Hervé Louboutin, ou plutôt l’ordinateur du Nouvel Ouest, puisqu’il semblerait que celui-ci soit doté d’une idolâtrie pour son patron, passe donc son temps à expurger toute trace de son éviction de Presse Océan suite à son gentil petit édito en faveur de Maurice Papon expliquant que celui-ci n’avait fait que son travail. Son accueil mouvementé à l’Hebdo de Nantes qui s’est soldé par une grève retentissante et le départ d’une partie de la rédaction semble aussi lui poser problème. Sans parler de son appartenance aux mouvements « Restauration nationale » et « Nouvelle Action française » qui ont rapidement disparus faute de preuves.

Et pourtant, l’article de Wikipédia est plutôt gentil puisque qu’il n’y est fait mention d’aucune de ses autres et nombreuses casseroles vu que Wikipédia demande que chaque assertion soit justifiée par une référence. Il est bien connu que les médias savent tout et ne disent que la vérité. C’est d’ailleurs à dessus que Louboutin (ou son « nègre ») se base pour rectifier les raisons de son départ de Presse Océan, puisqu’il a donné une interview dans Ouest-France pour expliquer que cela n’était qu’à un choix stratégique de sa part. Et puisqu’il l’a dit dans un journal, c’est que c’est vrai.

Au passage, il en profite pour mettre en doute la crédibilité de La Lettre à Lulu, qui, comme tout le monde le sait, n’est vraiment pas fiable contrairement aux vrais médias !!!

Voici l’article de la Lettre à Lulu :

« Louboutin moindain
Le rectificateur de vérité

Patron de presse moderne, regardant sur son image dans toute la francophonie et au delà, Hervé Louboutin a une référence dans l’encyclopédie contributive Wikipédia, version française. Chapeau bas ! Sauf que c’est pas le Bottin mondain et que ce n’est pas lui qui a rédigé sa fiche perso. La page est donc dénuée de complaisance et rappelle notamment comment il a été bouté hors de Presse Océan pour des écrits demandant de ne pas accabler Papon. Et ron et ron petit patapon, il a du prendre la porte. Ce qui n’est pas le meilleur moment de son CV.
En juillet, très curieusement, l’article « Hervé Louboutin » a fait l’objet de modifications répétées de la part d’un contributeur anonyme cherchant inlassablement à faire disparaître une information… dont la source est La Lettre à Lulu. Chez Wikipédia, ces interventions anonymes à répétition, on appelle ça du « vandalisme ». Mais les archives de Wikipédia sont très bien tenues et le manège a poussé les habitués à remonter tout naturellement à l’adresse pas si anonyme que ça puisqu’elle est domiciliée très officiellement au Nouvel Ouest : le magazine de Louboutin, le petit malin qui en marre de retrouver ses détails de service les moins glorieux courir sur tout le net. Dévoilé, il a tenté le plaidoyer pro domo à visage découvert. Celui qui avait pu écrire sans vergogne « il faut rectifier la vérité » en a un peu ras le bol de ces vérités. Il préfère sa rectification. Il n’a pas du tout été viré de Presse-O : « J’ai négocié mon départ pour des raisons de stratégie sur la ligne éditoriale du titre ». Un peu plus, on le traiterait de négationniste. »

Il faut signaler que depuis, le petit manège continue à qui mieux mieux.

Louboutin est loin d’être le seul à s’amuser à ce petit jeu.
Depuis la mise en place d’un nouvel outil, http://wikiscanner.virgil.gr , il est possible d’identifier les organismes à l’origine des modifications, effectuées de façon anonyme. Un article récent de l’observatoire des médias y fait référence pour ce qui est des records nationaux :

http://www.observatoiredesmedias.com/2007/08/16/rumeurs…edia/

Rumeurs pas chères sur Wikipédia

Par Nicolas Kayser-Bril

Le Wikiscanner de Virgil Griffith a permis de révéler de jolies manipulations de l’encyclopédie en ligne. Son utilisation sur les sites français fait apparaitre quelques perles :

* Le MINEFI redéfinit les pôles de compétitivité en en faisant disparaître la critique et sucre un paragraphe sur l’appartement de fonction de Copé.
* Un cireur de pompe au ministère de l’éducation nationale aseptise les démêlés de Darcos avec la justice
* TF1 écrase une polémique sur le site web de sa filiale JET
* Un employé d’Air France écrit que « l’idée d’une fusion avec Alitalia est abandonnée” (c’est pas vrai)
* Aéroports de Paris passe un coup de baguette magique sur ADP et les nuisances aériennes, qui deviennent ADP et l’environnent et efface les retards de construction
* La Mairie de Levallois blanchit Balkany de son palmarès de corrupteur (un million d’euros, quand même) et supprime la référence au canular téléphonique des Yes Men, lors duquel il avait affirmé que « les pauvres vivaient très bien ». Avec plus de cent modifications concernant la ville et son maire, Levallois est l’organisation qui manipule le plus Wikipédia. Bravo ! Qui a dit que la fonction publique n’était pas au top des nouvelles technologies ?
* La Mairie de Marseille fait oublier les déboires électoraux de Renaud Muselier ainsi que le soutien du FN à Jean-Claude Gaudin
* La Mairie d’Asnières fait disparaitre le lien vers l’Association de Défense des Contribuables Asniérois
* La mairie de Mantes-la-Jolie n’aime pas que l’on parle de la religion de ses habitants [en anglais]
* Le conseil général de l’Hérault rattrape les bourdes de Georges Frêche, notamment celle où il espérait que Benoit XVI fût « meilleur que l’autre abruti »
* La Communauté Urbaine de Strasbourg s’efforce de faire briller la page de Fabienne Keller, en la dépouillant par exemple des déboires de sa majorité
* Une note d’optimisme pour terminer. Un(e) employé(e) de l’Assemblée Nationale travaille d’arrache-pied pour actualiser les pages des députés, qu’ils soient de droite ou de gauche. Pourquoi dans ce cas conserver l’anonymat? Par crainte des réactions de la hiérarchie? [Update: L’utilisateur de cette IP a parfois dévié de cette belle objectivité, en remplaçant notamment la biographie de Jack Lang par un Formidable! qui ne manque pas d’humour. Merci au commentaire de martin]

L’encyclopédie en ligne permet de mener gratuitement des campagnes de relations publiques, même si les exemples ci-dessus émanent le plus souvent de geeks qui s’ennuient au boulot plutôt que du département communication.

Le potentiel de ces coups de spin peut être encore plus grand. Balancer une fausse info comme l’a fait cet employé d’Air France peut avoir de sérieuses conséquences sur les marchés financiers. Imaginez : Vous publiez une info bidon sur Wikipédia, genre une prévision de résultats en baisse. L’action baisse, vous achetez. Le hoax est découvert, l’action remonte et
vous revendez le tout avec un joli profit à la clé. Moins cher et moins illégal qu’un délit d’initié !

Le web collaboratif n’est cependant pas à la source de ces erreurs, plus ou moins intentionnelles. Apple a connu quelques déboires suite à une bourde d’Engadget en mai dernier. La palme revient quand même à Reuters, qui arrive, tous les ans, à bluffer les médias du monde entier avec des infos pour le moins chimériques.

Enfin, un article de Jean-Marc Manach du Monde permet de voir à plus grande échelle ce qui peut se passer au plan planétaire :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-651865,36-945885@51-944875,0.html

Les auteurs d’interventions pirates sur Wikipédia démasqués
LE MONDE | 20.08.07 | 14h42 • Mis à jour le 21.08.07 | 09h39

Extraits :

/…/ des employés de sociétés telles que Fox News, Nestlé, Dell, Coca Cola ou encore Amnesty International [ont] expurgé des passages les plus critiques les articles consacrés à leurs employeurs, et /…/ Apple et Microsoft avaient mutuellement cherché à pirater leurs pages respectives.

/…/

Un internaute du FBI avait, pour sa part, effacé des vues aériennes de la prison de Guantanamo, un employé du gouvernement israélien avait qualifié la condamnation du mur de sécurité par le Tribunal de La Haye de « raciste », et un internaute de la chaîne Al-Jazira assimilé Wikipédia à de la « propagande juive ».

/…/