Causes générales de notre affaiblissement continu :

· Criminalisation du « communisme », pays de l’Est, Chine, Corée du nord, Cuba etc réputation entachée, amalgame… .Depuis longtemps.
· Anticommunisme de tous les instants, grossier ou insidieux, y compris ironique ; l’ironie c’est la haine qui s’amuse.
· Désinvestissement du « politique » dans la conscience populaire.
· En interne : dispersion, divisions et souvent images négatives : Gremetz, Martelli, Zarka etc, tous ceux qui se complaisent toujours dans la rubrique « être pour ce qui est contre et contre ce qui est pour »… la direction du parti.
· Enfantement difficile et échec des collectifs unitaires.
· Croyance irréfléchie dans les suites possibles du « NON » de mai 2005.
· Censure des propositions et avis du PC.
· Bipartisme programmé, institué.
· Mise en orbite, depuis plusieurs années du porte-parole et représentant du capitalisme : Sarkozy
· Etc …Etc…Etc…
Pas étonnant que nous plafonnions à 2% !
Remarques :
Toutes ces causes, plus ou moins importantes, ont toutes un point commun, primordial : le formatage de l’opinion par des médias aux ordres.
Le PC est-il réellement au fait de cette réalité ? Retard évident. Un petit mieux cependant récemment.
Depuis longtemps, et de tous les côtés, l’alerte avait été donnée : Albert JACQUART, BOURDIEU, Serge ALIMI, MALLER, ONFRAY, ( voir références et documents joints) etc. etc.
La commission médias du PC a produit un super document « Pour une appropriation populaire des médias » resté hélas confidentiel. Évidemment, il ne fallait pas s’attendre à une promo de cette étude … dans les médias.
Matraquage médiatique, Anesthésie, lit-on ici et là.
« Halte au décervelage médiatique » titrait le N° 1 de la nouvelle Huma-Dimanche.
Un tout dernier tract du syndicat CGT de France 2 titre : « Le meilleur allié de Sarkozy : les médias. »
L’analyse du premier tour des présidentielles par DARTIGOLLES au C.N., apporte un éclairage juste et nouveau sur cette manipulation.
Des journalistes courageux se battent pour le pluralisme. Deux tracts, eux aussi restés confidentiels, ont été produits par le parti :
Ø 1er-Le 33e congrès du PCF avait fait du droit à l’information et de la défense du pluralisme l’un de ses chevaux de bataille.
Ø 2ème-CONTRE LE MATRAQUAGE MÉDIATIQUE pour le droit à l’information.
Les liens entre puissances financières – les Lagardère, Bouygues, Dassault, Bertelsmann – et médias, la pression médiatique pour imposer le bipartisme, la transformation du public en consommateurs, sont des questions qui s’installent sur la place publique.

Pourquoi tout cela n’a-il pas été plus avancé et prioritairement dans les campagnes électorales ? Pourquoi les nouveaux écrits des Fiterman-Ralite, Martelli etc. ne font que de très courtes allusions à cette réalité incontournable qui explique en fait le réel succès de Sarko, globalement, tout comme celui de Ségo … et notre désastre ?

Nos déboires doivent être analysés aussi à l’aune de cette manipulation.

Si Sarkozy a pu « sucer » les thèses de Le Pen, c’est bien par médias interposés.
Pour l’avenir, les débats se doivent d’intégrer au bon niveau cette notion moderne de la manipulation de l’opinion, délibérée et scientifiquement menée.

Il est écrit dans un tract cité plus haut : « IL N’Y AURA PAS DE TRANSFORMATION DE LA SOCIETE SANS TRANSFORMATION DES MEDIAS » . Ou encore : « LA REVOLUTION DEMOCRATIQUE NE SAURAIT EXISTER SANS UN PROFOND BOULERVERSEMENT DES MEDIAS ». Priorité du problème des médias ? Oui !
Alors dans tous les écrits, contributions, déclarations pour ce congrès de décembre, prenons le temps d’aller jusqu’au bout de ces thèses. Ce sera bénéfique pour une analyse exhaustive de la situation et pour le moral de tous nos camarades et amis, lesquels ont toujours exprimé durant les campagnes, leur écœurement devant les contenus et pratiques des médias. Cela donnera une base solide pour le renouveau du militantisme communiste dans ce pays et peut-être cela fera se lever un vent nouveau dans la déontologie des journalistes. (Le questionnaire que je viens de lire n’avance pas ces réflexions.)

Pendant plus de deux ans, Sarko et son staff ont mené des opérations de communication personnelle extraordinaires. De la pub, intense et intelligente. Bien joué dit-on ! En effet ! Ont-ils été efficaces ? La réponse est OUI ! Empruntant les mêmes créneaux, Ségo a été un peu moins performante.
Attention : il est ressassé partout que la forte participation aux présidentielles serait le réveil ou du moins l’expression d’une citoyenneté retrouvée ! Ah ! bon ? Mais cette citoyenneté n’a pas eu de suite 1 mois après aux législatives. Non, la participation massive en avril-mai est le simple effet de ce matraquage médiatique publicitaire pour Sarko-Sarko par ci, Ségo-Ségo par là. Une réalité fondamentale.

On peut s’attarder sur quelques moyens utilisés :
· Toutes les techniques de la publicité furent mises à contribution. Modèles : Berlusconi, Bush. A partir des thèses américaines anciennes( 1958- Vance Packart en particulier ), qui ont fait leurs preuves.
· Rabachage dans la durée avec des mots gros de sensationnel. Ex : « La rupture », comme Mitterand-Ségala avait joué sur « la force tranquille ».
· Fonctionner avec des impressions simples, des passions du registre de la sensiblerie. ( Ex : l’insécurité)
· Personnalisation people, genre star-académie.
· Journalisme devenu fait-diversisme !
· En même temps, impasse systématique, dévalorisation, voire censure des thèses des autres candidats, plus particulièrement celles du PC.
· Sondagite aiguë. Un sondage donne une photographie de l’opinion à un moment T. Soit ! Voilà la définition massivement partagée, même dans l’huma. Or, en réalité, les sondages publiés (et les non publiés tout aussi nombreux) ne sont que des mesures de l’impact des campagnes engagées, pour ajuster le tir…Ils en ont largement usé ! Sarko, tout comme Ségo avec à leur solde des « communicants » en nombre et compétents.
ETC… ETC…
Bien entendu, tout ce tralala manipulatoire permet le camouflage des orientations, décisions et applications des politiques de la droite. La grosse influence sur les résultats électoraux est une donnée première à mesurer par … sondages( ?).

Quelques faits spécifiques pour illustrer :

BAYROU a été le premier a dire haut et fort, dans les télés, la dangerosité de ces médias manipulateurs liés aux grands groupes financiers. Résultat dans les sondages : de 4% il passe le lendemain de son esclandre à la TV à 8%.
ROYAL entre les deux tours des législatives a « poussé » Pujadas. Il est à noter que cet évènement télévisuel a porté des fruits dans l’opinion, pour un redressement électoral à gauche au second tour, bien autant que la dénonciation fabusienne des forfaits médicaux.
Tout militant a pu constater le désintérêt des journaux régionaux à grand tirage pour le PCF (hormis évidemment pour certains communistes ronchons, mais chouchoux des médias). La désaffection des électeurs communistes en est la cause, répondent les rédacteurs en chefs. Mais qui est premier de l’œuf ou de la poule ? Le désintérêt délibéré de la presse ou l’insuffisance électorale ? Ces journaux jouent leur partition dans le grand concert de la manipulation de l’opinion pour l’établissement du bipartisme … et la mort du PC.

Conclusion :
NAPOLEON avait raison : « Qui détient l’information tient le pouvoir » Illustration par Sarko, un autre Petit Napoléon.
Enfin : vous avez dit Démocratie ? Non ! disons MEDIACRATIE.

Il faut que le PCF prenne ce problème à bras le corps, à plein congrès : pour en finir avec un réel archaïsme dans nos méthodes et pratiques, pour mettre en place une pédagogie active de formation politique de tous.

Au congrès extraordinaire qui avait suivi 2002, pas un mot sur ce sujet n’y fut prononcé.

Beaucoup d’autres questions seront nécessairement posées d’ici décembre et par la suite : Finalités communistes (philosophie…), objectifs généraux (pourquoi on fait), objectifs opérationnels (comment on fait), moyens pour des réalisations ( le Parti est un moyen et non une fin en soi), bilan… .
Mais pour que le peuple se mette dans le coup, le bien nécessaire développement de la citoyenneté devra comprendre des moyens de communication honnêtes, pluralistes. Dès à présent il faut engager une dénonciation énergique de cette manipulation de l’opinion bien gérée par le pouvoir capitaliste.

A. BOULICAULT

Références :
Albert JACQUARD : page 159 « Idées vécues » 1992 Flammarion. Pierre BOURDIEU : pages 17 et 78, « Sur la télévision » 1996 Liber éditions.
Serge HALIMI pages 47, 102, « Les nouveaux chiens de garde »1997 Liber raison d’agir éditions. _ Michel ONFRAY dans « Célébration du génie colérique » 2002 Editions Galilée :
« Le coût d’un journal écrit ou télévisé oblige à gérer ces entreprises comme des commerces lucratifs. La soumission de ces instruments aux lois du marché et, conséquemment, la transformation des acteurs des médias en auxiliaires de ces pouvoirs, paraît une évidence : saturation et gouvernement de la publicité, mise en exergue du fait divers, célébration de l’anecdote, multiplication des divertissements, usage spectaculaire de la violence, du sexe, de la trivialité, des mondanités, activation des logiques exhibitionnistes et voyeuristes, et, surtout, congé donné à tout ce qui permet l’analyse, la réflexion, le débat réel, le commentaire, l’augmentation de l’intelligence au service d’une résistance aux modèles dominants ».

Olivier DARTIGOLLES : C.N. du 10 mai 2007. à diffuser massivement.

« Pour une appropriation populaire des médias. » collectif-medias@pcf.fr à mettre dans toutes les mains.