La France d’après… On la brûle

6 mai 2007 : 20 millions de blaireaux ont voté pour l’ordre et la sécurité. 20 millions de fachos, de vieillards qui veulent se faire une France à leur image : un pays où on meurt d’ennui, où on se tue au boulot, où on crève de trouille.

Mais tout le monde n’est pas prêt à vivre dans la France d’après : on se regroupe, on se met à bouger, des manifs sauvages partent dans la plupart des grandes villes. Affrontements avec les flics à Lyon, Paris, Toulouse, Grenoble, Marseille. Ça crame dans les quartiers, des Sapins à Vaulx, à la Reynerie. Toute cette rage ne s’épuise pas, les affrontements reprennent lundi soir aux quatre coins de l’hexagone. A Rennes, un cortège parti du centre fait le tour des quartiers et ramène plusieurs milliers d’émeutiers. Le centre ville est ravagé lors d’une panne d’électricité providentielle, les poubelles, les bagnoles de bourge flambent.

Le cauchemar de Sarkozy : « S’il y avait une connexion entre les étudiants, les lycéens et les banlieues, tout serait possible. Y compris une explosion généralisée, et une fin de quinquennat épouvantable. »

Ce mauvais rêve, il l’aura vécu dès son premier soir. Et il valait mieux marquer le coup tout de suite, les temps qui viennent s’annonçant difficiles pour nous. Sarko l’a répété tout au long de sa campagne ; ce qu’il dit, il va le faire : en finir avec le droit de grève, généraliser la précarité, contraindre les chômeurs à accepter le premier taf de merde venu sous peine de se voir supprimer les allocations, ouvrir les facs sur les entreprises et les réserver aux élites. Ce qui nous attend, c’est le flicage généralisé (et dès la maternelle), la construction de nouvelles taules pour les mômes comme pour les grands, et le durcissement des peines : comme ça les chômeurs auront le choix entre faire matons et devenir prisonniers.
Et puis Sarko au pouvoir, c’est toujours plus d’impunité pour les flics, c’est le voisin qui n’hésitera pas à dénoncer, les petits chefs qui ne se sentiront plus. Sous ce régime il n’y a plus que deux positions tenables : la résistance hargneuse ou la collaboration.

Rendre coup pour coup, s’organiser.

Se sortir de la France d’après, c’est rendre des portions de territoire ingouvernables, et ça peut se tenter en manif. Manifs sauvages, sans service d’ordre, sans parcours déclaré aux flics et sans gentils organisateurs. Manifs offensives, ponctuées d’incendies, de barricades, et qui donnent l’occasion de tomber des vitrines, de se réapproprier collectivement un peu de marchandise, d’attaquer la police. Manifs joyeuses, où ça parle, où la bonne humeur circule, où des solidarités se nouent : de celles qui nous permettront de tenir 5 ans et plus.
Car c’est ça l’enjeu : il va falloir durer, et d’abord faire face collectivement à la répression. Des caisses de solidarité se mettent en place pour payer les avocats, pour permettre aux camarades arrêtés de cantiner quand ils se prennent de la ferme. Ce sont des solidarités concrètes qui nous permettent d’assumer nos gestes de révolte. Il va falloir durer parce que de toute façon il n’y aura pas de sortie politique à cette crise : ce bâtard de Sarkozy et la clique qu’il représente ne lâcheront pas l’affaire et ne démissionneront pas comme on retire un article de loi quand la grogne devient trop forte. La seule victoire possible, c’est celle qu’on construira entre nous dans la lutte ; c’est ce qu’on inventera pour se construire une vie plus collective, hostile au contrôle et à l’exploitation. Ca veut dire s’organiser en groupes ou en bandes pour penser, voler, bouger ensemble. Ca veut dire s’organiser pour déserter et saboter l’économie, pour attaquer ou se défendre face à la police. Ca veut dire arracher des lieux (occupation et mise en commun de locaux vides, de facs et de lycées.). Les cités, les halls d’immeubles, sont des lieux où on peut s’organiser en bandes, reste à s’organiser entre bandes, à se constituer en force révolutionnaire. Diffuser l’insurrection en tous points du corps social et nous réapproprier ainsi une vie qui vaille la peine.