L’affaire des caricatures de Mahomet publiées en septembre 2005 par le journal Danois Jyllands Posten (jounal fasciste dans les années 30) , journal conservateur très proche du gouvernement, gouvernement allié à l’extrême droite ont été exploitées dans un contexte de xénophobie au Danemark. Exploitées aussi par les extrémistes islamistes dans les pays arabes, elles permettent à certains pays totalitaires ou à des groupes islamistes d’asseoir leur pouvoir sur les peuples.
Les caricatures danoises ont été reprises en France par le quotidien France Soir, journal conservateur en perte de vitesse, au nom de la défense de la « liberté d’expression » (sic !) ce qui a valu à son directeur de la publication, Jacques Lefranc, d’être licencié par le propriétaire du titre.
Ces caricatures ont été reprises par le journal de Philippe Val, Charlie Hebdo, toujours au nom de la défense de la « liberté d’expression ».
_ Outre le fait que ce soit une excellente opération commerciale ( l’hebdomadaire, tiré habituellement à 80.000 exemplaires, a vu son tirage porté à 400.000 exemplaires), on peut s’interroger sur la soit disant défense de la liberté d’expression.
_ On s’en doutait un peu, mais en voila la confirmation : Charlie Hebdo publiera les caricatures de l’holocauste, au nom du combat

contre le négationnisme

. Certainement pas parce que ça va doper les ventes !
– Les caricatures de Mahomet ont fait grimper le tirage de 80.000 exemplaires à 400.000.
– Celles de l’Holocauste permettront peut être de « gagner le million » ?
_ Pour lire l’article du Nouvel Observateur, qui nous annonce la « nouvelle » : Charlie Hebdo publiera peut-être les dessins sur l’Holocauste
_

S’il y avait en plus de quelques considérations quelques peu mercantiles, d’autres motivations bien plus politiques ?
Les Semeurs de Haine

_ On n’arrête pas de nous monter les arabes qui manifestent, brûlent, etc…
_ A en croire certains images prises en plan serré, c’est tout le monde musulman qui est enragé, soit quelques centaines de millions, prêts à nous égorger, brûler les églises et les synagoques, décapiter les curés et rabins, violer les bonnes soeurs !
_ Jacques AMALRIC, dans Libé du 16 Février 2006, avoue quand même que la baudruche se dégonfle :
_

Les dirigeants de pays musulmans aussi, même s’ils feignent l’ignorance et s’ils sont passés maîtres dans l’art de museler leur presse. Beaucoup de leurs sujets, en revanche, l’ignorent. Il n’en est que plus aisé de les manipuler (3). (…) (3) Notons cependant que le nombre total des manifestants au Proche- et Moyen-Orient n’a pas dépassé quelques dizaines de milliers

Mais Charlie a pris des positions que je combats chaque jour : je devrais malgré ça le défendre ? Devrais-je aussi défendre la « liberté d’expression » d’un Golnich, d’un Redecker, d’un Finkielkraut, d’un Sevran, d’un Vanneste, d’un Cukierman, d’un Megret , d’un Le Pen, d’un Sarkozy ?

et on retrouve les mêmes soutiens à Charlie Hebdo, Redeker, etc…

Humour – Islamisation – Résistance- Opération SITA : France Echo, Resilience, Primo, Villiers, Le Pen, Vox Dei, UPJF, Sarkozy, Megret, CRIF

Ce procès fait par des organisations musulmanes au prétexte d’insulte à la religion était imbécile : il a donné ce qu’il fallait de publicité à un triste personnage, à une triste politique ; plus grave sur le fond, on aura vu tous les laïcards ( vrais ou de circonstance, le plus drôle étant Sarkozy) se ranger autour d’un « droit au blasphème » (pour lequel il faut se battre, effectivement) , niant le caractère premier : le racisme et la stigmatisation d’une fraction de la population.

Encore une belle augmentation des ventes pour Charlie Hebdo ?

bientôt

le Million

? A quel prix ?

à la prochaine ratonnade, qu’en dira-t-on ? que c’est un accident, comme certains le prétendaient pour le meurtre d’Oullins ?
Pour comprendre un peu le contexte et les conséquences de ces publications nauséabondes, et les motivations profondes, quelques rappels s’imposent :

– sur ce qu’est le journal Jyllands-Posten

Dans les années 1920 et 1930, Jyllands-Posten fut tristement célèbre pour ses affinités avec le fascisme italien et la dictature allemande nazie. En 1933, il plaida pour l’instauration d’une dictature au Danemark.

Durant les années 1990, se définissant comme conservateur, le journal devint le porte-parole des forces ouvertement xénophobes et de droite. Près du quart des journalistes de la rédaction furent licenciés et la qualité du journal se dégrada au fur et à mesure que son agressivité augmentait.
_ Peu de temps avant la publication des caricatures de Mahomet, Jyllands-Posten titrait, « L’Islam est le plus belliqueux. » Le journal publia un article sur une prétendue liste noire musulmane où figuraient des noms juifs jusqu’à ce qu’on apprenne qu’il s’agissait là d’une invention surgie des cerveaux des rédacteurs. Il y a un an, le rédacteur en chef démissionna parce que le journal avait publié, en pleine campagne électorale et contre son gré, un article sur de prétendus abus systématiques aux allocations sociales par des demandeurs d’asile.

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Le Morgenavisen Jyllands-Posten est un journal dit de « droite indépendante », qui est apparu en 2004 dans le rapport du réseau européen contre le racisme (organisme fondé par la commission européenne) comme {« consacrant une portion excessive de son temps à cristalliser les problèmes posés par les immigrants, principalement d’origine islamique, tout en ignorant les problèmes que ces mêmes immigrants rencontrent ».
_ « sur une période étudiée de 3 mois, du 1er septembre au 20 novembre 2004, 19 éditoriaux sur 24 sur des questions ethniques étaient hostiles, 88 articles sur 120 et 121 lettres de lecteurs sur 148. Ce journal ne paraît pas plus ou moins hostile à l’immigration que l’ensemble de la presse danoise, qui sur la même période à fourni 212 articles hostiles à l’immigration sur 382. »}

– sur le contexte Danois de cette publication :

Un contexte danois caricatural

par Heidi BOJSEN et Johan J. Malki JEPSEN Heidi BOJSEN professeur à l’université de Roskilde et Johan J. Malki Jepsen politologue à Copenhague.
La question des caricatures de Mahomet est un enjeu qui concerne tout le monde. Les représentations qui s’y rapportent balancent entre divers registres de l’universel, pour se concrétiser dans des situations particulières : l’humour qui élucide côtoie aisément la provocation qui blesse ; l’arrogance, le mépris et l’ignorance se faufilent facilement entre les intentions les plus nobles et les idéaux les plus chers. Tout le monde peut se sentir touché et y voir une question de principe. Chacun selon ses intérêts, sa sensibilité, sa foi et sa part de sens commun.

Cette question a une histoire beaucoup plus nuancée que ne le laisse croire le manichéisme dans lequel elle a été enfermée. Il nous semble impératif de rappeler le contexte spécifique dans lequel ces dessins ont fait leur apparition, en l’occurrence le contexte danois, sans lequel toute compréhension de l’enjeu en question serait illusoire et toute sortie de crise serait vaine.

Nous ne souhaitons nullement dicter ce que devrait être la réaction des uns et des autres. Notre intention est ici d’éclairer et d’informer. En un mot, de contribuer à remettre le sens commun sur la voie du bon sens. Ces caricatures ne sont pas apparues au Danemark à partir d’une tabula rasa.

Le débat public danois s’est centré depuis plusieurs années, avec une intensité jusque-là inégalée, sur la question de l’altérité, révélant par là même la crise identitaire que traverse le pays : immigration, intégration, Europe, mondialisation, « valeurs danoises » (danskhed ou « danicité »), constituent les termes du discours public prédominant.

Celui-ci a fini par relever de l’injure xénophobe et du manque de respect. Les stéréotypes sont devenus, pour une part importante des milieux médiatico-politiques, la valeur absolue de la rhétorique du discours public.

La conséquence inévitable de cette effervescence du débat public a été une normalisation et une banalisation de la xénophobie pour un pan non négligeable de la société danoise au nom même du principe sacro-saint de la liberté d’expression. Dans notre société où la culture politique repose fortement sur le pragmatisme et le consensus, cette soupape populiste a principalement fonctionné pour stigmatiser les musulmans et l’islam, dont on méconnaît toute la complexité et la diversité.

A ceci s’ajoute le fait qu’au Danemark l’Eglise n’est pas séparée de l’Etat. Certains soutiennent, toutefois, que la politique y est séparée de la religion. Il existe néanmoins une religion d’Etat : le protestantisme luthérien. Les prêtres ont le statut de fonctionnaires. Les cours de « christianisme » sont obligatoires à l’école publique. L’inscription à l’état civil des nouveau-nés est effectuée exclusivement par l’administration de l’Eglise luthérienne.

Or la plupart des Danois se disent non pratiquants, certains non croyants. Mais la religion n’est pas une affaire strictement privée pour la majorité d’entre eux : elle est perçue comme constitutive de l’homogénéité culturelle et de l’identité nationales. On s’en sert aussi quand on veut se retrouver dans des rites communautaires tels que les grands repas de Noël ou les fêtes de mariage.

Mais le regard essentialiste prédomine : on se sert de la religion aussi pour définir l’étranger, dont on ne saisit pas immédiatement la proximité identitaire. Le recours croissant à la rhétorique de la stigmatisation ne s’est malheureusement pas limité aux termes du discours public.

_ (…)

{{L’enjeu réel de cette question des caricatures n’est nullement celui d’une menace contre la liberté d’expression. Certains veulent cacher une forêt avec un arbre !

Les dessins n’ont pas été publiés en vue d’un véritable débat. Ils relèvent d’une entreprise de stigmatisation et de propagande xénophobe et populiste à l’encontre d’une minorité ethnique au Danemark. Le véritable enjeu est ici celui du respect de la diversité, que les sphères nationalo-populistes refusent, quitte à brandir la liberté d’expression lorsque celle-ci sert leurs intérêts. La liberté de la presse n’a jamais non plus été illimitée ! Il ne s’agit pas non plus de l’amputer.

Un minimum de vigilance éthique, de sens des responsabilités et de respect de la différence nous sortirait des méandres de ces pulsions destructrices héritées du temps où l’on justifiait la soumission de certains peuples par le besoin de les civiliser.

La liberté d’expression, dans un climat où l’un des partenaires est systématiquement rendu suspect, n’est pas une liberté réelle, parce que la liberté d’expression y compris la satire la plus acide sera vaine si elle n’est pas accompagnée d’un encadrement éthique partagé et d’une prise en compte des rapports de force en jeu.

Dans le cas présent, l’agresseur prétend être la victime. Une aberration !}}

(…)

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– Charlie Hebdo, et son PDG VAL se sont depuis longtemps rangés derrière le Sionisme, n’hésitant même plus dans leur « croisade » à s’allier aux ultra-sionistes de Primo Europe.
_ Pour preuve, cette interview accordée par Philippe Val à Primo, sans aucune réaction dans la rédaction de Charlie

extrait de l’Interview Primo de Philippe Val
Primo : Philippe Val, comment vous êtes-vous retrouvé rédacteur en chef de Charlie-Hebdo ?

Philippe Val : J’ai participé à la création d’un journal avec Cabu, « La grosse Bertha » dans les années 1990 et quand cette aventure s’est terminée, nous avons décidé, Cabu et moi, de re-fonder Charlie-Hebdo, qui ne paraissait plus depuis une douzaine d’années. C’était en 1992.
_ (…)

Primo : Vous avez publié les caricatures de Mahomet, allez-vous publier les caricatures de la Shoah dont le principal quotidien iranien a organisé un concours ?

Val : Nous avions décidé de les publier, accompagnées des commentaires d’un historien spécialiste de la Shoah. Pour l’instant, le concours ne s’est pas terminé comme cela avait été prévu, par la publication le 14 mai, c’est-à-dire le jour anniversaire de l’indépendance d’Israël. Je ne sais pas s’il s’agit d’un élément d’une négociation ou si les Iraniens avaient d’autres chats à fouetter.

De toute façon, les caricatures nous les avons, mais nous n’allons pas prendre l’initiative de les publier si eux ne le font pas. Notre projet de publication était une réponse politique et éthique. Nous ne faisons pas de la provocation gratuite, nous affirmons une liberté légitime.

la boucle est bouclée !

_

A quand une interview par resilience ou france echo, dont Val a obtenu le soutien actif (et ne l’a pas refusé !) ?

_ Quand les caricatures antisémites iraniennes auront été publiées ?
_ Pas de problème : Val l’aura son million d’exemplaires ! tous les fascistes et racistes vont se l’arracher…

– Charlie Hebdo mène une campagne nauséabonde contre l’Islam, et au nom de la « liberté d’expression », se fait le relais complaisant des racistes, et voudrait nous vendre le « Choc des Civilisations ».
_ Développons un peu, avec un article de Cédric Houze « Vendre le « choc des civilisations » à la gauche »

L’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo et l’association féministe Prochoix, après s’être donné une identité libertaire et avoir trouvé une audience chez les électeurs de gauche, se sont mués en relais des thèses néoconservatrices du « choc des civilisations ». Cette rapide dérive leur a permis de trouver des soutiens institutionnels et médiatiques tout en conservant une partie de leur lectorat. Ils s’emploient désormais à vendre à gauche les politiques de Washington et de Tel Aviv et à casser le mouvement anti-impérialiste.

On savait déjà que les concepts, tels que la démocratie ou les libertés, peuvent être détournés de leur sens pour servir une politique impérialiste [1]. Ainsi, dans ses différents discours, George W. Bush est passé maître dans l’art de vider ces mots de leurs sens. Mais, compte tenu de la haine qu’éprouve son administration envers le concept de laïcité [2], elle répugne à utiliser ce terme pour promouvoir sa politique. Au mieux, on parlera du développement de sociétés « séculières » comme d’un des objectifs, mineurs, de la « démocratisation » du « Grand Moyen-Orient ».

En revanche, pour toute une frange de la population européenne, et notamment française, la laïcité est un élément déterminant dans l’approbation d’une politique. C’est surtout un modèle d’organisation sociale faisant barrage au « choc des civilisations » [3]. C’est pourquoi, aujourd’hui, ce concept est à son tour récupéré et perverti par les partisans européens de l’administration Bush.

Détourner le sens des mots

_ La laïcité est un mode d’organisation sociale où la Loi est le fruit d’un débat raisonné d’où sont exclus les convictions particulières. Ce système garantit à chacun la liberté de conscience (ce qui inclut le droit à l’apostat et au blasphème) et à tous la paix civile. Les États à se réclamer de ce modèle sont rares et la France fait figure d’exception.
_ Toutefois, dans ce pays, le discours politico-médiatique est en train de conférer un autre sens au mot « laïcité ». L’affaire « à propos » du voile islamique en France en a été le révélateur [4].
_ À cette occasion, on a vu se développer un discours faisant de la laïcité non pas le garant de la coexistence entre tous les citoyens, quelle que soit leur religion, mais un moyen de fustiger une population particulière, les musulmans, et, derrière eux, les Français d’origines arabes. La classe dirigeante française refuse de partager le pouvoir économique et politique avec cette partie de la population. Fustiger l’islam est donc un moyen d’empêcher les Français ayant des parents maghrébins de s’insérer dans les plus hautes sphères. Ces attaques sont d’autant plus virulentes qu’elles s’associent au discours du « choc des civilisations » [5]. Ainsi, la « défense de la laïcité » est devenue la défense de la supposée identité judéo-chrétienne de la France [6]. Dans ce discours, les musulmans sont présentés comme intrinsèquement hostiles à la laïcité, aussi, empêcher leur affirmation politique et identitaire est présenté comme le seul moyen de défendre une laïcité dénaturée.
_ Pour toute une partie de la gauche européenne, le discours opposant monde judéo-chrétien et monde musulman n’a aucun sens. Pétrie d’internationalisme et de sentiments laïques, elle ne considère pas l’identité religieuse et culturelle supposée d’un espace géographique comme un argument convainquant pour justifier un affrontement. Pourtant, le détournement des mots « laïcité », ou « République » est présenté par certains médias, étiquetés « à gauche », sous une forme rendant les politiques de Washington et de Tel-Aviv acceptables. On voit en effet se développer de plus en plus un discours opposant un monde arabo-musulman supposé hostile aux Droits de l’homme, à la laïcité et aux droits des femmes et un monde occidental autoproclamé démocratique, imprégné par les Droits de l’homme et la laïcité et qui est menacé par l’islam.
_ Ce discours peut être vu comme une adaptation du concept de « choc des civilisations » dans un langage permettant de sensibiliser les électeurs de gauche et les mouvements contestataires à ces problématiques. En outre, en diabolisant l’islam dans son ensemble par le biais d’assimilations successives douteuses, on rend les organisations musulmanes infréquentables et on empêche la construction d’une large alliance anti-impérialiste.
_ Washington a montré par le passé qu’il était tout particulièrement intéressé par le contrôle des mouvements contestataires. Cette mise au pas est passée par des financements d’organisations de la mouvance altermondialiste [7], mais bien souvent, tout l’art consiste à imposer ses problématiques, son vocabulaire et à fixer les limites du débat dans les mouvements de contestation. En France, cette démarche a trouvé des alliés, volontaires ou non mais essentiels, avec le journal Charlie Hebdo et l’association Prochoix.
_

Charlie Hebd

o est un hebdomadaire phare pour toute une partie de la gauche radicale française. Lancé en 1992 par Philippe Val, il peut s’enorgueillir d’une filiation avec

Hara-Kiri

et

Charlie

, des revues satiriques des années 60 et 70. Son rédacteur en chef, Philippe Val, est un ancien chansonnier et humoriste apprécié des milieux alternatifs. Dans les années 90, il participa à la fondation du Réseau Voltaire, dont il fut un éphémère administrateur, et d’ATTAC France. Il a progressivement pris ses distances avec les organisations contestataires même si sa revue conserve de l’influence dans ce milieu.
Prochoix est une organisation féministe fondée en novembre 1997 par Fiammetta Venner, Caroline Fourest et Moruni Turlot. À l’origine centrée sur les questions du droit des femmes et des homosexuels face aux mouvements religieux et extrémistes, l’organisation publie une revue et assure la promotion des ouvrages de Fiammetta Venner et Caroline Fourest, ses principales animatrices. Progressivement, cette revue et l’association se sont dédiées à la lutte contre « l’islamisme », notion dont elles ont étendu largement la définition jusqu’à recouvrir un grand nombre d’organisations musulmanes [8]. Fourest et Venner collaborent à

Charlie Hebdo

depuis 2004.
Aujourd’hui, dans

Charlie Hebdo, Prochoix

et dans les publications donnant la parole à Val, Fourest et Venner, on peut trouver une lecture essentialiste de l’islam qui est opposée à une vision tronquée de la laïcité, de la République et des Droits de l’homme. Dans leur vision des choses, les musulmans français veulent, par des provocations successives, saper le modèle laïque et de nombreuses organisations musulmanes françaises seraient en lien avec des mouvements islamistes et terroristes, ce qui les rend infréquentables pour les organisations de gauche.

L’émergence du « danger islamiste »

La focalisation de

Charlie Hebdo

sur le danger que représenterait les mouvements musulmans a commencé à la fin de l’année 2003. Auparavant, cette dimension était bien moins présente et se noyait dans une antireligiosité globale, touchant toutes les croyances.
_ Cependant, le 23 octobre 2002, un article avait déjà surpris les lecteurs de l’hebdomadaire. Le philosophe Robert Misrahi, contributeur régulier du périodique avait écrit un éloge du livre

La Rage et l’orgueil

, le pamphlet raciste anti-musulman de la journaliste italienne Oriana Fallaci.
_ Bien que cette dernière comparait la reproduction des musulmans vivant en Europe à celle des rats, le chroniqueur affirmait : {« Le livre et son auteur ont été calomniés : Oriana Fallaci n’est pas raciste. » [9] et il ajoutait : « Elle proteste aussi contre la dénégation qui a cours dans l’opinion européenne, qu’elle soit italienne ou française par exemple. On ne veut pas voir ni condamner clairement le fait que c’est l’islam qui part en croisade contre l’Occident et non pas l’inverse. On ne veut pas voir que les très nombreux attentats, partout dans le monde, relèvent à l’évidence d’une volonté unique et d’un projet commun. » }[10]. Nous avions là, la présentation d’un islam (et pas seulement d’un islamisme) agressif, en guerre contre l’Occident et uni dans un projet commun aux desseins inconnus. Des propos que n’auraient pas renié un Daniel Pipes [11], pourtant réputé à l’autre extrémité du spectre politique. Dès la semaine suivante, l’hebdomadaire publiait un courrier de protestation émanant de lecteurs choqués et la réponse de la rédaction laissait entendre que certains de ses propres journalistes n’étaient pas non plus enchantés par cette chronique. Robert Misrahi ne fit bientôt plus partie de l’équipe de

Charlie Hebdo

et on pouvait croire qu’il ne s’agissait que d’un accident de parcours.
Tout changea à partir d’octobre 2003 et plus exactement du Forum social européen (FSE) de Saint-Denis, marqué par une polémique sur la participation des organisations musulmanes. Premier rassemblement de la sorte depuis l’invasion de l’Irak par les États-Unis, cette manifestation fut l’occasion pour les mouvements altermondialistes et musulmans de se rassembler pour amorcer le débat sur l’impérialisme. Dès l’été qui précédait cette réunion, la présence annoncée des organisations musulmanes fut dénoncée par les cercles atlantistes. La protestation se focalisa sur la possible venue de Tariq Ramadan après que celui-ci ait publié une tribune sur l’attitude communautariste de certains intellectuels juifs français dans leur défense d’Israël [12].
_ Dans son éditorial du 5 novembre 2003, Philippe Val prit fait et cause contre la présence de Ramadan au FSE [13]. Dès lors, sa revue s’orienta progressivement vers une dénonciation systématique du péril islamiste, multipliant les caricatures présentant les musulmans comme des barbus en djellaba, battant les femmes, antisémites et incitant aux actes kamikazes, des caricatures autrefois réservés à la presse d’extrême droite.
_ C’est également dans cette période que Caroline Fourest et Fiammetta Venner publièrent Tirs Croisés [14]. En quatrième de couverture, on peut lire que

« Depuis le 11 septembre 2001, le monde vit dans la hantise du terrorisme musulman. Mais ce traumatisme n’a pas permis une réflexion en profondeur sur l’origine de ce terrorisme : l’intégrisme. Quand il l’a fait, le monde occidental à voulu se persuader que seul l’islam pouvait susciter de la barbarie. Ce qui a le mérite de rassurer et d’accréditer la thèse du « choc des civilisations ». (…) [Caroline Fourest et Fiammetta Venner] apportent un démenti à cette illusion en démontrant que, sur bien des points (…) le monde dont rêvent les intégristes musulmans ressemble à s’y méprendre à celui prôné par les intégristes juifs et chrétiens. »

. Cette note d’intention de l’éditeur est trompeuse. En réalité, loin d’énoncer un plaidoyer pour la laïcité,

Tirs croisés

est construit de façon à donner l’impression au lecteur que dans tous les domaines, l’intégrisme musulman est bien plus dangereux que les intégrismes chrétiens et juifs. Ainsi, chaque chapitre est construit de façon à démontrer cette thèse et plus de la moitié de l’ouvrage est consacrée au seul intégrisme musulman. Les auteurs ne s’en cachent pas :

« Il serait faux d’affirmer, que l’intégrisme musulman ne présente pas un risque accru. L’islamisme occupe effectivement la pole position chez les intégristes. Il est actuellement le mieux placé pour exercer ses diktats et terroriser ceux qui lui résistent. Mais cette force n’est pas liée à une différence de fond avec ses homologues juif et chrétien. (.) Ce surcroît de nocivité n’a rien à voir avec la religion, mais avec l’instrumentalisation de la religion. » [15], « À côté de l’intégrisme musulman, les intégrismes juifs et chrétien donnent l’impression de phénomènes marginaux plutôt folkloriques, en tous cas sans conséquences. »

[16].
Si l’islamisme est le plus dangereux des intégrismes, c’est en raison de ses spécificités. Ainsi, s’il n’a pas le monopole de la violence,

« Il est le seul à bénéficier d’un stock de bombes humaines »

[17]. Le fait que les intégristes juifs puissent bénéficier de l’appui de Tsahal pour développer leurs colonies dans les territoires palestiniens n’est pas pris en compte, pas plus que les incantations d’un Billy Graham dont l’ONG suivait les troupes états-unienne en Irak dans le but affiché de convertir les populations « libérées ». En outre, pour les auteurs, l’islamisme profite de moyens qui le rendent plus dangereux que les autres :

« Son financement, lui aussi, bénéficie d’une absence de garde-fous » [18], il est donc « susceptible d’être mis au service d’une entreprise terroriste. »

[19]. Si les intégrismes juifs et chrétiens disposent de beaucoup de fonds, ils proviennent de l’économie légale et ils sont donc encadrés par des règles juridiques. Ce n’est pas le cas du financement islamiste dont l’origine est opaque et proviendrait de la criminalité internationale.
En fait, d’après les auteurs, le vrai problème de l’intégrisme musulman est qu’il est la forme extrême d’une religion qui contrairement au christianisme et au judaïsme, n’a pas connu son agiornamento, la faute à un monde arabe incapable de se réformer :

« Le manque de développement de certains pays arabes et/ou musulmans est à mettre en relation avec leur incapacité au sécularisme. Ces deux phénomènes s’auto-entretiennent. » [20], « Par refus de l’hégémonie occidentale, les seuls mouvements sociaux réellement populaires ne sont pas guidés par l’esprit des Lumières mais puisent leur radicalité dans le fondamentalisme musulman, quitte à entretenir l’archaïsme et le sous-développement ayant permis à l’Occident d’asseoir son hégémonie sur l’Orient. »

[21]. Et c’est ainsi qu’on glisse de la dénonciation de l’islamisme, à la dénonciation d’une civilisation dans son ensemble.
Quelques mois après la publication de ce livre, Fiammetta Venner commencera une collaboration active avec Charlie Hebdo, tandis que Caroline Fourest rédigera des piges pour l’hebdomadaire. Elles pourront alors appliquer à l’actualité le point de vue défendu dans Tirs croisés et écriront régulièrement des articles où elles dénonceront le péril qu’incarne d’après elles l’islam pour le modèle laïque français. Par la suite, elles rédigeront, séparément cette fois, deux livres,

Frère Tariq

[22] et

OPA sur l’Islam de France

[23].
Dans ces deux ouvrages, elles affinent encore leur dénonciation de l’islamisme. Se concentrant sur Tariq Ramadan et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), elles livrent une image d’un islam conquérant voulant détruire la laïcité française et faire plier la République pour imposer ses propres règles. Ainsi, dans ces deux essais (où parfois des paragraphes sont identiques à la virgule près), elles prétendent que ce sont les musulmans français qui ont relancé le débat sur le voile, espérant faire plier la République via un patient travail de sape.
Retournant les faits, elles affirment que la législation sur le voile n’est pas le fruit des manipulations de Nicolas Sarkozy pour relancer cette question [24] et importer en France le « choc des civilisations », c’est une loi qui s’impose à la France une fois qu’elle a pris consciencedu travail de sape des islamistes contre elle :

« Au départ, 80 % des membres de la Commission Stasi sont hostiles à l’idée de légiférer, mais les auditions vont bientôt les faire changer d’avis. Pendant des semaines, les médias et l’opinion publique découvrent, ahuris, l’étendue des dégâts : des femmes refusant d’être soignées par des médecins hommes au nom de la « pudeur islamique » dans les services d’urgence, des élèves qui protestent lorsqu’on parle de Voltaire ou lorsqu’on évoque l’évolutionnisme, une élève qui demande la direction de La Mecque pour faire la prière en plein cours. »

[25]. Nicolas Sarkozy gardera mauvaise presse auprès des deux auteurs, non pas pour avoir relancé le débat, mais pour s’être montré trop complaisant à leur goût avec « l’islamisme ».
Cette présentation des évènements sera bien évidemment reprise dans

Charlie Hebdo

qui ne manquera pas une occasion de montrer des « barbus » forçant les femmes à porter le voile et s’attaquant aux lois de la République. C’est la thèse que Philippe Val défendra dans ses éditoriaux : {« En gros, le voile, c’est juste un outil stratégique pour, en rabaissant les femmes, combattre l’égalité à l’école de la République. »} [26].
À cette vision de l’islam en France s’ajoute bien sûr une image du terrorisme forcément musulman, qui sera dénoncée à longueur de colonne par Fiammetta Venner, Philippe Val et une partie de la rédaction de l’hebdomadaire. Cette nouvelle orientation sera l’une des raisons affichées par le sociologue Philippe Corcuff lorsqu’il quittera le journal satirique :

« Charlie Hebdo s’est directement mis à la fabrication de « complots », avec les articles de Fiammetta Venner sur l’islam. Recourant à des amalgames répétés entre l’islam comme religion, les différents courants de l’islam politique, l’intégrisme et le terrorisme, Charlie Hebdo – hormis quelques courageux résistants de la nuance et de la complication – s’est alors inscrit dans une croisade de la Civilisation (« européenne ») contre la Barbarie (« musulmane ») »

[27].
Lire la suite

– et lire une réaction d’un autre journal satirique, mais bien plus relais des luttes sociales que de la pensée dominante

À CQFD, on sait un peu ce que c’est, la liberté d’expression. C’est justement parce qu’elle est défigurée par ceux qui s’en font un maquillage que ce canard existe. Et aussi pour ne pas avoir à hurler avec les loups.
_ Or, dans l’extravagante affaire des dessins danois, les loups ne sont pas seulement les barbus vociférant, les pieux cornichons ou les manipulateurs d’État. Ce sont aussi les journaux qui font de quelques vignettes pas drôles l’alpha et l’oméga de la liberté d’expression. 11 Septembre, « débat » sur le voile, émeutes en banlieues et, à présent, crobards de Mahomet : à chaque occasion, les moutons de la raison pure se hérissent de canines contre « les » musulmans tous forcément haineux, obscurantistes, polygames et terroristes.
_ La liberté d’expression n’est pas négociable, disent les patrons de presse. Ils savent de quoi ils parlent, eux qui la négocient à leur convenance : tonitruante pour le péril islamique, rampante dès qu’il s’agit des pouvoirs bien de chez nous. Lorsqu’un conseiller ANPE se fait menotter pour délit d’opinion ( Pas de Blasphème à l’ANPE ), aucun éditorialiste ne s’alarme de cette fatwa républicaine. Elle est où, leur liberté d’expression, pour le salarié qui doit la boucler deux ans s’il veut arriver au terme de son contrat nouvelle, première ou dernière embauche ? Ou pour le gars qui s’est pris un mois ferme pour avoir lâché un juron au passage de Sarkozy ? Et pour les citoyens jetables, les chômeurs muets, les journalistes achetés par des marchands d’armes ?
_ Oui, les religieux nous gonflent. Mais les baudruches d’en face aussi, et on ne leur sucera pas la roue.
_

Voilà pourquoi, cher lecteur, tu ne trouveras pas dans ce numéro de dessins relatifs à Mahomet. La barbe des prophètes, on se la garde pour une autre fois. Sans dieu à prier ni maîtres à bêler.
La rédaction de CQFD : http://cequilfautdetruire.org