En réaction à l’annonce publique par le Gouvernement des 21 000 ha de maïs OGM
en France en 2007 destinés �� l’alimentation animale, une centaine
de faucheurs volontaires bloquent plusieurs points d’accès du terminal et de ses
entreprises (Cargill, Stockaloire, MTTM) . Ils empêchent le chargement et
déchargement des camions ; des militants anti OGM sont venus les rejoindre et
participent au blocage.

Du fait de l’activité de ces sociétés , le port de Saint-Nazaire est le plus
gros port français pour l’importation de soja OGM Round-up ready (RR) destiné à
l’alimentation animale : plus de 40% des tourteaux de soja importés en France,
soit 2 millions de tonnes par an, y transitent. 85% du soja importé est
génétiquement modifié. Le plus gros fournisseur d’alimentation animale des Pays
de Loire , Terrena Ancenis, principal client du port ne peut garantir que 15%
d’alimentation non contaminée.

La contamination fortuite lors du transport maritime et du stockage fait qu’il
est impossible de garantir une filière de soja non-OGM. Les lots de soja tracé
et non tracé devraient être séparés par des alvéoles bien définies, dont le site
de Saint-Nazaire n’est pas équipé. Par conséquent, « il faudrait tout nettoyer
à chaque changement, mais le coût est trop important ». (cf visite du port en
déc 2005)

Or « le soja Roundup Ready (RR) a été modifié génétiquement pour résister à
l’herbi­cide de marque Roundup (le plus utilisé dans le monde), de manière à ce
que les agriculteurs puissent appliquer l’herbicide directement sur les plants
et éliminer les mauvaises herbes, sans tuer le soja. Or, le Round-Up, est
reconnu dangereux pour l’environnement et la santé. La Commis­sion européenne
l’a classé en 2001 comme «toxique pour les organismes aquatiques», entraînant «
des effets néfastes à long terme pour l’environnement ». L’équipe du professeur
Séralini, à l’Université de Caen vient de publier les effets toxiques jusque là
inconnus du Roundup sur des cellules embryonnaires humaines ».(doc de Cohérence)

Les Faucheurs Volontaires d’OGM, face à ce circuit criminel d’importation de
soja, dénoncent :

l’exploitation éhontée des surfaces agricoles par des sociétés multinationales
au détriment des cultures vivrières. Ces cultures intensives conduisent à
l’expulsion des petits paysans de leur terre vers les bidonvilles des
mégalopoles sud-américaines.

L’aberration de l’importation des protéines végétales pour la seule élaboration
de l’alimentation animale (pour 1 protéine animale, il faut 7 protéines
végétales) et qui tend à éliminer la production locale de protéagineux en
filières conventionnelles

L’absence d’étiquetage des aliments issus d’animaux nourris aux OGM (viande,
œufs, lait, poissons) rendant les citoyens « consommateurs involontaires d’OGM
».

L’absence d’évaluation sanitaire à l’exposition des travailleurs de la filière
du soja OGM, aussi bien en Amérique du Sud , lors des transports maritimes et
routiers, que lors des manipulations des arrivages, liées au déchargement et au
stockage de la marchandise. La sécurité des employés a déjà été ignorée et
bafouée lors de la scandaleuse affaire de l’amiante des Chantiers de
l’Atlantique ( 4500 décès prévus pour les travailleurs exposés sur ces
chantiers).

Nous exigeons :

Un rendez vous avec les Ministres de la Santé, de l’Agriculture et de l’Ecologie
pour :
– exiger un engagement sur l’arrêt des importations de soja OGM et pour
permettre le développement de vraies filières sans OGM garantissant le maintien
des cultures de qualité, comme l’ont décidé la Pologne et la Norvège
– exiger la mise en place d’études indépendantes sur les risques sanitaires
lors des manipulations , et des risques environnementaux liés aux cultures.

Faute d’interdiction totale immédiate des importations et de la culture d’OGM:
Une réglementation sur l’étiquetage des produits issus d’animaux pour une
information claire, précise et systématique des consommateurs et des éleveurs
destinataires des productions contenant des OGM.

– Le développement de filières d’alimentation animale non OGM, et la prise en
charge du coût de la traçabilité par la filière OGM plutôt que non-OGM.

Récit

J’ai eu l’information en consultant mes courriels vers 16h15. Débutée vers
11h, l’action consistait à bloquer les voies d’accès au terminal.
Quand j’arrivai sur les lieux vers 16h45 des camions étaient effectivement
à l’arrêt en raison du blocage de trois points stratégiques.

Mon premier contact fut avec un faucheur venu de Millau dans l’Aveyron.
Environ 150 personnes ont participé à l’action. (La veille avait eu lieu
une assemblée générale des Faucheurs volontaires à Riec près de Quimper
regroupant 5OO personnes.)

Vers 17h une AG s’est tenue. Une grue nécessaire pour le terminal
méthanier ne pouvait être acheminée en raison du blocage, risquant alors
de poser des problèmes de sécurité pour l’appontage du méthanier.

La pression monta (avec le gaz rien détonnant !). Comment les médias
reprendrait l’éventuel mise en danger occasionnée par les faucheurs qui
bloquait le passage de la grue ? Les faucheurs allaient-ils agir de
manière responsable pour conserver leur image médiatique ?
Là où j’étais l’AG décida de laisser passer la grue sans aucune
contrepartie. Seulement il y avait deux autres groupes. L’un ne souhaitait
pas laisser passer la grue, considérant qu’il revenait aux autorités
portuaires de gérer les impondérables de la vie d’un port. L’autre groupe
souhaitait utiliser l’autorisation d’accès en contrepartie d’un
rendez-vous avec les autorités.

Bilan des opérations, le temps s’est écoulé. Le problème de la grue s’est
envolé. (c’est beau un vol de grue !).
Les voitures de gendarmerie commencèrent à se faire plus nombreuses vers
19h. On obtint la copie du fax adressé par la sous-préfecture aux
autorités ministérielles. Il semblait y avoir une satisfaction de la part
des faucheurs. Certains remarquant qu’on « pourrait croire à un article de
Ouest France ».
Le débat continua. Comment allait se poursuivre l’action ? Certains
souhaitaient bloquer jusqu’au lendemain car aucun rendez-vous ferme
n’avait été obtenu avec les ministères. D’autres voulaient finir à 1h,
pressentant l’intervention des forces de l’ordre.
Le temps de la discussion, quelques allées et venues eurent lieu entre les
porte-paroles des faucheurs et les représentants des autorités présents.
On apprit que France Info vers 20h avait annoncé que nous bloquerions le
site toute la nuit alors qu’aucune décision n’avait été prise en ce sens.
Sur les portables, les infos arrivaient : la couverture médiatique et
notamment télévisuelle était très satisfaisante. Vers 20h25, un
rendez-vous était obtenu pour une rencontre avec les membres du cabinet de
la Ministre de l’écologie Nathalie Kosciuko Morizet.

Après un verre de soupe chaude, je quittai les lieux vers 21h30, j’ai pu
découvrir cinq véhicules de CRS qui stationnaient à l’entrée de la zone
portuaire de Montoir…

Analyse
Il s’agit de la première action d’envergure des faucheurs en dehors des
champs de plantes transgéniques.
La confidentialité concernant la destination a permis Le blocage d’un
terminal agroalimentaire durant 9 heures. Des camions n’ont pas pu
effectuer leur chargement. L’appontement d’un méthanier a été retardé de
quelques heures. Cette action a donc eu un impact économique certain.
D’après les dire, c’est la première fois que les faucheurs vont être reçus
par les autorités de l’Etat, eux qui n’avaient le droit jusqu’à présent
qu’aux bancs des palais de Justice. (Le comble c’est que la clique à Sarko
leur propose de participer au Grenelle de l’environnement !)

Sur les 150 personnes venues de toute la France, nous n’étions qu’une
vingtaine de Loire Atlantique. Force est de constater que le réseau local
est à construire entre toutes les associations « progressistes » !
Je pense qu’il est nécessaire que l’on se réunisse d’ici l’automne pour
établir des coopérations afin de résister un tant soit peu contre le
rouleau compresseur sarkozyste !
Sachant que parmi les membres d’attac nombreux sont ceux qui adhèrent à
d’autres associations, faisons déjà un état des lieux du réseau associatif
couvert. Il me semble que c’est une nécessité.
Je l’ai remarqué lors de ma participation à une réunion du groupe de
travail du Conseil de développement de la Carene, il y a de nombreux
points de convergences entre des associations comme Bretagne vivante,
Nature-action, la LPO, le GAB et Attac. Je pense que nous sommes entrer
dans une nouvelle phase. Le système néolibéral dans la mondialisation
commence à être compris dans son ensemble avec ses impacts à tous les
niveaux (social et écologique, voire anthropologique). L’alternative ne
peut se construire si chacun reste dans son association. Nous pouvons
mettre nos compétences en réseau et coopérer ensemble pour rendre ce monde
plus vivable. Retroussons donc nos manches !

Thierry Brulavoine
Objecteur de croissance

Un livre que je vous recommande vivement : Reconsidérer la richesse de
Patrick Viveret en poche aux éditions de l’Aube.(9 euros si vous l’achetez
sinon c’est gratuit si vous me le demandez).

 » Le bloquage du terminal agro-alimentaire du port autonome de
Nantes-Saint-Nazaire s’est terminé vers 21h ce lundi, après la rencontre avec le
sous-prefet, Guillaume Lambert.

Suite à notre demande, le ministère de l’Ecologie, du Développement et de
l’Aménagement durables a été contacté, et nous avons obtenu un RDV mardi 31
juillet, soit avec JL BORLOO, soit avec Nathalie KOSCIUSKO MORIZET.

Considérant que nos requêtes avaient trouvé un certain écho, nous avons pris la
décision de mettre fin à l’occupation.

Nous comptons bien souligner la forte présence de soja OGM dans l’alimentation
animale, le non-étiquetage des produits issus d’animaux nourris aux OGM, ainsi
que le développement en France des cultures de maïs MON 810 destiné également à
l’alimentation animale.

Forts de plus de 80% de Français qui refusent les OGM dans leur assiette, nous
attendons du gouvernement que des mesures concrètes soient prises rapidement
vers un moratoire sur les cultures et importations d’OGM.

Le collectif des Faucheurs Volontaires »