Ca y est, le pouvoir politique a pris conscience des problèmes d’environnement. Certes, il y a un bon moment que les politiciens de tous poils tiennent compte opportunément de cette question, généralement à l’approche des élections.

Cette fois, il y a danger, pas là où l’on croit. Un agité médiatique style « mi-Tintin, mi Indiana Jones », genre « gendre idéal », copain d’un président dit « super écolo » d’une république de plus en plus bananière, qui n’hésite pas pour faire Paris-Moscou, de passer par le Sud de la France pour pouvoir dormir tout son saoul dans son avion pésidentiel, a décidé d’abandonner les pyramides pour les urnes. Fallait faire quelque chose !

LA PREUVE PAR L’ARGENT

L’écotaxe est présentée, une fois encore, comme la quintessence de ce que l’on fait de mieux en matière de « protection de l’environnement »… Et défense de rire ! au risque de passer pour de vilains pollueurs… D’ailleurs, c’est curieusement silence dans tous les rangs de la classe politique ( ?).

Une fois encore l’argent est présenté comme le remède miracle du problème posé.

Des exemples :

– au début des années 60, la « vignette-auto » qui devait régler le problème du niveau de vie des vieux ( ?),
– les taxes sur les alcools qui devaient régler le problème de l’alcoolisme… et celui du « trou de la sécurité sociale » ( ?),
– les taxes sur les carburants qui devaient régler les problèmes de vitesse, de consommation essence et de la circulation ( ?),
– la théorie du « pollueur-payeur » qui devait régler la question (déjà !) de l’environnement ( ?)

Toutes ces mesures, et on pourrait en citer des dizaines d’autres, n’ont eu pour effet que :

– remplir les caisses de l’Etat,
– favoriser les riches par rapport aux pauvres,… ceux qui peuvent payer,
– alourdir les prélèvements fiscaux en particulier et relativement pour les pauvres,
– … et ne pas résoudre le problème initial posé.

Dans tous les cas, ces impôts ont été une manière, pour les politiciens, de prélever toujours plus pour assurer la gestion d’un système dont on voit aujourd’hui les résultats : exclusion, chômage, inégalités croissantes, destruction massive de l’environnement…

« Vivre c’est payer » telle pourrait être la devise du système marchand… la réciproque étant aussi vraie : « Payer pour vivre ».

« PAYEZ, IL EN RESTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE ! »

L’écotaxe n’est que l’ultime avatar de la méthode absurde de vouloir résoudre les problèmes posés par le fonctionnement du système marchand, par l’argent… Mais peut-on attendre autre chose de la part d’un système qui a fait de l’argent l’essence même de son existence et de son fonctionnement ?

Payer apparaît être, et est, pour le système le « sésame ouvre toi ! » de toutes les solutions. N’est ce pas en effet en s’ achetant la « paix sociale » que le système marchand a réussi à désamorcer les conflits nés de ses contradictions,… sans jamais véritablement régler la question de l’exploitation et des inégalités sociales ?

« Payer » ou « faire payer » est la seule chose que le système sache faire, un peu à l’image de l’Eglise qui ne sait apaiser la misère qu’en promettant le Paradis.

Quelle peut-être l’utilité d’une écotaxe ? Au-delà de l’aspect médiatico-spectaculaire, et de l’effet d’annonce à quelques mois d’élections, peut-elle amorcer une solution aux problèmes gravissimes d’environnement ?

Sur le fond, aucunement.

Bien sûr, on va nous montrer qu’avec cet argent, « on va mettre en place des systèmes de recyclages »… mais du recyclage on en fait depuis des années !

« Mais pas suffisamment ! » nous précisera-t-on.

Certes, mais ces actions sont marginales par rapport au vrai problème.

« Il vaut mieux ça que rien » rajouteront certains.

Bien sûr, vu sous cet angle, c’est mieux que rien.

« Ce n’est qu’un début !… » va-t-on nous rassurer.

Là par contre, on ne peut que douter, pas sur l’extension des taxes qui est une certitude, mais quant à leur efficacité pour répondre aux problèmes.

PANSEMENT SUR JAMBE DE BOIS

Le coup de grâce à la critique, ou du moins ce qui voudrait l’être, viendra sous la forme :

« De toute manière tu n’es jamais d’accord quoique l’on fasse ! ».

Superficiellement la remarque est exacte. Pourtant la critique qui apparaît comme systématique ,ne manque pas de fondements.

Admettons que l’écotaxe s’applique, et même que son principe s’étende,…

Des questions restent posées :

Est-ce que l’agriculture industrielle va cesser ?

Est-ce que le prélèvement frénétique et illimité des ressources naturelles va cesser ?

Est-ce que la pollution industrielle va cesser ?

Est-ce que surtout le modèle de développement et de croissance qui fonde toute l’organisation économique du système va être remis en question ?

Non ! Bien sûr que non ! Evidemment que non !

Or, ce qui fait que la Terre se meurt, et nous avec à terme, ce sont essentiellement ces mécanismes qui sont précisément à l’origine, qui sont la cause des dérives que l’on essaye de corriger à coup de taxes.

L’écotaxe n’est qu’une goutte dans l’océan des structures du système marchand. Les politiciens nous abusent financièrement et nous amusent politiquement en se donnant des grands airs d’écologistes.

L’écotaxe est fondée sur le même principe que ce que le système marchand invente pour se faire accepter, pour montrer sa face la plus acceptable et convaincre qu’il a les bonnes solutions. Elle nous donne l’illusion de la proximité de la solution et par notre geste, payer, elle nous déculpabilise, un peu à l’image des « indulgences » du Pape dénoncées en son temps par Martin Luther.

On voudrait nous faire croire, et beaucoup le croient, que l’ « argent est neutre » et ainsi apporte la seule solution qui existe, transcendant les contradictions du système. Dans le monde marchand, tout se « réparerait en payant »… Mais la nature ne « l’entend pas de cette oreille » est nous renvoie notre propre aberration comportementale sur le plan économique social, politique et bien sûr écologique.

Si l’écotaxe n’est pas, au regard du système marchand, une escroquerie financière, elle est surtout et avant tout une escroquerie politique

Patrick MIGNARD