Tous les jours, nous en avons de nouvelles preuves.
Le 29 octobre 2006 a eu lieu à Oaxaca au Mexique une violente journée de répression du grand mouvement social et pacifique de l’Assemblée Populaire
des Peuples de Oaxaca ; un bilan qui s’est soldé par plusieurs morts, des dizaines de blessés, des disparus

Deux jours après, le mardi 31 octobre, mon compagnon et moi avons pris notre courage à deux mains et sommes allés voir du côté du Monde et du Figaro pour nous faire une idée du type d’informations qui circulaient
alors sur ces graves évènements.

Autant vous dire que nous n’avons pas été déçus. Beaucoup diront, et à juste titre, qu’il fallait s’y attendre. Il nous a paru tout de même important de revenir sur ces « abus informatifs », pour ne jamais cesser de les dénoncer. En voici quelques extraits.

– Mardi 31 octobre, Le Monde :
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« Des milliers de manifestants de gauche ont convergé, lundi 30 octobre, vers la place centrale d’Oaxaca d’où ils avaient été chassés dimanche, dans l’intention d’affronter les forces fédérales. La police les attendait en rangs compacts, dans des tenues anti-émeutes. A l’une des entrées de la place, les protestataires ont lancé des pierres et des pétards sur les forces de l’ordre, qui ont riposté en tirant des grenades lacrymogènes, tandis que des hélicoptères survolaient à basse altitude le quartier. »

_ Et oui, dans le monde dessiné par nos médias, ce n’est pas la population civile qui est réprimée par les agents de la police nationale et de l’armée, mais l’inverse ! Si ces derniers utilisent la force, c’est pour se protéger eux-mêmes. C’est logique.

– Le Figaro, 31/10 :
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[Des manifestants] « qui ont radicalisé leur mouvement pour de simples revendications salariales »

_ Des revendications salariales? quelle drôle d’idée n’est-ce pas? surtout dans un des états les plus pauvres du Mexique !!!

A en croire ces deux journaux, la journée du 29 octobre s’est déroulée « sans incidents », je cite (Le Figaro, 31/10): {« Lentement, les policiers ont entamé le démontage des barricades sous les yeux d’une dizaine d’habitants (…) dans le même temps un second groupe
de policiers reprenait le contrôle dans la zone de l’aéroport, là aussi sans incidents. »}
_ Et nos trois morts???? Et les 50 arrestations? Et l’utilisation de tanks avec propulsion de jets d’eau puissants contre la population? Et la mort d’un journaliste américain?

Selon Le Monde et Le figaro, ce n’est pas l’ordre établi qui mine nos vies et dégrade nos conditions de travail mais bien les contestataires, jugez par vous-mêmes : Le Figaro, 31/10 :

« La fédération ancrée à gauche est à l’origine de la virulente contestation qui mine la région…. »

Le Monde évoque brièvement les 15 morts survenus dans le camp des manifestants depuis le début du conflit, mais voyez en quels termes: {« les quinze personnes tuées au cours des cinq derniers mois, apparemment
des militants de gauche, le plus souvent tuées par balle sur des barricades. » « Trois personnes dont un photographe américain ont trouvé la mort lors de
ces affrontements (…) le journaliste serait tombé dans une fusillade déclenchée par des civils armés »} (Le Figaro, 31/10).
Pourquoi laisse-t-on planer un doute sur ces « civils armés » ? Pourquoi ne dit-on pas clairement qui ils sont? Pourquoi ne fait-on jamais mention des hommes de main à la solde du gouverneur de l’Etat, dont la mission est de semer la terreur en tirant sur les manifestants??

Des vidéos attestant ces faits sont disponibles sur les sites web [indymedia Oaxaca, Mexique).

Pourquoi est-ce que ces deux journaux s’acharnent à montrer le désordre de la place centrale de Oaxaca, à la suite de l’occupation des professeurs, et oublient curieusement de mentionner les causes qui poussent ces
derniers à s’organiser? :

« Des graffitis couvrent les murs, des détritus jonchent les rues et les commerces tournent au ralenti, avec de nombreux magasins et restaurants fermés. L’ambassade américaine déconseille à ses ressortissants de s’y rendre en raison de ce « regain de violence », et la fréquentation touristique est en chute libre depuis le début des protestations. La lassitude commence à gagner la population. »

(Le Monde, même jour).

Bref, ces faits révèlent l’incessante manipulation médiatique des mouvements sociaux et le manque de crédibilité de certains journaux qui se targuent d’être sérieux et de relater les faits de façon impartiale.
_ N’hésitons pas à dénoncer cela.