eu des fumigènes et des pétards avec eux. Par protestation contre le fichage, ils refusent de donner leur ADN et leurs empreintes digitales. Des appartements sont ensuite perquisitionnés et saccagés. Les policiers n’y trouveront que quelques brochures militantes, ce qui n’empêche pas qu’un juge anti-terroriste soit chargé d’instruire une enquête pour « association de malfaiteurs, détention et transports d’engins incendiaires ou explosifs en vue de détruire des biens ou de commettre des atteintes aux personnes ». Deux d’entres eux, Ivan et Bruno, sont incarcérés depuis, en attente d’un procès. Dans la semaine qui suit leur arrestation, la presse, racoleuse, reprend san aucun recul la version policière, et parle de « junior-terroristes » et de fantomatiques réseaux qui se préparerait à la lutte armée. Ici quelques fumigènes, pourtant couramment utilisés dans les manifs, ont suffi au gouvernement pour oser brandir une nouvelle fois le spectre du terrorisme. L’objectif est clair : museler toute contestation, tenter de diviser les militant-e-s, d’en isoler certain-e-s, de faire taire et réprimer tous ceux qui luttent contre l’enfermement et le traitement que subissent en France les classes populaires et les étranger-e-s.

Si le cas d’Ivan et Bruno peut sembler particulièrement choquant, il est malheureusement symptomatique d’une répression accrue des militant-e-s. Depuis janvier, diverses personnes ont été arrêtées et inculpées, pour avoir voulu se rapprocher des détenu-e-s devant un centre de rétention, pour avoir protesté lors d’une rafle, pour avoir accueilli des sans-papiers chez eux, pour avoir refusé qu’un avion décolle avec des personnes bâillonnées à son bord …

Pas plus que nous ne pouvons laisser des sans-papiers se faire expulser, nous ne pouvons laisser des compagnons de lutte croupir en prison pour leur solidarité. Ne laissons personne isolé-e face à la justice et à la police, continuons à désobéir aux lois racistes, multiplions les insoumissions !